Les tensions montent à Pouilley-Français, où une mobilisation est annoncée ce mardi matin, en soutien à une exploitation agricole menacée par l’abattage de l’intégralité de son cheptel, après la découverte d'un cas de dermatose nodumaire bovine. Deux syndicats, Coordination rurale et Confédération paysanne, déjà sur place, appellent citoyens et paysans à se rassembler pour tenter d’empêcher la mise à mort de 82 bovins.
L'interview de la rédaction : Nicolas Bongay, président de la coordination rurale 25 et 90
Un abattage ordonné malgré la vaccination
Selon les organisations syndicales, les animaux concernés avaient pourtant été vaccinés contre la dermatose nodulaire bovine depuis plus d’un mois. « Les bêtes sont vaccinées depuis 36, bientôt 37 jours. Elles ont aujourd’hui une immunité acquise », affirme Nicolas Bongay, président de la Coordination Rurale du Doubs et du Territoire-de-Belfort. Le collectif dénonce également un arrêté préfectoral pris dès le lendemain du signalement, sans qu’une seconde analyse ait été demandée. Une décision jugée « démesurée » et « injustifiée » compte tenu du contexte sanitaire local.
Un risque jugé “très limité” par les syndicats
Sur place, les représentants agricoles pointent l’incohérence de la mesure : « L’abattage total, en temps normal déjà, on trouve cela inutile. Il existe d’autres moyens de lutter contre cette maladie, dont la vaccination ». Le syndicat estime que l’environnement autour de l’exploitation renforce encore la sécurité sanitaire : « L’ensemble du secteur est vacciné, peut-être pas totalement mais très fortement, dans un rayon d’au moins 30 kilomètres. On est à proximité de l’ancien foyer d’Ecleux, donc une immunité collective existe déjà. Le risque de contamination aux voisins est extrêmement limité. »
Face à l’administration, des réponses qui ne convainquent pas
Une délégation syndicale s’est rendue dans la matinée à la préfecture pour obtenir des explications. « On a été reçus par des experts nationaux en épidémiologie. Leur position est la même : tant que le risque n’est pas de zéro, ils ne peuvent pas affirmer qu’il est nul. L’administration s’accroche à cela pour justifier l’abattage », rapporte le porte-parole. Une approche jugée trop théorique par les syndicats, qui rappellent que les vétérinaires de terrain n’observent aucun signe alarmant.
Objectif : gagner du temps pour déposer un recours
Sur l’exploitation, les militants se sont installés dès les premières heures pour tenter de bloquer l’arrivée des services chargés de l’abattage, prévu ce mardi. « Notre présence vise à empêcher l’opération le temps que le recours contre l’arrêté soit déposé devant le tribunal », explique M. Bongay. Les syndicats appellent donc à une large participation ce mardi pour soutenir l’éleveur et contester une mesure qu’ils jugent disproportionnée et préjudiciable.
L'interview de la rédaction : Nicolas Bongay, président de la coordination rurale 25 et 90
Les résultats des élections à la chambre d’agriculture Doubs Territoire de Belfort sont connus. Dans le Doubs, la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs remportent haut la main le collège 1, des chefs d’exploitation et assimilés, en décrochant 15 des 18 sièges. La coordination rurale obtient deux sièges. La Confédération Paysanne se contentera d’un siège.
Dans le Jura, la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs remportent également ce même scrutin, avec 14 sièges. La Coordination Rurale et la Confédération Paysanne se répartissent équitablement les quatre autres sièges. On notera, globalement une érosion du taux de participation. Dans le Doubs Territoire de Belfort, l’élection du président aura lieu le 18 février.
Dans le cadre de la crise agricole, les militants de la coordination rurale ont mené une action hier soir à hauteur du rond-point d’Etalans. Pour toujours et encore exprimer leur mécontentement, ils ont procédé au déplacement d’un radar, engin agricole en appui. Le syndicat en appelle à Emmanuel Macron. La Coordination Rurale organisera son Assemblée Générale annuelle le 8 mai prochain à Besançon.
La Coordination Rurale de Bourgogne Franche-Comté a décidé de ressortir les tracteurs. Une manifestation est prévue, ce vendredi 29 mars, à Dijon. Un convoi de tracteurs partira à 9h et prendra la direction de l’Agence des Services et Paiements, avant de rejoindre le Conseil Régional de Bourgogne Franche-Comté, que les manifestants envisagent d’occuper de 12h à 16h. Enfin, les agriculteurs de la Coordination Rurale rencontreront le préfet de région. Les professionnels de la terre entendent de nouveau faire entendre les difficultés du monde agricole et ses revendications.