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Il y a quelques jours, peu avant de recevoir les résultats de l'obtention son CAP, Lamine Diaby recevait une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) sous un mois. À la boulangerie « La Gourmandise Â», située rue de la Grette, employés et clients ont tous fait bloc pour soutenir le jeune apprenti. Et c’est avec soulagement qu’ils ont eu connaissance ce mardi d’une lettre signée par le préfet du Doubs, Jean-François Colombet, leur indiquant la bonne nouvelle : l’apprenti guinéen bénéficie d’une carte de séjour temporaire d’un an. Une régularisation décidée à l’égard de ses mérites, ainsi qu’à son insertion socio-professionnelle, selon la missive.

 

Communiqué de presse de la boulangerie :

 

« Au regard des éléments spécifiques du dossier et après une nouvelle évaluation, l’autorité préfectorale a prononcé un avis favorable à la demande d’un titre de séjour en faveur de Lamine Diaby, une décision positive et volontaire de Monsieur le Préfet.

Nous remercions Monsieur le Préfet du Doubs Jean-François Colombet, ainsi que ses services pour la qualité de leur discernement.

Nous remercions également toutes les personnes qui nous ont aidés et soutenus de près ou de loin.

Merci pour votre mobilisation : plus de 20.500 signatures sur la pétition en ligne et 500 à la boulangerie.

Lamine poursuit donc son parcours professionnel au sein de la boulangerie d’Alexandre Figard. Â» 

Au début de 2021, Stéphane Ravacley a entrepris une grève de la faim pour soutenir Laye Fode Traoré, jeune migrant Guinéen, en formation dans sa boulangerie, lorsque celui-ci a fait l’objet d’une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF), une fois ses 18 ans atteints. La démarche de Stéphane a éveillé l’intérêt des médias et lui a valu un large soutien public. Ainsi porté, il a obtenu gain de cause : Laye a été autorisé à rester en France pour terminer sa formation et se construire un avenir. 

 

Une nouvelle affaire d’expulsion

 

« Et il y en a des milliers d’autres en France Â» affirme Stéphane Ravacley. Les cas semblables sont nombreux et beaucoup de jeunes migrants en formation sont expulsés dans l'indifférence. Devant le constat de situations aussi dramatiques et répétées, un réseau de solidarité s’est constitué et prend la forme d’une association : Â« Patron.ne.s Solidaires Â». Par ce soutien solidaire, actif et médiatique de son réseau, l’association a pour objet d’accompagner et de représenter les patrons dans leurs démarches pour que les jeunes migrants dont ils sont maîtres d’apprentissage, évitent l’expulsion et puissent terminer leur formation diplômante engagée légalement sous contrat. Si le cas de Laye Fode Traoré avait fait couler beaucoup d’encre en début d’année, un autre cas similaire est d’actualité à Besançon. Il s’agit de Lamine Diaby, un jeune Guinéen né en 2002 à Conakry, et apprenti boulanger à Â« La Gourmandise Â», tenue par Alexandre Figard. C’est quelques jours avant l’obtention de son CAP, le jeudi 8 juillet, que Lamine Diaby a reçu une menace d’expulsion par recommandé. Lors de son apprentissage ayant débuté en automne 2019, le jeune homme trouve incontestablement sa voix et démontre une volonté et une certaine habilité dans ce milieu. Et deux années plus tard, son patron Alexandre Figard, champion de France de boulangerie en 2011, est convaincu de vouloir garder Lamine à ses côtés, et lui promet une embauche à l’issue de sa formation. Seulement, l’État lui reproche de ne pas pouvoir prouver son identité. L’avis de l’expert en fraude documentaire de la police aux frontières est défavorable et fait état d’irrégularité dans les actes d’état-civil. Et un courrier de la direction de la citoyenneté et de la légalité, oblige Lamine Diaby à quitter le territoire français sous un mois.

 

« A l’heure actuelle, nous sommes dans un monde d’image, mais pas de travail Â»

 

« Et de repos Â» indique Stéphane Ravacley avec un sourire ironique. « On ne trouve plus d’employé, ni d’ouvrier, ni d’apprenti. Dans toutes les entreprises qui ont des métiers durs, comme le TP, les électriciens, les maçons, boulangers, pâtissiers, tout ce que vous voulez. L’époque n’est plus au travail, et on a besoin d’une autre main d’œuvre » déplore-t-il. « Donc forcément lorsque l’on a un jeune qui veux travailler on le prend, quelle que soit sa couleur de peau, et on le forme jusqu’à 18 ans. Passé cet âge, il y a le petit rappel de l’état indiquant qu’il doit repartir Â». Des mesures qui n'évoluent pas dans le bon sens, selon le boulanger bisontin, mais plutôt en se durcissant depuis plusieurs mois. Pour cette raison, Stéphane Ravacley et ses collaborateurs ont édité une loi, notamment avec le sénateur de Saône-et-Loire Jérôme Durain, visant à empêcher l’expulsion des jeunes migrants en formation une fois atteint l’âge de 18 ans. « Nous, on veut aider les patrons qui ont quelqu’un de bien au sein de leurs entreprises, qui est intégré en France, qui ne pose de problème à personne. Parce que dites-vous bien qu’en Franche-Comté, il n’y a aucune plainte sur les MENA +. Ce que j’appelle les MENA + sont les Mineurs Etrangers Non Accompagnés de plus de 18 ans. Ils ne sont pas dangereux. Il n’y a eu aucune plainte Â» soutient le patron de la Hûche à Pain.

 

Une adhésion à 10€ par an

 

« C’est le prix d’un paquet de clope Â» lance Stéphane Ravacley en évoquant la page d’adhésion sur « Patron.ne.s Solidaires Â». 10€ par an. Des donations sont aussi possibles, et les entreprises peuvent défiscaliser. « C’est-à-dire que pour un chèque de 100€, ils ne paieront que 40€, puisque l’Etat leur remboursera 60€. Il faut nous aider Â» précise le boulanger bisontin. Lui qui il y a quelques jours, était dans l’Ariège, pour venir en aide à un patron d’une boulangerie, confronté au même problème qu’il a connu en début d’année. Drôle de coup du sort, l’apprenti guinéen se nomme aussi Fodé, et le patron Stéphane…

 

Stéphane Ravacley, patron de la Hûche à Pain : 

 

Pour toute adhésion, le lien de Patron.ne.s Solidaires

https://www.helloasso.com/associations/patron-ne-s-solidaires/adhesions/bulletin-adhesion-patron-ne-s-solidaires