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Ce lundi soir, de nombreuses communes de France ont rendu hommage à Dominique Bernard, le professeur de lettres, frappé  de plusieurs coups de couteau à la gorge par un individu d’une vingtaine d’années fiché « S ». A Besançon, de nombreux élus, de tous bords, étaient présents sur l’esplanade des droits de l’Homme. Tous sont venus dire leur attachement aux valeurs de la République, où l’école a toute sa place, et rendre hommage à cet enseignant qui a perdu la vie pour avoir protégé ses élèves et ses collègues.

Anne Vignot, la maire de Besançon, a demandé « de faire corps » avec les enseignants. Aux côtés de la rectrice, des Sénateurs Jacques Grosperrin et Jean-François Longeot, du député Laurent Croizier et de nombreux élus locaux, La Maire bisontine a apporté son soutien aux enseignants. La Marseillaise a été entonnée et des roses et des bougies ont été déposées au pied de la statue de Victor Hugo. A l’image du député Laurent Croizier, de très nombreuses personnes savent que ces actions symboliques sont importantes, mais qu’elles sont insuffisantes. « La loi peut être changée » explique le parlementaire, qui précise qu’il faut s’attaquer « au terreau qui produit le terrorisme islamiste ». Et de poursuivre : « il faut agir très fortement.  Les valeurs de la République ne sont pas négociables ».

Le reportage de la rédaction : Laurent Croizier (député du Doubs). Anne Vignot (Maire de Besançon)

Tristesse et colère

Au cours de cet hommage, la parole a été laissée aux syndicats enseignants. Nathalie Faivre du syndicat SNES-FSU ne cache pas que ce drame a marqué les esprits. La tristesse et la peur se côtoient également à la colère. Mme Faivre explique que « beaucoup de personnalités politique sont présentes pour exprimer leur soutien à l’école », mais elle regrette que « le reste du temps », ces derniers soient plus discrets. La responsable syndicale  demande davantage de soutien de la part de sa hiérarchie et des moyens supplémentaires pour permettre aux enseignants de pouvoir effectuer leur travail et leur mission dans de biens meilleures conditions.

L'interview de la rédaction : Nathalie Faivre

 

Difficile de dresser déjà un bilan précis sur la rentrée scolaire dans la région. Néanmoins, les syndicats s’attendent à une année difficile. Une véritable dichotomie entre les propos rassurants émanant du rectorat et du ministère de l’éducation nationale et le ressenti du terrain. Rencontre avec Nathalie Faire, secrétaire du syndicat SNES/ FSU dans le département du Doubs

Un enseignant devant chaque élève

Les syndicats annoncent d’emblée que la promesse d’Emmanuel Macron d’assurer la présence d’un enseignant devant chaque élève ne pourra pas être tenue. Les raisons sont multiples, mais les conditions de travail et les salaires sont au cœur de cette problématique. Pour cette rentrée scolaire, faute de postulants, le rectorat de Besançon a dû recruter 230 enseignants contractuels, âgés de 20 à 68 ans, pour assurer les cours. Et ce, dans tous les niveaux, qu’il s’agisse du collège ou des lycées généraux, technologiques et professionnels.

L’abaya et l’uniforme

Pour les syndicats, l’abaya et l’uniforme sont « les arbres qui cachent la forêt ». « C’est pour éviter de parler des choses qui fâchent tout le monde. A savoir, la pénurie de profs » explique Mme Faivre. Et de poursuivre : « au niveau du point d’indice, le recrutement d’un prof se fait à 1,08 smic. Clairement, c’est insuffisant quand on a BAC+5 pour attirer les jeunes vers les métiers de l’enseignement. Surtout quand on considère les conditions de travail qui se sont dégradées depuis des années. C’est très préoccupant que de constater que dans tous les lycées les classes sont à 35. Dans de plus en plus de collège, les classes sont à 28. Ce ne sont pas des bonnes conditions pour nos élèves ».

Des enseignants encore motivés ?

Lenseignants perdent, pour un certain nombre d’entre eux, la foi. Même les professeurs les plus passionnés  ne cachent pas leur exaspération. « On constate un certain désabusement des collègues. Cela fait maintenant une bonne vingtaine d’années que chaque réforme visa à faire des économies » ajoute Nathalie Faivre.

L’organisation des épreuves de spécialité du baccalauréat

Les syndicats apprécient que le ministre ait entendu leur demande concernant l’organisation des épreuves de spécialité du baccalauréat et leur report en juin. « Nous nous félicitons qu’il soit revenu sur la fatale idée de placer les épreuves de baccalauréat en mars. Il a enfin retrouvé la raison sur ce point. Nous espérons que le ministère va faire preuve du même pragmatisme pour les mêmes autres problèmes de notre institution » complète la responsable syndicale.

Quid du pacte enseignant ?

Les enseignants déplorent les déclarations non-tenues du candidat à la présidentielle Emmanuel Macron. « Il avait promis une augmentation de salaires de 10% pour tout le monde. Actuellement, nous sommes à peine à 5%, en moyenne, pour tout le monde » commente Nathalie Faivre. « Le travailler plus pour gagner plus » ne passe pas. D’autant plus que, selon une étude en la matière, le temps de travail des enseignants est, en moyenne, d’une quarantaine d’heures hebdomadaires.

L'interview de la rédaction : Nathalie Faivre