Ce jeudi matin, durant une heure, dans son bureau, Anne Vignot, maire de Besançon, en compagnie d’Abdel Ghezali, son 1er adjoint en charge des sports, et André Terzo, conseiller municipal en charge des sports et du handicap, ont reçu Fodé Ndao, entraîneur et coach mental au club Sauvegarde de Besançon et deux de ses magnifiques jeunes champions : Haïriss Hierso et Maïmouna Niang.
Ces deux karatékas font partie de ces pépites qui vivent dans les quartiers bisontins. Grâce au sport, Haïriss et Maïmouna se sont révélés et leur vie personnelle a pris un nouveau tournant. Alors que le jeune homme suit une licence en informatique à Besançon, la jeune femme, qui a quitté le Sénégal, souhaiterait redonner aux autres, tout ce qu’elle a pu recevoir depuis son arrivée en France. Son ambition est de réussir ses diplômes sportifs pour ensuite transmettre des valeurs à un public féminin et aux jeunes enfants.
L'interview de la rédaction : Anne Vignot
Réussir ses études et sa vie
Une fois les félicitations effectuées, Anne Vignot et les élus ont échangé avec les jeunes et leur éducateur sportif. Tous sont tombés d’accord sur le fait que c’est grâce au collectif, composé de la collectivité locale, du club, de leur famille et de l’athlète et son travail et son abnégation que la réussite et les résultats sont au rendez-vous. Rappelons qu’ Haïriss a dernièrement terminé sur la troisième marche du podium des Championnats du Monde de sa catégorie et que Maïmouna a décroché le titre de championne d’Afrique. Elle a pris également la septième place aux derniers championnats du monde de karaté de sa catégorie. Si ces athlètes peuvent s’enorgueillir de leur palmarès, les adultes comptent aussi sur eux pour être des ambassadeurs dans leur quartier. D’ici quelques semaines, ils iront dans les écoles de Planoise pour partager leur superbe parcours.
L'interview de la rédaction : Fodé Ndao
Le sport de haut niveau
Anne Vignot, Abdel Ghezali et André Terzo se sont également souciés de la scolarité et de l’avenir professionnel de leurs jeunes invités. Consciente de la brièveté de la carrière d’un sportif de haut niveau, la maire veut que leur parcours professionnel soit également une réussite. L’association vie scolaire et compétitions sportives demande une organisation qui n’est pas simple. Pas toujours facile de concilier les deux. Pour preuve, Haïriss, s’il veut encore performer et améliorer son positionnement mondial doit participer, ce lundi , à un tournoi à Venise. Une échéance importante et capitale, mais qui lui fera manquer plusieurs jours de cours. C’est dans ce contexte que la ville de Besançon s’engage à questionner l’université de Franche-Comté pour trouver la meilleure des options possibles pour l’avenir de ce jeune homme plein de talents.
Aux championnats du Monde de karaté cadet, junior et U21, les jeunes bisontins du Club Sauvegarde de Besançon ont répondu présent. On notera la belle médaille de bronze de Hairiss Hierso et de l’équipe de France. Isamedin Hasan n’est pas parvenu à décrocher de médailles, mais il a montré de belles choses et continue son apprentissage du haut niveau. De son côté, Serigine Mbacke Seck, licencié au club Sauvegarde, a décroché la médaille de bronze pour le Sénégal.
Le club sauvegarde de Besançon peut être fier de ses jeunes licenciés. Deux d’entre eux, Isamedin Hasan et Haïriss Hierso ont décroché leur sélection pour représenter la France aux prochains championnats du monde cadets, juniors et U21 de karaté qui se disputeront à Venise. Isamedin évoluera dans la catégorie cadet, chez les moins de 52 kilos. Haïriss combattra chez les juniors, les moins de 68 kilos.
Le Planoise Karaté Academy et sa jeunesse ne cessent d’enrichir leur palmarès. La catégorie des Benjamins n’est pas passée inaperçue lors de la Coupe de France, qui s’est disputée ce week-end à Valence.
Cinq athlètes ont été sélectionnés. Trois se sont classés parmi les meilleurs de leur catégorie. Une médaille d’or, une autre en argent et une troisième en bronze ont été obtenues par le collectif bisontin. La saison est sur le point de se terminer. Néanmoins, il faudra encore faire l’effort ce week-end. Les pupilles ont rendez-vous à Lyon pour la Coupe de France de leur catégorie. Six jeunes athlètes seront du voyage.
Une bonne nouvelle en provenance du Planoise Karaté Academy. Les 17 et 18 février derniers, à Chevigny-Saint-Sauveur, lors du championnat Bourgogne-Franche-Comté, l’ensemble du collectif bisontin, composé des minimes, cadets, juniors, seniors et vétérans, a décroché une place sur le podium et tous les combattants se sont qualifiés pour les championnats de France 2024. Certains karatékas, surclassés, terminent leur journée en montant trois fois sur le podium. A ces superbes résultats, s’ajoute la qualification de cinq pupilles et quatre benjamins du PKA à la Coupe de France.
Un grand bravo à Faith Porquet. La jeune karatéka du Club Sauvegarde de Besançon a décroché ce week-end le titre de championne d’Europe juniors chez les moins de 66 kilos. En 2021, la jeune bisontine s’était déjà illustrée en remportant une belle médaille de bronze dans la catégorie « cadets ». Trois ans plus tard, elle s’impose et monte sur la première marche du podium. Une déjà deuxième médaille européenne à son palmarès.
A Besançon, le PKA, le Planoise Karaté Academy est une véritable école de vie. Cette association qui a vu le jour en 1984 se veut plus qu’un simple lieu de pratique sportive. Elle permet la transmission de valeurs éducatives et participe à l’épanouissement social de la centaine de licenciés du quartier. La priorité du PKA : faire du sport à vocation sociale, en donnant un accompagnement éducatif aux parents, tout en aidant les jeunes à se structurer, à devenir de meilleurs citoyens.
Le PKA fête ses 40 ans cette année. L’occasion de revenir sur la belle histoire qui a permis de forger ce club. Tout commence en septembre 1984. Quelques étudiants africains fondent une association, le Planoise Karaté Academy. Parmi eux, Omar, le frère aîné d’Aly Yugo, actuel président du club et conseiller départemental bisontin. « Ces étudiants avaient soif, faim et froid. Ils se retrouvaient pour se réchauffer, avec cette pratique des arts martiaux, qu’ils partageaient avec les jeunes et moins jeunes du quartier, qui avaient eux aussi besoin de faire une activité complétement gratuite », explique Aly Yugo. Quatre ans plus tard, en 1988, Omar Yugo laisse les rênes de l’association à son frère, Aly, qui s’est formé au sein du club. Il devient champion de France universitaire en 1993, et à partir de ce moment, les choses prennent une autre dimension. « Je me suis retrouvé à enseigner, à partager ce que je savais, en étant parfois seul à tout apprendre. Mais il fallait être vraiment être au service des habitants, des enfants, des parents, qui avaient besoin d’un sport qui pouvait canaliser l’énergie des jeunes vers un sens positif. C’était l’un des objectifs des années 90. Et on a tenu bon, jusqu’au moment où on a créé une salle de sport à vocation sociale qui s’appelait « La maison des sports et de l’insertion ». Tout cela est une réalisation du PKA, avec cette volonté d’orienter le club vers une pratique du sport à vocation sociale. Obtenir des médailles et des coupes c’est possible, mais la finalité, c’est d’être en capacité de donner un support et un accompagnement éducatif pour les parents, et d’aider les jeunes à se structurer, à être meilleurs à l’école, à la maison, de mieux se concentrer et de mieux réussir une vie ensemble » confie Aly Yugo.
Les valeurs du karaté
Nombreux sont les bienfaits de cette discipline, le karaté étant vecteur de nombreuses valeurs sportives et éducatives. « Le tatami, on est obligé de le respecter. Il y a une culture du dojo. Saluer avant de rentrer dans le dojo, sortir le kimono, attacher sa ceinture, s’aligner, et puis on est un peu japonais sur les bords, on recherche un équilibre constant. C’est parfois difficile quand on a des jeunes qui débordent d’énergie. Mais les valeurs de ce sport ont attiré beaucoup de monde au PKA » explique Aly Yugo. Effectivement, le Planoise Karaté Academy accueille une centaine d’adhérents chaque année. Des personnes, jeunes ou moins jeunes, qui ont besoin d’exprimer cette force, cette discipline que le karaté procure aux pratiquants, tout en trouvant un équilibre, physique et mental. Parce que le karaté, « c’est aussi une relation de soi à soi » souligne Aly Yugo. « C’est un corps sain dans un esprit sain, pour une pratique saine. « J’invite tout le monde à venir transpirer. Ça donne une bonne régulation cardiovasculaire, et ça aide à grandir. Pour les parents, c’est une pratique qui permet d’améliorer la discipline nécessaire à la réussite. J’invite aussi ces jeunes à pratiquer ce sport, parce que ça permet de développer la maîtrise de soi, la confiance en soi. C’est un sport qui nous donne tous les moyens pour être un bon citoyen, en nous rendant à l’aise vis-à-vis de notre corps, par rapport à nos limites, et de les respecter. Et si on peut respecter ces limites, on doit pouvoir les dépasser » poursuit le président du club.
« Le karaté permet de faire un lien direct avec la vie du quotidien. Ça nous apprend à respecter les autres, à dire bonjour, merci, au revoir. Et je pense que quelqu’un qui sait dire ça, c’est quelqu’un qui s’adapte dans tous les milieux, dans toutes les cultures, surtout dans les temps durs que l’on traverse actuellement »
Quel avenir pour le PKA ?
« L’évolution du club a été fulgurante pour moi. J’ai vu des jeunes qui ont bien grandi » confie Aly Yugo. Désormais, le PKA s’impose comme une référence sportive et éducative dans le paysage bisontin, et nourrit de grandes ambitions. Avec leurs coachs, les jeunes préparent les Youth League de 2024, des compétitions qui ont lieu aux quatre coins du monde. Cette année 2024, elles se tiennent aux Emirats arabes unis, en Espagne, en Croatie, au Mexique et en Italie. Ces compétitions permettent aux jeunes de marquer des points et de bien se classer, pour ensuite être sélectionnés pour les Jeux Olympiques des Jeunes qui auront lieu en 2026 à Dakar, au Sénégal. « On arrive à faire entre 5 et 10 médailles au niveau national et international chaque année. Ce n’est pas rien. On arrive aussi à faire plus de 200 passages sur les installations sportives par mois. On arrive à répondre aux demandes d’une cinquantaine de familles chaque année. Toutes ces familles qui sont issues d’un quartier prioritaire de la ville. Désormais, on a besoin de se développer grandement. On a besoin de cristalliser les compétences de l’association, et puis certainement d’attaquer des compétitions de niveau mondial » indique Aly Yugo. Pour cela, le PKA pourra notamment compter sur Lazare, Nazim, Azalais, Sixtine, Mechai, Quentin, Haceyne ou encore Haidar. Des jeunes très prometteurs, qui en plus de briller sportivement, réalisent une scolarité très positive en parallèle. Des athlètes qui peuvent compter sur la discipline inculquée par Mor Seye, « le coach de l’élite », qui sait leur transmettre la rigueur et la persévérance nécessaires. Si les prochaines compétitions nationales sont en ligne de mire pour les athlètes du PKA, tout comme les coupes de France qui vont vite arriver, le prochain rendez-vous se tient ce week-end, avec un Open en Autriche co-organisé par la Ligue de Bourgogne-Franche-Comté. Bonne chance aux jeunes bisontins !
Une première pour la karatéka Laura Sivert et le club Sauvegarde de Besançon, installée dans le quartier Planoise. L’athlète de 26 ans a décroché sa première médaille mondiale individuelle en moins de 61 kilos. Une belle et historique médaille de bronze obtenue à Budapest, terre d’accueil des championnats du monde de karaté.
Les petits protégés de Fodé Ndao ont une nouvelle fois de plus excellé ce week-end. Les jeunes karatékas du club Sauvegarde de Besançon ont brillé à l’Open de Noris, une compétition nationale. Les licenciés bisontins ont décroché huit médailles chez les minimes, cadets, juniors et seniors.
Depuis jeudi dernier, des violences urbaines éclatent dans certains quartiers de Besançon, comme dans le reste de la France, suite à la mort de Nahel. Le quartier prioritaire de Planoise est particulièrement touché. Alors, comment comprendre cette colère et agir à long terme pour que cette situation structurelle ne se reproduise pas ?
Tentatives de réponses dans ce dossier avec, en première partie Fodé Ndao, champion de karaté et fondateur du Club Sauvegarde.
Réfléchir, avant tout. C’est ce que Fodé Ndao ne cesse de répéter aux jeunes qu’il encadre et à son propre fils. On le rencontre au 6 rue Pablo Picasso, le Club Sauvegarde, en plein cœur du quartier de Planoise. Avant de mener l’interview, le champion de karaté nous demande quelques minutes pour régler un conflit à propos d’une sortie au lac avortée au sein du club. Pour comprendre les tensions, la recette est simple : écouter, chacun, chacune. Avant d’émettre un quelconque avis, Fodé veut entendre tout le monde isolément.
Cet exemple met en lumière l’avis et la philosophie de vie du karatéka qui “voit dans le sport les valeurs fédératrices” d’où peuvent émerger la paix.
Le sport, une visée éducative
Fodé est vice-champion du monde de karaté et plusieurs fois champion d’Afrique. Véritable légende dans son quartier et dans son pays d’origine, le Sénégal, il veut mettre à profit son expérience pour éduquer les jeunes. Dans son Club Sauvegarde, fondé en 2003, il discute tous les jours avec des mineurs et essaie d’initier chez eux des réflexions, sans imposer son point de vue. Le sport, pour lui, “n’est pas politique”. Éloigné de ces considérations, il peut avoir des “valeurs éducatives” avec les moments de partage qu’il suscite. Quand on lui demande si l’Etat est assez présent pour l’aider dans son action, nécessaire et bénéfique dans ce quartier, Fodé affirme : “il ne faut pas toujours se demander ce que l’Etat peut faire pour nous, il faut aussi se demander ce que l’on peut faire pour l’Etat”. Il remercie les collectivités pour leur aide financière mais estime que c’est par les relations humaines, avant tout, que la société peut sortir par le haut.
Préférer la responsabilité de chacun à la responsabilité des parents
On entend beaucoup dans les médias que la responsabilité de ces violences, réalisées par des très jeunes, revient en premier ordre aux parents. Fodé préfère imputer un rôle à toute la société qu’il voit “comme un village”. “Le village, c’est le boulanger, le voisin, le passant, l'instituteur qui doit être respecté par tout le quartier”. Chaque personne sur le passage d’un jeune le construit. Et quant au rôle des “grands frères”, c’est un terme fondé politiquement selon lui. La responsabilité doit être collective pour Fodé et la solution dans le dialogue.
“Les violences, on ne les traite pas, on les juge”
Ce dialogue, il ne peut être seulement répressif et Fodé déplore le jugement de ces violences, sans compréhension. Dans ses actions, comme avec l’initiative des caravanes des pieds d’immeubles qui débute dès ce lundi 10 juillet, il prône le dialogue. Cet évènement, qui présente des activités sportives aux jeunes, durera près de deux mois dans six quartiers différents de Planoise. Il est réalisé en collaboration avec le Centre de loisirs de jeunes de la Police Nationale.
Le podcast de la rédaction/ Fodé Ndao