« Elle était inquiète de voir qu'il avait piraté son compte Facebook et pouvait voir tout ce qu'elle faisait dans la vie à Besançon ?" Me Galley
"Oui c'est ce que je pense" répond la témoin.
"Des amis à elle ont disparu de son compte Facebook et elle pensait que c'était à cause de Nicolas Zepeda. Et aussi je crois que leur rupture ne s'était pas bien passé" une ancienne camarade de classe de la victime.
"On pense que ce n'est pas toi qui réponds" écrivent les camarades de Narumi dans des échanges sms après sa disparition.
Et concernant la contrariété de Narumi par rapport à Nicolas Zepeda : "Elle était très embêtée du fait que Nicolas Zepeda comptait venir en France pour la revoir" précise une témoin.
Plus tard, dans l’après-midi, Nicolas Zepeda a été interrogé longuement sur les faits. Il a maintenu sa version en niant être l’auteur des messages envoyés par Narumi après sa disparition.

Ensuite, l’avocat général Etienne Manteaux est revenu sur les circonstances des retrouvailles entre Narumi Kurosaki et Nicolas Zepeda.
« Comment la rencontre se fait ? Narumi vient taper à votre carreau ? », s’étonne l’avocat général.
« Je suis dans mon véhicule, garé sur le parking du campus, et oui, Narumi vient toquer côté passager », assure Zepeda.
« C’est donc un hasard complet ? » poursuit l’avocat général. « Vous faites 10.000 kilomètres, vous traversez l’océan, pourquoi ne pas aller taper chambre 106 ? »
Zepeda s’explique : « Je n’étais pas sûr de matérialiser l’idée que j’avais en tête. J’avais honte envers moi-même d’admettre que j’avais cette idée d’aller voir Narumi ».
Sous l’insistance des questions qui lui sont posées concernant sa venue à Besançon, le Chilien avoue finalement, grâce à Me Laffont, son avocate, qu’il était bien motivé par « l’envie et l’espoir de rencontrer » Narumi, ce qu’il a eu tant de mal à assumer.
Après une pause de 30 minutes, c’est la jalousie et l'emprise de Nicolas Zepeda qui sont au cœur des débats. Ce dernier exigeait de la japonaise qu’elle supprime les garçons de son compte Facebook, et lui demandait aussi de respecter cinq conditions pour qu’elle devienne une fille meilleure.
« Est-ce que ce n’est pas de la jalousie, peut-être maladivement ? », lui demande Matthieu Husson, le président.
« Je trouve que c’est exagéré de dire ça », répond Nicolas Zepeda. « Elle me raconte des histoires, au lieu de me dire qu’elle est sortie avec des amis, car elle a peur que je puisse faire la même chose au Japon. La confiance était brisée » poursuit-il.
Mais Matthieu Husson soumet une hypothèse à l’accusé : « Elle mentait peut-être parce que vous n’acceptiez pas ce qu’elle faisait ? »
Nicolas Zepeda répond en contournant la question qui lui est posée, ce qui agace les parties civiles et l’avocat général, qui fulmine depuis son pupitre.
Le président ne comprend pas pourquoi Nicolas Zepeda a réclamé à Narumi, de supprimer de son compte Facebook trois profils de garçon récemment ajoutés.
« Et pourquoi effacer Arthur Del Piccolo ? », précise Matthieu Husson.
« A ce moment-là , je n’ai aucune idée de qui est Del Piccolo. » assure Zepeda.
« Alors pourquoi faut-il qu’elle le supprime ? Lui et pas une fille, par exemple ? »
Nicolas Zepeda refuse d’admettre une quelconque jalousie. « Je ne sais vraiment rien de Arthur del Piccolo à ce moment-là . »
La cour d’assises évoque ensuite la vidéo publiée par Zepeda sur Dailymotion le 6 septembre 2016, dix jours après l’arrivée de Narumi en France. Une déclaration froide à l’intention de l’étudiante japonaise, sonnant comme un ultimatum. Mais l’accusé explique que cette vidéo a une fonction de journal intime, pour lui-même. Matthieu Husson souhaite que l’accusé se mette à la place de Narumi, à la vision de cette vidéo. Zepeda répond par des détails techniques, sur l’envoi de cette vidéo, contournant une fois de plus la véritable question.
Avant de poursuivre. « Je pensais à protéger cette belle relation qu’on avait, si on continuait ainsi, cette relation allait se détériorer. C’était la première relation pour Narumi, je trouvais important qu’elle en garde un bon souvenir ».
Le président Husson l’interrompt. « Ce n’était pas à elle d’en juger ? Je ne suis pas sûr qu’elle en ait gardé un bon souvenir »
Me Schwerdorffer saisit l'occasion : « Je ne suis pas sûr qu’elle ait des souvenirs, monsieur le président ».
L'interview de la rédaction / Me Galley
C’est ensuite Me Galley, avocate de la mère et de la sœur de Narumi, qui se confronte à l’accusé.
« Pourquoi exige-t-il de Narumi de se comporter comme une meilleure fille, en lui listant les cinq conditions pour qu’elle puisse rester avec lui, et ce que signifie devenir une fille meilleure ? ».
« J’essaie de me souvenir du contexte », répond le Zepeda, en difficulté. « Je suis fatigué d’expliquer à chaque fois la situation, c’est Narumi qui demandait quoi faire pour continuer la relation » explique-t-il.
Me Schwerdorffer reprend ensuite le flambeau, continuant de questionner Nicolas Zepeda sur Arthur del Piccolo, afin de lui faire admettre qu’il était jaloux, voire obsédé par le petit ami français de la Japonaise. Ce que le Chilien ne veut pas admettre.
Après plusieurs réponses non satisfaisantes, Etienne Manteaux, l’avocat général, abandonne à son tour l'idée d'interroger plus longuement l'accusé. « Quand on pose une question à Monsieur Zepeda, à la fin de sa réponse, on a oublié sa question »

Nicolas Zepeda est apparu un peu plus nerveux et déstabilisé en fin de journée, éprouvé par les questions successives du juge, des parties civiles et de l’avocat général. Me Laffont, l’avocate de l’accusé a demandé une suspension jusqu’à demain matin. « Je propose qu’il se repose car il est fatigué. Nous ne sommes pas dans les conditions idéales pour répondre ». Requête acceptée, l’audience reprendra ce vendredi, à 8h.
L'interview de la rédaction / Me Randall Schwerdorffer
La première journée du procès de Nicolas Zepeda aux assises du Doubs s’est conclue ce mardi soir. Comme le souligne Maître Sylvie Galley, avocate de la famille et des proches de Narumi Kurosaki, ces derniers ont été très ébranlés par les propos tenus par l’accusé ce jour.

En compagnie de Maître Randall Schwerdorffer, qui assiste Arthur Del Piccolo, le petit ami de l’étudiante japonaise, les avocats de la défense pointent l’aplomb avec lequel Zepeda arrange la vérité, malgré parfois des faits très précis que l’enquête et les investigations ont pu mettre en évidence.

Le procès se poursuit ce mercredi, à partir de 9h, avec l’examen des faits. Notons que le premier interrogatoire de l’accusé sur les faits est prévu ce jeudi après-midi. Des experts sont également attendus à la barre.

C’est un procès hors-norme qui s’est ouvert ce matin au tribunal judiciaire de Besançon. Durant onze jours de procès, la cour va devoir s’adapter au décalage horaire entre la France, le Chili et le Japon, d’autant plus que 45 témoins venus de trois continents différents sont à entendre. Il faudra aussi traduire tous les échanges afin que les différentes parties puissent suivre les débats.
C’est habillé d’une chemise bleu ciel et d’une cravate un peu plus foncée que Nicolas Zepeda s'est installé dans le box derrière ses avocates, Me Jacqueline Laffont et Me Julie Benedetti. Ses parents sont arrivés ce matin au palais de justice de Besançon sans dire un mot, le visage fermé, tout comme la sœur et la mère de Narumi. Ces dernières n’ont d’ailleurs cessé de fixer l’accusé tout au long de l’audience, sans détourner une seule fois le regard.
Plus de cinq ans après la disparition de la jeune étudiante japonaise, Nicolas Zepeda, le principal suspect s'est exprimé pour la première fois devant la cour d'assises du Doubs. Ce dernier a commencé par remercier la cour de lui laisser cette occasion de s’exprimer et de répondre à cette accusation. Il a ensuite poursuivi en sanglot, clamant son innocence, et en soutenant ne pas avoir tué Narumi.
« Un grand merci de me permettre de vous adresser la parole. Et merci de me donner l’opportunité de répondre. Merci de me laisser répondre à cette horrible accusation. C’est une accusation monstrueuse. Ça fait 5 ans que Narumi a disparu. Et depuis, ça a toujours été un cauchemar. J’ai Narumi dans mes pensées depuis 5 ans. Et je ressens de la peine, le chagrin immense de sa famille, de sa maman. Nul jour ne passe sans que je les aie dans mes pensées. Mais je tiens à dire clairement que je n’ai pas tué Narumi. Je refuse toutes ces accusations qu’on porte devant moi. Et j’espère que ce procès apportera la vérité. La vérité et la lumière dont nous avons besoin pour la retrouver » Nicolas Zepeda
Le Chilien Nicolas Zepeda, soupçonné du meurtre de l’étudiante Narumi Kurosaki, dont le corps n’a jamais été retrouvé, sera jugé à compter du 28 mars prochain devant la cour d’assises du Doubs. Zepeda a reconnu avoir passé une partie de la nuit du 4 au 5 décembre 2016 dans la chambre de la jeune femme, située sur le campus de la Bouloie. Cette nuit-là , des cris ont été entendus, mais personne n’a prévenu les forces de l’ordre. Le meurtrier présumé clame son innocence. Il a expliqué avoir quitté la jeune femme en vie lors de son passage à Besançon.