Choix du secteur :
Se connecter :

Plan loup 2024-2029 : Des mesures qui ne passent pas pour les associations de l’environnement et de la biodiversité

Publié le 26 Sep. 2023 à 16:09
Tags: loup | groupe national loup | plan loup |
Lecture: min
Plan loup 2024-2029 : Des mesures qui ne passent pas pour les associations de l’environnement et de la biodiversité

Le gouvernement a dévoilé son nouveau plan loup 2024-2029 ce lundi à Lyon. Un plan qui a provoqué aussi bien la colère des associations de protection de la nature et des éleveurs. A l’issue de cette présentation, les associations de l’environnement et de la biodiversité ont même décidé de quitter le Groupe National Loup (GNL).

C’est lors d’une réunion à huis clos, à Lyon, que ce nouveau document été officiellement présenté par la préfecture de la région Auvergne-Rhône-Alpes aux membres du Groupe national Loup, dans lequel on retrouve notamment des associations de protection de la nature, des représentants du monde agricole, des élus ou encore des chasseurs. Mais ce lundi, bon nombre d’entre eux sont sorti déçus de cette rencontre. A commencer par les associations de l’environnement et de la biodiversité qui dénoncent un « plan pour l’élevage ». Denis Doublet, vice-président de Ferus, fait part de sa consternation. « Je suis tombé des nues. C’est un document qui est bâclé, qui est déséquilibré, qui n’a rien d’un plan national d’action en faveur d’une espèce […] C’est finalement un plan en faveur de l’élevage. C’est une immense déception. »

« Que les éleveurs puissent protéger leurs troupeaux, c’est absolument nécessaire. Ferus participe d’ailleurs à cette protection depuis plus de 20 ans, avec son programme Pastoraloup. Et on accepte, peut-être du bout des lèvres, qu’il y ait des tirs dérogatoires. Mais ces tirs doivent être l’extrême limite, quand on est absolument certain que tous les moyens ont été mis en place, sans fonctionner. Eventuellement, dans ce cas, on peut tirer un loup. Mais on n’est en plus là. C’est presque de la régulation, du prélèvement » déplore Denis Doublet. Ce plan loup 2024-2029 contient 42 principales mesures, dont certaines qui ont fait bondir les défenseurs de la nature. L’une d’entre elles est la simplification des tirs. Elle prévoit notamment un renforcement des prélèvements en début de saison, de façon à limiter les attaques durant la période d’estive. Le plan national d'action donne aussi la possibilité d’avoir deux tireurs sur le tir de défense simple, voire trois de manière exceptionnelle, après autorisation du préfet, selon critères objectifs comme la taille de l’estive. Par ailleurs, les louvetiers, qui pourront être déployés dans les 48 heures après une attaque, n’auront plus l’obligation d’éclairer avant les tirs, et pourront être dotés de lunettes thermiques quelque que soit le tir. Les éleveurs et les chasseurs pourront aussi bénéficier de matériel de vision nocturne. Les éleveurs pourront même être formés à la louveterie, afin qu’ils puissent accéder à des équipements dédiés. Enfin, le plan loup prévoit une augmentation du taux de prélèvement sur la période 2024-2029, si l’évolution de la population lupine le permet (possibilité de passer à 20 ou 21% de prélèvements en plafond). Actuellement 19% de la population de loups pouvait être abattue.

« On est dans une réelle augmentation des tirs, voire des prélèvements, avec un plafond qui ne tiendra pas longtemps. On est actuellement à 209, en fonction des chiffres des services de l’OFB, avec une estimation provisoire de 1104 loups. Mais quand en début de saison, il y aura au moins 150 loups tirés, à l’aide des 2700 arrêtés préfectoraux de tirs de défenses simple, et que l’on va très vite atteindre le plafond, que se passera-t-il ensuite ? Parce que le loup n’attaque pas les troupeaux uniquement lorsqu’ils sont en estive » questionne Denis Doublet.

 

Un changement de statut du loup ?

Outre cette intensification des tirs, les associations de l’environnement et de la biodiversité s’insurgent du souhait de reclasser l’espèce de « strictement protégée » à « protégée », au niveau international et européen, pour passer d’une logique de réaction (défense) à une logique de gestion (prévention). La goutte d’eau pour l'association Ferus, qui l’a mené à claquer la porte de la présentation de ce nouveau plan loup. « Ce qui veut dire qu’ensuite, une gestion cynégétique du loup pourrait être mise en place. Le loup deviendra une espèce chassable. On marche sur la tête. Autant dire, ce n’est plus le plan national loup et activités d’élevage. C’est un plan de sauvegarde du pastoralisme. Je ne vois pas comment des associations pouvaient accepter cela. C’est un gâchis de l’Etat. Il a cassé une dynamique » déplore Denis Doublet.

 

Mieux compter, mieux indemniser, et mieux protéger ?

Ce plan prévoit, entre autres, un recensement plus efficacement la population de loups, en appliquant « une nouvelle méthode d’évaluation de la population robuste scientifiquement, susceptible de nourrir la confiance entre les acteurs concernés par le loup et adaptée à un renforcement de la coopération européenne, tout en évaluant la viabilité génétique à l’échelle européenne de la population lupine". Le plan devrait aussi permettre une meilleure prise en compte des dommages indirects subis par les éleveurs du fait des attaques (pertes génétiques, avortements, disparition, etc.) et les éleveurs seront indemnisés sous 125 jours avec un accompagnement qui leur sera proposé. Enfin, ce nouveau plan prévoit une amplification de la recherche sur les moyens de protection des troupeaux, avec un budget de 2,5M€ sur la période 2024-2029. Un statut du chien de protection de troupeaux doit voir le jour, ainsi qu'une organisation de la filière de production des chiens.