Cet été 2022 restera dans les annales. Le manque de pluie impacte sérieusement les ressources en eau. L’alimentation en eau potable suscite une grande inquiétude. Mardi après-midi, le Préfet du Doubs tiendra une conférence de presse, aux côtés de la Direction Départementale des Territoires et l’ARS, pour faire le point sur la situation et rappeler les gestes à adopter pour éviter d’aggraver davantage un contexte déjà très inquiétant. La rédaction a rencontré Christophe Lime, vice-président du Grand Besançon, chargé de l’eau et de l’assainissement.
Quelle est la situation sur le territoire du Grand Besançon ?
Nous sommes très attentifs à la situation des 32 ressources en eau que nous disposons sur Grand Besançon Métropole. Pour l’instant, nous avons aucun décrochage. Leur niveau diminue. Si nous connaissons très bien nos ressources à Besançon, il y en a quelques-unes que nous connaissons moins bien ailleurs. Avec le phénomène lié au sol karstique, nous appréhendons des décrochages de ressource. Nous sommes en train de prévoir des moyens alternatifs. A Besançon, nous appréhendons surtout la rentrée. La population revient après les vacances. Les 20.000 étudiants seront également de retour. Si la situation se prolongeait, nous pourrions rencontrer des difficultés à l’automne. Les économies demandées dès maintenant aux usagers nous permettent de ne pas trop prélever à l’intérieur de nos ressources.
L’eau courante pourrait-elle manquer à certains endroits ?
Depuis 2003, date de la dernière grande sécheresse, nous avons pris un certain nombre de dispositions. Tout particulièrement sur la ville de Besançon. L’ensemble de nos ressources sont interconnectées. Ce qui permet de pouvoir pallier à un manque d’eau ou une pollution. Nous sommes allés à la recherche d’une nouvelle ressource du côté de Novillard dans une nappe profonde, qui a la particularité de peu bouger durant les périodes d’étiage. Par ailleurs, depuis plusieurs années, nous avons lancé des comités scientifiques pour bien connaître nos ressources. Ce qui fait que nous progressons constamment sur leur connaissance. Pour l’instant, aucune coupure d’eau n’est envisagée, mais cette situation nous amène à faire preuve d’une vigilance particulière.
D’autres réflexions pourraient-elles être lancées ?
Je suis de ceux qui attirent l’attention sur le fait que nous ne devons pas attendre les situations de crise pour se réunir. J’ai eu l’occasion de le redire vendredi après-midi en préfecture. Je déplore que nous ne nous soyons pas réunis plus tôt pour échanger et établir des interconnexions de secours. Autrement dit, essayer de mutualiser le plus possible nos ressources d’eau à l'échelle du département. Ainsi, une vraie notion de solidarité au titre de l’eau pourrait voir le jour. Je trouve toujours très désagréable que des villages soient en manque d’eau. Alors que, quelque fois, à quelques kilomètres, on dispose encore de l’eau. Cette dernière n’appartient à personne. Il faut que l’on travaille par rapport à ces éléments-là . A l’automne, lorsque, je l’espère, la crise sera passée, nous devrons le faire. Car ce genre de concertations et les décisions qui vont avec prennent toujours du temps. Il faut se mettre autour de la table pour se poser les bonnes questions. Ces situation-là vont se reproduire. Comment fait-on pour les appréhender ? Comment fait-on pour anticiper un certain nombre de dispositions ?
L’urgence est là . Il faut désormais que la pluie arrive au plus vite
Si nous connaissons au mois d’août une situation identique à celle de juillet, nous aurons une crise importante à gérer. La situation peut devenir critique. Tant au niveau de la gestion de la ressource en eau qu’au niveau de la nature. Je pense qu’un grand nombre de secteurs sur notre territoire seront en très grande difficulté. Et c’est là que la solidarité prendra tout son sens.