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À l’occasion des 30 ans du rapport statistique annuel du Secours catholique, Antoine Aumonier, délégué pour la Franche-Comté, dresse un état des lieux préoccupant de la pauvreté et appelle à faire de la lutte contre la précarité une grande cause nationale en 2027.

Un rapport devenu une référence nationale

Depuis trois décennies, le rapport du Secours Catholique constitue un outil majeur de compréhension de l’évolution de la pauvreté en France. Comme le rappelle Antoine Aumonier, il est élaboré à partir de dizaines de milliers de fiches renseignées par les bénévoles lors de leurs rencontres avec les personnes accueillies. Ces données permettent une analyse fine des trajectoires de vie, des besoins et des fragilités rencontrées. « D’une année sur l’autre, on voit comment évolue le visage de la pauvreté », souligne-t-il.

L'interview de la rédaction : Antoine Aumonier, délégué pour la Francvhe-Comté du Secours Catholique 

Trente ans de recul : trois tendances majeures

Une pauvreté qui touche d’abord les enfants

La majorité des personnes reçues sont des familles – notamment des mères seules avec enfants. Sur les 1,2 million de personnes accueillies, près de 40 % sont des enfants.
En Franche-Comté, 5.000 enfants sont concernés.

La santé comme facteur aggravant

Un grand nombre de personnes accompagnées souffrent de problèmes de santé ou de handicap. Ces fragilités « aggravent leur situation et les font basculer dans la pauvreté ».

Des travailleurs pauvres, y compris en CDI

Le phénomène n’est plus limité à l’intérim ou aux emplois précaires : 28 % des travailleurs rencontrés sont en CDI, mais leurs revenus restent insuffisants pour sortir de la précarité. Une évolution lourde de sens.

Franche-Comté : une région marquée par la précarité des exilés

Localement, les tendances nationales se confirment avec des spécificités marquées. Les familles représentent désormais 37 % des personnes accueillies, contre 27 % en 1994. Les personnes d’origine étrangère sont très présentes, notamment dans les grandes villes de la région.  Les personnes exilées, souvent démunies face aux démarches administratives et à l’apprentissage du français, représentent 75 % des personnes reçues sans ressources. Le niveau de vie médian des personnes accompagnées en France est déjà très faible (565 €), mais en Franche-Comté, il tombe à 435 €. Une situation due à la surreprésentation « des exilés Â», souvent totalement dépourvus de revenus.

Quand la politique publique change le destin de centaines de milliers de personnes

Le recul des 30 dernières années montre l’impact décisif des politiques nationales. Entre 1998 et 2001, période où la lutte contre la pauvreté avait été déclarée grande cause nationale, 800.000 personnes sont sorties de la pauvreté. Selon Antoine Aumonier, ce contexte  s’explique par une meilleure coordination entre services de l’État, collectivités et associations, de nouveaux dispositifs sociaux, des allocations plus adaptées, à l’image du RMI de l’époque.

2027 : Pour une nouvelle grande cause nationale

Le Secours Catholique appelle à ce que la lutte contre la pauvreté redevienne une grande cause nationale en 2027. Un sondage récent montre que 53 % des Français seraient favorables à une augmentation du RSA, dont le montant actuel — autour de 550 € pour une personne seule — est jugé insuffisant. « Nous sommes à un moment charnière », affirme le délégué régional, évoquant une opinion publique oscillant entre méfiance et empathie.

L'interview de la rédaction : Antoine Aumonier, délégué pour la Francvhe-Comté du Secours Catholique 

Un enjeu de société, un enjeu démocratique

Antoine Aumonier invite à intégrer ces préoccupations dans les choix citoyens à venir :
les élections municipales de mars prochain et l’élection présidentielle de 2027. « On peut aider ces mères seules, ces couples avec enfants, ces personnes exilées qui ont risqué leur vie pour arriver ici. Mais il faut le choisir collectivement », insiste-t-il.