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Portrait. Naomi Rivière, nouvelle miss Doubs, en lice pour devenir la prochaine miss Franche-Comté

Publié le 17 Aoû. 2023 à 18:08
Tags: miss france | naomi riviere | miss doubs | miss franchecomte |
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Portrait. Naomi Rivière, nouvelle miss Doubs, en lice pour devenir la prochaine miss Franche-Comté

Il y a trois mois, Naomi Rivière était coiffée de la prestigieuse couronne de « Miss Doubs » à Besançon. Désormais, le prochain grand rendez-vous pour l’hôtesse de l’air se tiendra le 20 octobre à la Commanderie de Dole avec l’élection de miss Franche-Comté. Une dernière étape avant de prétendre au titre de miss France. La rédaction a pu s’entretenir avec Naomi. Une femme indépendante, authentique, et à l’écoute.

 

Naomi est née en Guadeloupe, aux Abymes, au sud de Point-à-Pitre. Elle arrive en France 5 ans plus tard avec sa mère et sa grande sœur, après le décès de son père. Très modestement, c’est à Flangebouche que grandit la jeune fille, et sur les terres Doubistes qu’elle se construit et rencontre ses amis. Et puis, petit à petit, Naomi tombe amoureuse de la région Franche-Comté. Titulaire d’un bac scientifique, Naomi reste très indécise, hésite entre la fac de droit ou de médecine. « Je voulais être médecin légiste. J’ai quand même fait deux années de droit, je pense que c’est ce qui me définissait le mieux. J’ai toujours été juste, et avec tout ce qu’il m’est arrivé quand j’étais à l’école, j’avais besoin de représenter cette justice » explique Naomi. « Mais je me suis aperçue que ça ne correspondait pas à mon tempérament, toujours en quête d’aventure. J’ai la bougeotte, j’ai toujours envie d’aller à droite à gauche, à la rencontre des gens » poursuit la miss Doubs. Elle travaille ensuite pour ses parents, dans un restaurant, et décide de se lancer dans l’aventure de fille au pair à Denver, aux Etats-Unis. « C’était la première fois de ma vie que je prenais l’avion, et j’ai eu le déclic. J’ai été très bien accompagnée sur le vol, et je me suis rendu compte que je voulais travailler dans les avions ».

 

Pour raconter l’histoire de ta vie, tu as d’abord vécu une jeunesse difficile, notamment à cause du harcèlement scolaire ?

Effectivement, j’ai toujours été mise de côté, j’étais un peu différente. J’avais un style vestimentaire pas comme les autres, mes parents avaient peu d’argent, ils étaient gérants d’un petit casino, et j’aidais tous les étés. Je n’avais pas de vêtements à la mode, ni les derniers sac-à-dos, je ne partais pas en vacances où tout le monde allait. D’ailleurs c’est drôle, car beaucoup de personnes qui me harcelaient quand j’étais jeune, reviennent en s’excusant profondément. C’est bien de réaliser ce qu’on a fait, du moment qu’on ne recommence pas.

 

De ce fait, j’imagine que c’est une cause qui te tient à cœur et que tu vas défendre ?

Bien sûr. Le harcèlement, c’est vraiment ce qui me touche et ce sur quoi je veux mettre l’accent. Par ailleurs, le harcèlement aujourd’hui est très différent de ce que j’ai vécu. Il prend des proportions pharamineuses sur les réseaux sociaux, il ne s’arrête plus. Il faut sensibiliser dès le plus jeune âge. Harcèlement que je continue d’ailleurs de vivre à travers les réseaux sociaux. C’est minime, mais dès l’instant où l’on est mise sur la place publique, on est forcément la cible de ce genre de choses. Mais je suis rodée, aujourd’hui j’ai 27 ans, ce sont des choses que j’ai déjà vécues, et ma maturité m’aide énormément. C’est devenu une force. Quand je vois qui j’étais il y a 10 ans et qui je suis aujourd’hui. Ça m’a donné l’envie de me battre et de réaliser de grandes choses.

 

Cette force que tu dégages aujourd’hui, vient en grande partie de tous les malheurs et incidents que tu as vécus en étant plus jeune ?

Oui, j’étais très introvertie, je serais restée la même, incapable de réaliser une aventure comme celle-là. Je ne serais jamais rentrée non plus dans cette compagnie aérienne si je n’avais pas un mental comme le mien. Elle ne m’aurait d’ailleurs jamais recruté si je n’étais pas quelqu’un sur qui on peut se reposer, surtout dans ce métier. Les gens l’oublient, mais ce n’est pas que du commercial. Sécurité et sûreté en permanence. J’ai la vie de 450 personnes entre les mains, y compris celles de mes collègues, qui pour la plupart sont d’ailleurs plus âgés. Et c’est pour cette raison que le lien intergénérationnel m’importe beaucoup. C’est pour ça que ce concours est un peu en décalage, je suis une des miss les plus âgées, alors que dans mon travail, je suis souvent la plus jeune.

 

De ton côté, tu mets en place beaucoup d’initiatives personnelles. Tu peux nous en parler ?

Au-delà des événements organisés par le comité, j’organise énormément de choses qui me tiennent à cœur ! Je suis allée à la Croix-Rouge, à la SPA, faire un marché nocturne pour une association contre le cancer du sein, je suis allée voir des personnes âgées dans un EPHAD parce que ma sœur y travaille. Tout est organisé par moi-même. Mais ça me prend énormément de temps, et il faut les autorisations pour pas mal de choses. Je suis très présente avec Oncodoubs, une association en rapport avec ma mère qui a eu le cancer du sein. Et l’une des membres de l’association et une des personnes qui s’est occupée de ma maman pendant son cancer. Ça avait beaucoup de sens.

 

Finalement, cette aventure, à peine débutée, t’ouvre énormément de possibilités.

Oh que oui. Je vais faire 24h de garde avec les pompiers, et si je n’avais pas eu l’écharpe de miss, je n’aurais sans doute jamais pu le faire alors que ça m’intéresse beaucoup. Je profite de cette écharpe pour m’amuser certes, pour véhiculer des messages, des valeurs, et pour essayer d’être présente sur de nombreux terrains. Ce qui reste très compliqué, parce que je n’ai pas envie de trop m’éparpiller, de m’égarer, et que les Français pensent que c’est faux. Mais je fais de mon mieux, énormément de causes me tiennent à cœur.

 

Tu évoques souvent ton travail. Il a une place capitale dans ta vie, et t’a apporté énormément de choses ?

J’ai tellement appris en 5 ans dans ce travail. Les voyageurs s’ouvrent à vous, ils se déplacent pour tellement de raisons différentes. Et de rencontrer toute cette diversité, ça m’a fait prendre énormément de maturité. On est confronté à tout, au pire comme au meilleur, c’est si intéressant. Je vois de tout. Tout ce qui existe. C’est pour ça que je suis persuadée que je peux apporter quelque chose de très différent dans cette aventure, un regard nouveau, des idées. J’en suis convaincue.

 

« Je pense qu’il n’y a pas plus flexible que moi avec mon travail. Quand je suis censée rentrer lundi, je peux finalement rentrer jeudi. Quand je suis censée atterrir à un endroit, je peux finir à dérouter n’importe où. Je sais m’adapter. Dans ma valise il y a des tongs, des bottes, des baskets et un imperméable »

 

Tu es une candidate assez différente des profils « traditionnels ». Comment peut-on te définir ?

Ce n’est pas mon rêve de petite fille, mais c’est une aventure que j’ai envie de vivre à fond. Et ce n’est pas parce que ce n’est pas mon rêve que j’en ai moins envie que d’autres. Je pense vraiment mériter cette écharpe parce que je peux faire de très belles choses, qui sortent un peu de tout ce qui a été fait ces dernières années. Je pense que j’apporte vraiment une certaine maturité et quelque chose de différent. Ce qui est le plus important pour moi, c’est le lien que j’ai avec les gens. C’est pour ça que j’ai choisi de faire cette aventure. Ce n’est pas pour réaliser d’innombrables photoshoot. Je sais que ça fait partie du jeu, et ça m’intéresse aussi. Mais ce qui m’importe vraiment, c’est tout ce que je fais à côté. Je pense que porter mon écharpe, c’est un peu comme porter mon uniforme, c’est beaucoup de responsabilités.

 

Le concours a beaucoup évolué, revoyant ses critères de sélection, ce qui a permis ta participation. J’imagine que tu es ravie que ces normes changent ?

Concernant les tatouages, j’étais évidemment bien contente car j’en ai. J’ai fait le choix, si je vais à Miss France, d’en cacher certains. Même s’ils font partie de moi, s’il s’agit d’une partie de mon histoire. Il suffit de les maquiller, c’est comme en vol, où c’est interdit. Il y a un manuel du port de l’uniforme à respecter. On nous demande une certaine élégance, représentativité et prestance. Il y a tellement de similitudes entre Miss France et Air France. C’est aussi pour ça que je me suis lancée dans l’aventure, c’est cohérent avec ce que je fais dans la vie de tous les jours. Cela étant, je pense que beaucoup de personnes y seront réticentes, et je peux l’entendre. Mais je pense que les Français sont aussi en train de s’ouvrir de plus en plus. Je suis très soutenue, par des personnes qui malheureusement avaient en tête, et à mauvais titre, l’image d’un concours un peu superficiel, et se rendent compte à travers moi que ce n’en est pas un. Contrairement à ce que l’opinion public peut penser, les miss sont très intelligentes. Et je pense qu’ouvrir le concours à un âge plus avancé, c’est une super chose.

 

Tu as une personnalité très authentique, on ressent une certaine sincérité aussi bien dans ton discours que dans ton style.

Je suis très authentique et les gens s’en rendent compte. J’écris avec le cœur que ça plaise ou non. Je publie des story où je montre comme j’étais avant, avec mes 34 kg en plus. Je n’ai pas de filtres. Je n’ai pas envie de faire croire que j’ai toujours été comme je suis aujourd’hui. J’ai justement envie de prouver que même en ayant vécu les pires choses pendant très longtemps, un jour, on peut se réveiller en ayant envie d’être une personne différente. Ça a été très compliqué, mais j’ai réussi. Ce que les gens apprécient sur les réseaux sociaux avec moi, c’est que je me montre autant maquillée que démaquillée, en basket et pantalon. Je suis très naturelle. C’est surprenant, j’aurais pensé que les gens attendaient de moi de toujours être en robe et talons, ce qui ne me dérange pas du tout parce que j’adore. Je reçois beaucoup de messages où on s’identifie à moi. Ma personnalité est très différente et particulière. Oui je suis très authentique, et c’est à double tranchant. Ça peut plaire ou déplaire. J’espère que le comité Miss France va adorer et se dire qu’il faut envoyer une fille comme moi, qui a de la pêche, du charisme, du caractère, mais qui sait aussi écouter, entendre, et faire ce qu’on attend d’elle.

 

Naomi_Riviere_Miss_Doubs.jpeg

 

Tu partages beaucoup sur tes réseaux, en dévoilant certaines périodes compliquées de ta vie d’avant.

Oui, j’ai fait des post assez difficiles, où je raconte mon histoire. Je pense que c’est ce qui fera la différence le 20 octobre. Ce n’est pas le physique, parce que toutes les candidates sont évidemment très jolies. On a toutes quelque chose qui fait qu’on pourra gagner. Mais mon histoire c’est mon pilier, et j’espère qu’il m’emmènera à Miss France. Mon harcèlement scolaire, mon arrivée en France suite au décès de mon papa, les problèmes de santé de ma mère qui ne peut plus travailler aujourd’hui, comment je me suis battu pour entrer dans mon entreprise, et bien d’autres choses encore. Cette force, car je vous assure qu’il faut être forte pour juxtaposer ces trois aventures, entre Miss France, Air France et ma vie personnelle et familiale, peut faire la différence.

 

Quel est ton ressenti dans cette aventure jusqu’à présent ?

J’avoue que j’y prends vraiment goût. On rencontre des gens super. Je me suis fait des amis, j’ai rencontré des personnes qui m’ont tendu la main alors qu’elles ne me connaissaient pas. J’ai déjà à cœur dans mon travail de mettre en valeur mon département et ma région, donc c’était plus ou moins la suite logique. Et la raison pour laquelle je ne participais pas était cette image collée au concours. Et quand j’ai été élue, je me suis dit que c’était l’occasion de montrer aux Français que ce n’est pas le cas. Ce sont de très belles personnes qui participent à l’aventure, aussi bien physiquement qu’intérieurement, et il ne faut pas rester sur cette idée que c’est un concours superficiel ou autre. Il s’ouvre de plus en plus à la maturité. Je pense que cette année, ce sera très intéressant.

 

La prochaine étape, c’est Miss Franche-Comté le 20 octobre à Dole. Et ensuite, peut-être que le rêve se poursuivra jusqu’à Miss France. J’imagine que c’est tout ce qu’on peut te souhaiter !

Même si je ne gagne pas Miss Franche-Comté, j’ai déjà gagné tellement de choses. Je suis déjà gagnante aujourd’hui. Les gens qui me font avancer sont toutes ces personnes qui m’envoient des messages. J’essaye de répondre à tout le monde. C’est très compliqué, mais tous les soirs, je me donne 1h pour répondre, et si je n’ai pas le temps de finir, je recommence le lendemain, et ainsi de suite. C’est avec eux que j’avance, cette écharpe je leur dois, donc je ne peux pas me permettre de ne pas leur répondre. Ça risque d’être plus compliqué si jamais je suis élue par la suite. Mais le fait d’être proche de ces personnes, c’est quelque chose qui compte beaucoup pour moi. J’ai tout fait toute seule, et si un jour j’arrive à être sur le plateau de Miss France, je veux me dire que j’y suis parce que je me suis donné les moyens en étant seule. Je gère toute seule. J’ai payé mon permis, ma voiture, mes études, mon portable dès très jeune. J’ai énormément de soutien de mon entourage, mais je suis seule, j’organise tout, toute seule. Et je veux vraiment gagner en restant authentique, en mettant simplement en avant mon département et ma région.

 

Dernière modification le vendredi, 18 août 2023 15:12