Depuis 2023, un van itinérant sillonne la Bourgogne-Franche-Comté pour offrir un accès au droit au plus près des habitantes et habitants. Porté par la Fédération régionale des CIDFF (Centres d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles), ce dispositif innovant se déploie largement depuis 2024 et 2025 sur l’ensemble du territoire. Chargée de projet, Lily Tribouley-Mathey revient sur les enjeux d’un outil pensé pour aller là où les services publics ne vont plus.
Un service né pour lutter contre l'isolement territorial
Initialement expérimenté, le van a convaincu. Il répond à une problématique bien particulière : l’accès inégal aux services d’information et d’accompagnement. « Notre région est très étendue et très rurale. Les services au public sont concentrés dans les grandes villes. Le van nous permet d’aller à la rencontre des habitants là où ils vivent, devant un supermarché ou sur un marché », explique Lily Tribouley-Mathey. Pensé pour les zones rurales, le dispositif a progressivement étendu son rayon d’action : quartiers prioritaires, événements institutionnels, et désormais milieux universitaires.
L'interview de la rédaction : Lily Tribouley-Mathey, chargée de projet
Un outil pour toucher tous les publics, y compris les étudiants
En 2025, le CIDFF a inauguré une « tournée des campus », une première à l’échelle nationale. Les étudiants constituent un public difficile à atteindre, alors même qu’ils sont, selon la chargée de projet, « énormément victimes de violences, de discriminations et de précarité, autant sociale qu’économique ». Le dispositif permet ainsi d’aller au-devant de jeunes souvent isolés, parfois loin de leur famille, confrontés à des jeux de pouvoir au sein de l’université, ou encore à des situations de grande vulnérabilité.
Les violences sexuelles et sexistes surviennent fréquemment dès la première semaine d’intégration, souvent en contexte festif. « Beaucoup mettent du temps à comprendre que ce qu’ils ont vécu relève d’une violence », ajoute-t-elle, rappelant la nécessité d’un espace d’écoute bienveillant. « On les croit. Toujours. Et on peut les accompagner dans des démarches psychologiques ou juridiques. »
L'interview de la rédaction : Lily Tribouley-Mathey, chargée de projet
Un accès au droit pour tous, au-delà des violences faites aux femmes
Souvent perçus comme des structures centrées sur la lutte contre les violences faites aux femmes, les CIDFF remplissent en réalité une mission plus large d’accès au droit.
Chaque centre doit disposer au minimum d’un·e juriste : orientation, vulgarisation du droit, explication des démarches… « L’objectif est de rendre l’information accessible à tous, gratuitement et de manière confidentielle », rappelle Lily Tribouley-Mathey. Selon les départements, les CIDFF développent aussi des actions spécifiques : accompagnement vers l’emploi, hébergements pour femmes victimes de violences conjugales, parcours de sortie de prostitution, etc.
Prostitution, traite et réseaux sociaux : un enjeu croissant
La chargée de projet souligne également un phénomène préoccupant : l’entrée de plus en plus précoce de jeunes femmes dans la prostitution ou la traite, souvent via les réseaux sociaux. Si ce volet du projet reste récent, les CIDFF restent mobilisés pour lutter contre l’exploitation en toutes ses formes.
L'interview de la rédaction : Lily Tribouley-Mathey, chargée de projet
Un « aller-vers » concret : visibilité, proximité et écoute active
Le van itinérant ne se contente pas d’être présent sur le terrain : il capte l’attention. Tables, chaises, outils de sensibilisation, échanges informels… « L’aller-vers, ce n’est pas juste être sur place. C’est aller au contact. Quand quelqu’un observe le van de loin, on l’aborde, on crée un dialogue. C’est comme ça que les problématiques émergent. »
Grâce à cet outil mobile, le CIDFF rend visible un droit qui, trop souvent, reste inaccessible.