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Ce mercredi matin, Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture, a indiqué qu’un arrêté sera publié, d’ici la fin de semaine, pour la mise en application d’un protocole régissant les tirs sur les loups menaçant les troupeaux, répondant ainsi à une demande qui avait été exprimée par « beaucoup d’éleveurs ».

Le Conseil fédéral a pris la décision d’autoriser, à compter du 1er décembre, les tirs de loup préventifs. Ils ne pourront être utilisés que si la meute représente un danger ou a causé des dégâts. Ils ne seront utilisés qu’entre le 1er septembre et le 31 janvier. Il est précisé que ces tirs seront soumis à l’autorisation de l’Office fédéral de l’environnement. Ces tirs pourront être autorisés l’été, mais sous certaines conditions.

En fin de semaine dernière, une nouvelle attaque de loup s’est produite dans le département du Doubs. Une vache a été attaquée par le prédateur à Chapelle-des-Bois. Il s’agit de la huitième attaque référencée sur le territoire  depuis le 13 juillet dernier.  Quelques jours après la présentation du plan loup, Florent Dornier, le président de la FDSEA du Doubs, attend une évolution du document afin qu’il soit le plus proche des préoccupations et des attentes des éleveurs.

La protection des troupeaux bovins est très insuffisante pour l’agriculteur. Il attend également des mesures plus franches dans les domaines des tirs et dans la publication d’un budget précis quant à l’accompagnement social des éleveurs. « C’est un plan loup en demi-teinte. Nous sommes mobilisés au sein de la FDSEA et la FNSEA pour le faire évoluer Â» poursuit M. Dornier. Et de conclure : « notre objectif est d’arriver, d’ici la fin de l’automne,  Ã  obtenir des avancées significatives Â».

Encore deux mois de pâturage

Si l’on se réfère à ce qui s’est passé l’an dernier, les animaux devraient occupés les prairies pendant deux mois encore, jusqu’au 1er décembre. Les conditions climatiques permettent cette prolongation, avec un redémarrage de la pousse de l’herbe  durant cette période.  Si l’on peut se féliciter de cette situation, elle reste néanmoins source d’inquiétude pour les agriculteurs, dont le cheptel reste sous la menace de potentielles attaques.

L'interview de la rédaction : Forent Dornier, président de la FDSEA du Doubs

 

Le gouvernement a dévoilé son nouveau plan loup 2024-2029 ce lundi à Lyon. Un plan qui a provoqué aussi bien la colère des associations de protection de la nature et des éleveurs. A l’issue de cette présentation, les associations de l’environnement et de la biodiversité ont même décidé de quitter le Groupe National Loup (GNL).

C’est lors d’une réunion à huis clos, à Lyon, que ce nouveau document été officiellement présenté par la préfecture de la région Auvergne-Rhône-Alpes aux membres du Groupe national Loup, dans lequel on retrouve notamment des associations de protection de la nature, des représentants du monde agricole, des élus ou encore des chasseurs. Mais ce lundi, bon nombre d’entre eux sont sorti déçus de cette rencontre. A commencer par les associations de l’environnement et de la biodiversité qui dénoncent un « plan pour l’élevage Â». Denis Doublet, vice-président de Ferus, fait part de sa consternation. « Je suis tombé des nues. C’est un document qui est bâclé, qui est déséquilibré, qui n’a rien d’un plan national d’action en faveur d’une espèce […] C’est finalement un plan en faveur de l’élevage. C’est une immense déception. Â»

« Que les éleveurs puissent protéger leurs troupeaux, c’est absolument nécessaire. Ferus participe d’ailleurs à cette protection depuis plus de 20 ans, avec son programme Pastoraloup. Et on accepte, peut-être du bout des lèvres, qu’il y ait des tirs dérogatoires. Mais ces tirs doivent être l’extrême limite, quand on est absolument certain que tous les moyens ont été mis en place, sans fonctionner. Eventuellement, dans ce cas, on peut tirer un loup. Mais on n’est en plus là. C’est presque de la régulation, du prélèvement Â» déplore Denis Doublet. Ce plan loup 2024-2029 contient 42 principales mesures, dont certaines qui ont fait bondir les défenseurs de la nature. L’une d’entre elles est la simplification des tirs. Elle prévoit notamment un renforcement des prélèvements en début de saison, de façon à limiter les attaques durant la période d’estive. Le plan national d'action donne aussi la possibilité d’avoir deux tireurs sur le tir de défense simple, voire trois de manière exceptionnelle, après autorisation du préfet, selon critères objectifs comme la taille de l’estive. Par ailleurs, les louvetiers, qui pourront être déployés dans les 48 heures après une attaque, n’auront plus l’obligation d’éclairer avant les tirs, et pourront être dotés de lunettes thermiques quelque que soit le tir. Les éleveurs et les chasseurs pourront aussi bénéficier de matériel de vision nocturne. Les éleveurs pourront même être formés à la louveterie, afin qu’ils puissent accéder à des équipements dédiés. Enfin, le plan loup prévoit une augmentation du taux de prélèvement sur la période 2024-2029, si l’évolution de la population lupine le permet (possibilité de passer à 20 ou 21% de prélèvements en plafond). Actuellement 19% de la population de loups pouvait être abattue.

« On est dans une réelle augmentation des tirs, voire des prélèvements, avec un plafond qui ne tiendra pas longtemps. On est actuellement à 209, en fonction des chiffres des services de l’OFB, avec une estimation provisoire de 1104 loups. Mais quand en début de saison, il y aura au moins 150 loups tirés, à l’aide des 2700 arrêtés préfectoraux de tirs de défenses simple, et que l’on va très vite atteindre le plafond, que se passera-t-il ensuite ? Parce que le loup n’attaque pas les troupeaux uniquement lorsqu’ils sont en estive » questionne Denis Doublet.

 

Un changement de statut du loup ?

Outre cette intensification des tirs, les associations de l’environnement et de la biodiversité s’insurgent du souhait de reclasser l’espèce de « strictement protégée Â» à « protégée Â», au niveau international et européen, pour passer d’une logique de réaction (défense) à une logique de gestion (prévention). La goutte d’eau pour l'association Ferus, qui l’a mené à claquer la porte de la présentation de ce nouveau plan loup. « Ce qui veut dire qu’ensuite, une gestion cynégétique du loup pourrait être mise en place. Le loup deviendra une espèce chassable. On marche sur la tête. Autant dire, ce n’est plus le plan national loup et activités d’élevage. C’est un plan de sauvegarde du pastoralisme. Je ne vois pas comment des associations pouvaient accepter cela. C’est un gâchis de l’Etat. Il a cassé une dynamique Â» déplore Denis Doublet.

 

Mieux compter, mieux indemniser, et mieux protéger ?

Ce plan prévoit, entre autres, un recensement plus efficacement la population de loups, en appliquant Â« une nouvelle méthode d’évaluation de la population robuste scientifiquement, susceptible de nourrir la confiance entre les acteurs concernés par le loup et adaptée à un renforcement de la coopération européenne, tout en évaluant la viabilité génétique à l’échelle européenne de la population lupine". Le plan devrait aussi permettre une meilleure prise en compte des dommages indirects subis par les éleveurs du fait des attaques (pertes génétiques, avortements, disparition, etc.) et les éleveurs seront indemnisés sous 125 jours avec un accompagnement qui leur sera proposé. Enfin, ce nouveau plan prévoit une amplification de la recherche sur les moyens de protection des troupeaux, avec un budget de 2,5M€ sur la période 2024-2029. Un statut du chien de protection de troupeaux doit voir le jour, ainsi qu'une organisation de la filière de production des chiens.

Le nouveau plan de régulation du loup « 2024 – 2029 Â» en France a été présenté ce lundi 18 septembre par l’État. Une liste de 42 mesures a été présentée aux membres du Groupe national loup. Son contenu est dénoncé de toute part. Parmi les mesures envisagées : une simplification des procédures de tirs, une augmentation du taux de prélèvement si l’évolution de la population lupine le permet et un réexamen au niveau européen du statut du loup, pour le faire passer d’espèce « strictement protégée » à espèce « protégée ».

Depuis 2018 un suivi spécifique des zones de présence permanente (ZPP) du loup est mis en place dans le département du Doubs. Les ZPP du Marchairuz et du Risoux ont d’ores et déjà été identifiées sur une zone partagée avec le département du Jura et le canton de Vaud en Suisse.

Le dispositif estival d’observation par piégeage photographique a été reconduit et renforcé cette année sous le pilotage de l’OFB avec la participation de partenaires tels que la fédération départementale des chasseurs du Doubs, l’Office National des Forêts et les correspondants du réseau de suivi loup-lynx. Une attention particulière a été portée sur le secteur de Jougne où la présence d’une troisième meute était suspectée. Ce vendredi, l’OFB vient de confirmer la reproduction du couple identifié sur ce dernier secteur avec la présence d’au moins un louveteau dont l’image a été capturée le 17 août 2023 par un piège-photo du dispositif de suivi. Une troisième ZPP sera donc officiellement instituée dans le département du Doubs d’ici la fin de l’été.

Le suivi biologique de la présence des grands prédateurs en France est réalisé au travers du réseau national loup-lynx piloté par l’office français de la biodiversité.

L’Office français de la biodiversité confirme la présence sur le secteur de Jougne de trois loups ( 2 mâles et 1 femelle) durant cet hiver. Néanmoins, en l’absence d’indices durant l’hiver précédent, cette zone ne bascule pas immédiatement en zone de présence permanente mais est classée dans les secteurs à surveiller. Le communiqué préfectoral indique que « le réseau loup-lynx suivra particulièrement cette zone durant cet été pour rechercher des éventuels indices de reproduction Â».

Il y a bientôt un mois, l’association Vigie Jura organisait une journée de formation à la surveillance des troupeaux à la ferme de la Batailleuse à Rochejean. Cette association souhaite faciliter la coexistence grands prédateurs/activités humaines en offrant un soutien aux éleveurs et bergers en zone de présence de grands prédateurs dans le Haut Doubs, en proposant la surveillance nocturne de troupeaux. Une quarantaine d’inscrits ont pu profiter de nombreux ateliers lors de cette journée qui s’étalait de 10h à 22h.

Lise Vurpillot, artiste peintre, a fondé avec Thierry Billey, pompier à la retraite, et Angélique Didelot, neurologue, l’association « Vigie Jura Â». Elle mène des actions très similaires à celles d’Oppal (Organisation pour la protection des Alpages), une association suisse, qui propose à des bénévoles de faire de la surveillance de nuit sur des zones abritant le loup. « On a découvert cette association il y a 2 ans, qui se déploie notamment sur le Marchairuz et le Mont Tendre. Et on s’est dit qu’il manquait quelque chose dans le Jura français, qu’il n’y avait pas d’association qui proposait la même chose. On est né suite à ça, ainsi qu’à la demande des éleveurs et des bergers qui sentaient que la pression montait, et qu’il n’y avait pas forcément de réponse d’association. Cette année, il y a aussi Ferus qui répond, et nous qui essayons de faire vivre notre association par nos propres moyens » indique Lise Vurpillot.

 

Des ateliers variés

Une quarantaine d’inscrits se sont donc retrouvés à la ferme de la Batailleuse à Rochejean, de 10h à 22h. Après une présentation de l’association, les volontaires ont pu assister et participer à de nombreux ateliers, animés par des professionnels du sujet. Que ce soit une éthologue détaillant et expliquant le retour du loup en France et en Europe, ainsi que sa biologie et son comportement. Un représentant de l’Institut de l’élevage, référent chien de protection dans notre région. Manon Riblet et Fanny Maillard, les deux vachères de la Batailleuse, qui présentaient les bons gestes à avoir avec le troupeau. Un atelier de sécurité en montage et de premiers secours, les bénévoles étant amenés à se trouver la nuit dans la montagne. Ou encore l’atelier de Vigie Jura, présentant les équipements fournis aux bénévoles et leur utilisation, ainsi que le protocole à respecter si on aperçoit un loup à la caméra thermique, s’approchant ensuite du troupeau.

 

Des nuits de surveillance des pâturages

Les volontaires vont apprendre à dissuader le loup d’approcher les troupeaux, avec des nuits de gardiennage qui débuteront lors de la transhumance estivale. A tour de rôle et en binôme, ces bénévoles participeront à la surveillance, en allant passer des nuits sur le pâturage d’été des éleveurs qui le souhaitent. Equipé d’une caméra thermique, l’un d’entre eux filmera tout ce qu’il se passe, afin d’observer la bonne utilisation du protocole. Ces bénévoles en surveillance font aussi partie de différentes études, comme celle menée par l’OFB, dans le projet Life WolfAlps, mais également avec le WWF à Chamonix. « On s’échange toutes les bonnes pratiques. On aimerait faire une communication globale en France pour essayer de rapatrier des bénévoles. Ce qui est bien à la Batailleuse, c’est qu’on les a mis en contact avec une personne dans le Bugey, qui lui a développé des colliers d’effarouchement. C’est un collier pour 5 bovins, et dès que la génisse ou le veau court à cause d’un potentiel prédateur, le collier va se mettre en marche, et diffuser à la fois des sons et des lumières. Grace aux bénévoles, on va observer si le collier fonctionne bien, et comment il se déclenche Â» indique Lise Vurpillot.

 

Des solutions viables

« A partir du moment où il y a de la présence humaine, il n’y a pas de nouvelle attaque de loup. Oppal l’a prouvé dans la zone qu’ils couvrent, et cela a aussi été prouvé les Pyrénées. Et puis, ça a permis de créer 1000 nouveaux métiers de bergers. La question d’être pour ou contre le loup n’a pas lieu d’être. C’est plutôt une question de société. Le but n’est pas de laisser les gens de l’élevage dans le désarroi, parce que psychologiquement c’est dur. Il faut savoir ce qui fonctionne, ce qu’on peut mettre en place, et donner les moyens d’avoir des bergers. On sait que cette cohabitation peut s’effectuer à partir du moment où on donne les moyens de protection. Ça peut aussi passer par le mélange des vaches plus âgées et plus jeunes, par la surveillance menée par des bergers, avec ce fameux collier, avec les chiens de protection qui sont très efficaces. Il y a pas mal de solutions. On ne dit pas qu’une seule solution est possible, il y en a plusieurs. C’est pour ça que tout ce qu’on fait est soumis à étude, pour voir ce qui marche et ce qui fonctionne moins bien. Il y a certainement des moyens de protection qui fonctionneront dans Alpes mais pas dans nos massifs, tout est à essayer Â» souligne Lise Vurpillot.

 

Lors de cette journée, les interventions et les ateliers étaient filmés. Les bénévoles qui n’ont pas pu être présent et les personnes qui souhaitent venir faire de la surveillance de troupeaux pourront avoir accès à ces démonstrations, et Vigie Jura pourra réaliser à nouveau une courte formation en présentielle, afin de présenter la bonne utilisation du matériel.

 

500 personnes se sont rassemblées ce samedi après-midi, sur le parking Battant, à Besançon, pour « défendre le loup et la biodiversité Â». « Stop aux tirs de loup Â», « Pour une montagne vivante Â», « I love loup Â», « Préfet ne touche pas à mon loup Â», … tels sont les slogans qu’ont crié et chanté les manifestants. Venus de toute la Franche-Comté, de l’Ain, de Grenoble, de Valence, de Suisse, les participants ont déambulé dans les rues de Besançon. Lors du parcours, ils ont symboliquement réalisé une minute de silence en hommage aux 174 loups qui seront abattus cette année, comme l’autorise la loi. Par ailleurs, malgré le refus du Préfet du Doubs de les recevoir, ils ont manifesté devant la préfecture, où ils ont déposé une gerbe de fleurs et un courrier qui aurait dû être remis au représentant de l’état.

L'interview de la rédaction / Patrice Reydelet - Militant pôle grand prédateur

 

MANIF LOUP 13

« Un préfet sous la pression du lobbying agricole Â» ?

Les manifestants en sont convaincus, Jean-François Colombet, le préfet du Doubs, « subit la pression des représentants locaux de la FDSEA du Doubs Â». Ecartés de l’instance mise en place par l’Etat, les défenseurs du loup dénoncent une volonté affichée et claire de ne pas vouloir les associer à la réflexion en cours, au niveau des services de l’état. « Il n’y a plus de négociations possibles avec les autorités. Révoltons-nous. Notre seul salut passe désormais par une écologie de combat Â» analyse Alain Prêtre. Dans sa ligne de mire, le préfet du Doubs, et notamment sa dernière campagne de recrutement de louvetiers, la politique d’Emmanuel Macron, et les 80 millions d’euros de subventions accordées aux chasseurs, les agriculteurs et les chasseurs.

L'interview de la rédaction : Fabrice Monnet, créateur du collectif "Defend The Wolf", dans le Jura Suisse

 

MANIF LOUP 11

La filière comté dénoncée

Une lettre a été déposée en préfecture. Dans cet écrit, les défenseurs du loup demandent une politique volontariste en matière de protection des élevages, type patous et clôtures électriques, l’abandon des tirs létaux, la fin de l’omerta sur les impacts de la filière comté sur l’environnement, la modification du modèle agricole en place, le développement d’un écotourisme… .

MANIF LOUP 2

Cette manifestation pacifique et bon enfant, même si la détermination et les valeurs défendues étaient bien réelles, s’est conclue sur la place Granvelle, au centre-ville. Pour clore cet après-midi revendicatif, les responsables d’association étaient invités à prendre la parole pour exprimer leurs doléances.

Alors qu’une manifestation est programmée ce samedi 11 mars, à 14h30, au départ du parking Battant, à Besançon, pour défendre le loup et la biodiversité, ses organisateurs expriment leur colère ce vendredi soir. Le préfet du Doubs qui, pourtant, avait donné son accord pour recevoir une délégation, à l’issue du rassemblement, s’est semble-t-il ravisé.  

Selon les organisateurs, le représentant de l’état aurait invoqué le fait que  Â« le Pôle grands Prédateurs, co-organisateur de la manif avec le Collectif Loup Massif du Jura, est une association jurassienne et non reconnue au niveau national Â». Ces derniers prennent cette décision comme « une déclaration de guerre Â».