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Après 2 années de travail collaboratif avec de nombreux acteurs du massif du Jura, la première aire de bivouac dans les Montagnes du Jura a été inaugurée le 27 septembre dernier. Baptisée « La Halte Â», celle-ci comporte une plateforme de bivouac, une cabane refuge et des toilettes sèches. Dans une logique de 4 saisons, elle accueillera des randonneurs été comme hiver, mais aussi d’autres usagers. La Halte se trouve au lieu-dit Les Seignes, sur la commune des Gras.

Il s’agit du premier prototype de ce genre installé dans le Doubs. Après plus d’une année de travail avec les étudiants de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon, des bureaux d’études et de la filière bois, « La Halte Â» a été inaugurée au lieu-dit Les Seignes.

« L'objectif premier c'est vraiment de pouvoir accueillir les randonneurs GTJ (Grandes traversées du Jura) quel que soit le type de randonnée, et en même temps d'avoir un équipement 4 saisons. Puisque c'est également un lieu de départ de site nordique. L'idée, c'est d’avoir un accueil toute l'année, pour ces nouvelles clientèles de plus en plus nombreuses sur le massif, tout en répondant à une problématique, notamment sur certains tronçons, qui est le manque d'hébergement Â» indique Alain Langelez, chef de projet Avenir Montagne pour les associations Grandes traversées du Jura et Espace Nordique Jurassien.

Constitué d’une cabane-abri, d’une plateforme de bivouac et de toilettes sèches, l’objectif de cette aire est de tester les équipements auprès des usagers afin de les améliorer et de les diffuser plus largement. Ce projet hybride peut faire partie d’une des solutions pour pouvoir accueillir les nouvelles clientèles. Avec l'idée de pouvoir couvrir au mieux le territoire et les sentiers GTJ, comme les sites nordiques qui s’étendent tout au long du massif du Jura, en s'appuyant sur les hébergeurs déjà existants, mais qui manquent souvent de place sur certaines périodes pour accueillir les randonneurs à la nuitée. « C’est un des problèmes, des gens pratiquent alors le bivouac sauvage, ce qui met une pression supplémentaire sur les milieux naturels. Il y a vraiment une logique d'encadrer les flux et les pratiques, plutôt que d'en arriver à les interdire. L'idée de ces solutions hybrides est de pouvoir s'implanter dans des lieux où il n'y a pas d'hébergement, et à d'autres moments, de s'appuyer sur des structures existantes pour pouvoir développer ce projet Â» ajoute Alain Langelez.

 

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Comme l’explique le chef de projet, la logique est aussi d'avoir des équipements qui peuvent servir toute l’année, et pas uniquement d'une manière saisonnière. Cet équipement n’est d’ailleurs pas seulement réservé aux randonneurs, même s’ils restent la priorité. On peut aussi l'utiliser pour faire des pique-niques en famille, comme c’est déjà le cas avec des locaux qui sont venus profiter de l'équipement. « C'est un usage qui sera partagé. L'accès est gratuit pour le moment puisque c'est sur des sites publics, et tant qu’il n’y a pas un développement du projet à l'échelle du massif, on ne va pas mettre de système de réservation en place, puisque c'est assez coûteux. L'idée, c'est vraiment que ce soit un lieu de partage et d'autogestion. Bien sûr il y aura un entretien réalisé par la commune, mais à charge aussi des participants d'être respectueux du lieu et des autres usagers Â» précise Alain Langelez.

« Les structures ont été créées par un charpentier du Doubs. Un des points forts du projet est d'utiliser les ressources locales. Ici, nous avons eu recours à du bois de sapin et d'épicéa Â»

Il y aura 3 sites pilotes sur le massif du Jura ; un par département. Le premier, « La Halte Â» dans le Doubs, et vont suivre ceux du Jura et de l’Ain, avec une aire à Foncine-le-Haut et une au Col de Cuvery. Le budget de « La Halte Â» s’élève environ à 50.000€. Mais elle reste pour l’heure, une expérimentation et un prototype. « Donc forcément, il y a un coût supplémentaire. Mais aujourd'hui on rentre justement dans cette phase de chiffrage auprès des professionnels. L'idée, c'est vraiment de tester auprès des usagers. On a d’ailleurs mis en place un petit questionnaire avec un flash code qui permet de répondre à une enquête en ligne. Les retours sont très importants parce que ça nous permet de faire évoluer le produit si nécessaire. Et ce sera forcément nécessaire Â» conclut Alain Langelez.

 

Les vacances d’hiver ont commencé dans le massif du Jura. Malgré le manque de neige, les touristes sont présents. Il faut bien avouer que les stations, comme à Métabief,  mettent tout en Å“uvre pour les accueillir dans les meilleures conditions. Pour ces familles et amis, on vient tout d’abord profiter d’un endroit paisible et reposant. On se réoxygène en pratiquant le ski, tout en programmant d’autres sorties en pleine nature. Le Haut-Doubs regorge d’atouts qui s’adressent à tous les publics

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Un début de saison convainquant

A ce jour, 70% du domaine est ouvert à Métabief. La qualité de la neige reste encore à améliorer, mais les conditions actuelles permettent aux touristes et vacanciers de profiter pleinement des plaisirs de la glisse. « Nous ne serons entièrement satisfaits que lorsque le domaine sera ouvert à 100%,  mais les conditions sont agréables. Nous avons une neige suffisante, en quantité suffisante. Des endroits concentrent plus de 80 centimètres de neige en cumulé. Il y a des secteurs qu’il faut privilégier ou éviter à certains moments de la journée Â» explique Julien Vrignon, le directeur des offices de tourisme du Haut-Doubs.

Le reportage de la rédaction

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Les réservations

L'interview de la rédaction / Julien Vrignon, directeur des offices de tourisme de Métabief

Pour cette première semaine de vacances à la neige, Métabief et ses alentours  affichent un taux de réservation de près de 80%. Cette statistique est encore plus importante sur les secteurs de Mouthe / Chapelle des Bois. Concernant les deux prochaines semaines, jusqu’au 26 février, le taux d’occupation devrait approcher les 100%. Pour la dernière semaine, entre le 27 février et le 5 mars, il reste des disponibilités. Un contexte qui devrait évoluer positivement en fonction de la météo.

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La neige se fait désirer cette année dans le Massif du Jura comme partout ailleurs. Néanmoins, cette absence n’a pas empêché la station de ski de Métabief d’ouvrir ses portes du 17 décembre jusqu’au 1er janvier. Si cette ouverture était inespérée, quelques skieurs ont pu dévaler les pentes du Morond malgré une cruelle absence de neige et des températures frôlant les 15 degrés. Mais les activités nordiques et de glisse ne sont pas les seules à être proposées dans le Massif du Jura. Pour Julien Vrignon, directeur de l’office du tourisme du Pays du Haut-Doubs, bien d’autres alternatives sont possibles. Sites touristiques, fromageries, activités de pleine nature, VTT, marche à pied, tout est possible dans une station qui tend à devenir une station 4 saisons au fil des années.

Ces dernières semaines, les pistes étaient d’herbe, légèrement parsemées de neige de culture. Les flocons n’auront pas abondé en cette fin d’année, mais pas de quoi tirer la sonnette d’alarme pour Julien Vrignon, tant les alternatives sont nombreuses, au sein d’une station « de montagne Â» et pas uniquement une station « de sport d’hiver ou de ski Â». Malgré une baisse de chiffre d’affaires par rapport au mois très enneigé de décembre 2021, le directeur de l’office du tourisme du Pays du Haut-Doubs se veut rassurant. « Au regard des dix dernières années, ce manque de neige n’est pas une situation exceptionnelle. Parce que sur la période de Noël ou sur le mois de janvier, on l’a déjà connu, on l’a déjà vécu. On a déjà eu des Noël sans neige. Cette saison, on en a eu pendant la première semaine des vacances scolaires où on a pu pratiquer assez facilement le ski alpin. Sur la deuxième c’était un peu plus réduit. Par contre on n’a pas eu d’activités nordiques proposées. Et pendant ces vacances de Noël, on a eu une offre touristique qui a pu « profiter Â» de ce manque de neige. Le Fort Saint-Antoine a fait le plein tout comme de nombreuses autres activités en extérieur. On a même eu des activités de VTT proposées sur la dernière semaine des vacances de Noël qui ont trouvé leur public Â» explique Julien Vrignon. « Quand il n’y a plus, ou pas suffisamment de neige pour pratiquer, ça se répercute sur d’autres activités, en intérieur ou en pleine nature Â» souligne le directeur de l’office du tourisme du Pays du Haut-Doubs.

« Le territoire du Haut-Doubs a quand même cette résilience qui est de plus en plus forte face à ce manque de neige. On est aujourd’hui sur un territoire qui est beaucoup plus réactif qu’il ne l’a été les années précédentes. Il y a cinq, dix ans, on était mois en capacité de réagir face à ce manque de neige. Et aujourd’hui, on se met en transition, et on transforme un peu notre modèle économique, tout en prenant en compte le changement climatique Â» Julien Vrignon, directeur de l’office du tourisme du Pays du Haut-Doubs.

S’adapter, le maître-mot

Si les images des webcams déposées aux sommets des stations du Massif du Jura manquent cruellement de blanc, alors qu'à la même époque l'année dernière les pistes étaient bien garnies, il faudra s’habituer à ces situations. A Métabief, le changement climatique et l’incertitude de la météo dirige désormais la station vers une station de montagne, et plus uniquement sur une station de sport d’hiver ou de ski. « Le modèle est en train de se transformer, et c’est plutôt de bon augure. Alors ça exige et ça oblige évidemment tout le tissu économique à s’adapter. C’est un travail de fond qui s’engage individuellement pour chaque professionnel, qui lui, doit se poser des questions. Ensuite il doit trouver des réponses, en associant parfois des prestataires d’accompagnement. En tout cas, ça oblige à travailler de manière collective, afin de trouver des solutions qui correspondent aujourd’hui aux besoins des clients, même face aux aléas climatiques Â» explique le directeur de l'office du tourisme du pyas du Haut-Doubs. C’est l’ambition de la station de Métabief : devenir cette station de montagne où l’on peut pratiquer des activités de pleine nature toute l’année, en fonction des saisons, des opportunités qui se présentent, avec ou sans neige, avec ou sans beau temps, en intérieur comme en extérieur. « Je dirais aux touristes de venir et de revenir ! C’est ce qui est intéressant, on a un territoire avec une très forte capacité de réactivité, afin de proposer des activités très rapidement, avec neige quand il y en a, et sans neige quand il n’y en a pas » souligne Julien Vrignon.

 

Ilias Harkate a 25 ans, il est passionné par la nature et la faune sauvage depuis plus d’une dizaine d’années. Et plus particulièrement de ce félin mystique qui rôde dans nos forêts, le lynx boréal. Après avoir réalisé cinq années d’études dans l’environnement, le jeune homme a décidé de consacrer tout son temps à sa quête naturaliste. Après une première observation en 2020 sur ses caméras, puis un premier contact visuel un an plus tard, Ilias a depuis multiplié les rencontres avec ce félin. Il partage ses aventures et anecdotes de terrain sur sa chaîne Youtube et son compte Instagram. La rédaction a pu s’entretenir avec lui.

 

Bonjour Ilias, est-ce qu’en quelques mots, tu pourrais te présenter ?

Bonjour, je suis photographe-vidéaste animalier, et je suis passionné par la nature et la faune sauvage depuis mon adolescence. Je m’intéresse à une espèce emblématique de notre région, le lynx boréal. Je rêvais de le rencontrer, le voir, l’observer. Ma passion s’est nourrit au fil du temps en cherchant cette espèce, et ça m’a ouvert à toute la nature. D’année en année, j’ai voulu y consacrer plus de temps. J’ai donc lancé une série vidéo sur le lynx, qui est composée de 4 épisodes, où j’explique ma quête du début jusqu’à l’observation. J’ai mis 6-7 ans avant de le voir. Depuis quelques temps, j’ai réussi à mettre la main sur un territoire, donc les observations se sont enchaînées ces dernières années, même si ça reste encore très rare.

 

Cette passion particulière du lynx, comment est-elle née ?

C’est intérieur je dirais. Il y a vraiment quelque chose qui est né quand j’étais en 4ème, en section environnement au collège. On a fait un voyage dans les Alpes du Sud, dans un endroit où il y avait des loups. Donc on se baladait de temps en temps, et j’ai senti que j’étais plus attentif que les autres, ça m’a tout de suite fasciné. Et puis j’ai entendu parler du lynx pour la première fois. Quand je suis rentré chez moi en Franche-Comté, et que j’ai compris que le lynx était présent dans notre région, dans nos forêts, qu’il avait déjà été observé dans mon village, je me suis dit que c’était incroyable. Qu’il y avait « une panthère Â» dans nos forêts. C’est comme ça que je le voyais. Je me suis dit que dès j’aurais du temps, je mettrais tout en Å“uvre pour l’observer.

 

 

Partir en quête du lynx est une mission plutôt difficile. Comment se sont passés tes débuts ?

Le village où j’habitais n’était pas un endroit où il était présent régulièrement, donc je m’en suis tenu à chercher la faune sauvage, approcher les chevreuils, chercher des traces. En parallèle de mes études, j’ai fait ça pendant quelques années. Et puis au lycée, l’envie était grandissante. J’ai donc commencé à faire des stages liés à la faune sauvage pour me rapprocher de ce domaine. Puis en BTS, je devais réaliser un stage de deux mois, que j’ai fait en Pologne. J’ai donc passé deux mois en autonomie dans un parc national, à la recherche de grands prédateurs. Ça a été révélateur pour moi, parce que quand je suis rentré, je me suis rendu compte que c’était ce que je voulais faire : consacrer ma vie à tout ça, faire de la recherche, de la prospection de terrain, en me disant que ce serait bien de retranscrire ce travail en photo et vidéo.

 

« C’est une quête longue, mais passionnante. Parce qu’il est vraiment difficile à observer. J’ai appris ces dernières années, qu’on n’est pas forcément au mauvais endroit quand on le cherche et qu’on ne le trouve pas. Il nous voit beaucoup plus souvent que nous, et il est beaucoup plus adapté à notre présence qu’on ne l’imagine. Ça m’a fasciné de me dire qu’il pouvait être là, sans que je le vois Â»

 

C’est un travail très chronophage, tu as dû passer un nombre incalculable d’heures sur le terrain.

Ça fait à peine 3 ans que je pose des caméras, et pourtant ça fait 6-7 ans que je me balade en forêt partout dans la région. J’avais ma paire de jumelle, même pas d’appareil photo, et j’essayais de me documenter, je regardais les articles sur internet. Quand quelqu’un voyait le lynx, j’essayais de regarder où est-ce que c’était. Je me baladais dans tous les endroits où il aurait pu être observé. Et je cherchais des traces, des crottes, des indices de présence. Oui j’ai passé un temps fou à chercher, avec une envie qui devenait de plus en plus grande. C’est après que j’ai eu envie d’avoir des caméras, en me disant que même sans être là, je pourrais avoir des infos. C’est un outil très intéressant pour ça. Et en 2020, j’ai enfin mon premier passage devant un piège photo, qui n’avait pourtant rien donné pendant un an. Dès ce premier passage, je n’ai plus bougé. J’ai exploré ce territoire, très grand, très vaste, en posant d’autres caméras pour obtenir plus d’informations. Une, deux, puis trois. Et en 2021, j’ai eu ce premier contact, cette première observation de mes propres yeux.

 

Est-ce que tu peux nous raconter ce premier contact, qui devait être un moment magique pour toi.

La première est toujours marquante. On ne sait jamais comment ça va se passer. Encore aujourd’hui, je me construis mille scénarios chaque fois que je vais dans les bois, et ça ne se passe jamais comme je l’imagine. Sauf quelques rares fois à l’affut. C’était un moment très fort, je l’attendais, c’était la période des amours au mois de mars. Je l’ai entendu pour la première fois feuler, un chant pour appeler la femelle. Je l’entends donc sans le voir, et je décide de me mettre à l’affut. Je l’aperçois alors, dans l’appareil photo, au loin. Et puis, quelques jours plus tard, je reviens sur ce lieu, et je le vois à 5-6m de moi, en train de m’observer. Je ne l’avais même pas vu arriver. Et quand on le voit une première fois, on a qu’une seule envie, le revoir encore et encore. Et de tout mettre en œuvre pour que ça arrive dans les meilleures conditions.

 

Apercevoir un lynx si près, ça doit être impressionnant.

C’est aussi ce qui est fascinant. On a parfois tendance à croire qu’il accepte notre présence. Peut-être que ça peut arriver, mais la curiosité joue aussi beaucoup. On peut le voir de très près, sans qu’il parte immédiatement. Il peut nous observer quelques secondes, voire quelques minutes, et partir tranquillement. Mais ce qu’il s’est passé ce jour-là, c’est que j’étais arrivé avant lui, dans un endroit où il allait passer, et toutes les conditions concordaient pour que je le vois d’assez près. Il m’a regardé quelques secondes, puis il est parti tranquillement, puisqu’il était surpris de me voir.

 

Où peut-on retrouver et suivre tes aventures ?

Je partage une grosse partie de ma quête sur Youtube. J’ai 4 épisodes où j’explique tout ce que je fais, chronologiquement. Et sur mon Instagram, Facebook, je publie des storys assez régulièrement pour partager mes anecdotes de terrain. Je suis photographe-vidéaste animalier, c’est un moyen pour moi d’essayer d’en vivre, mais surtout un outil pour partager mes émotions, et mettre en avant la faune sauvage à travers l’image. Je ne suis pas passionné par la photo à la base. Ce qui me passionne vraiment, c’est la recherche, la prospection de terrain, la récompense, toute cette faune sauvage qui m’inspire. J’ai aussi un site internet où je publie quelques images que je mets en vente à certaines périodes de l’année.

 

 

Il s’agit actuellement de ton activité principale ?

Pour l’instant c’est mon activité principale et j’essaye d’en faire mon métier. J’aimerais que ça se développe parce que c’est pas facile d’en vivre, mais c’est le défi. Ce n’est pas facile tous les jours, c’est comme ça quand on se lance en indépendant, ça prend toujours du temps. Et j’ai fait le choix de gérer les choses seules et d’être sur le terrain seul. Donc ça prend forcément plus de temps.

 

Aujourd’hui, tu te focalises uniquement sur le lynx ? Ou est-ce que d’autres espèces t’intéressent aussi ? Tu évoquais tout à l’heure les grands prédateurs.

Je m’intéresse à beaucoup d’espèces. Je parle du lynx parce qu’au départ il s’agit de ma principale motivation. Et c’est ce que je partage le plus car c’est l’espèce qui me passionne le plus. Mais tous les jours je m’intéresse aussi aux autres espèces, et c’est presque obligatoire. Dernièrement, ça m’est arrivé de ne pas voir le lynx pendant 8 mois. Sur le terrain je vois d’autres choses, donc je ne nourris de tout ce qu’il se passe à côté. J’ai passé beaucoup de temps avec les rapaces nocturnes l’an dernier, beaucoup de prospection pour les chouettes, le hiboux grand-duc, je vois beaucoup de chamois, toute la faune sauvage de notre région m’intéresse. Cet été, j’ai passé aussi du temps sur le loup, qui commence à revenir, et comme le lynx, il est très difficile à observer.

 

Comment vois-tu ton avenir proche, quels sont tes futurs projets ?

J’ai toujours mon projet sur le lynx qui occupe la plupart de mon temps. Donc pour l’instant on va dire que je suis concentré là-dessus. Et j’ai des idées, beaucoup d’envie, comme l’Europe de l’Est qui m’attire énormément. Pendant mes deux mois passés en Pologne il y a quelques années, je n’étais pas encore équipé, j’avais moins d’expérience, donc peut-être qu’après ce projet lynx, j’irai voyager un peu. Pour l’instant, rien n’est encore bien défini, mais j’ai beaucoup d’idées et d’envie.

 

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter à l’avenir ? Encore plus de rencontres avec le lynx ?

Oui plus de rencontres, d’en apprendre encore un peu plus sur ce félin, et surtout essayer de promouvoir toute cette faune sauvage, de montrer l’importance qu’elle a. Parce qu’au-delà de ma passion qui est assez intérieure et peut-être égoïste, il y a aussi l’enjeu de montrer qu’on ne peut pas négliger l’importance de cette faune sauvage et la beauté de la nature. Je pense qu’il ne suffit pas d’être passionné pour être émerveillé par tout ce qu’il y a autour de nous. Beaucoup de personnes seraient très surprises de voir ce qu’il se passe dans nos forêts, à quelques pas de chez nous.

 

Il y a quelques semaines, la rédaction s’entretenait avec Gilles Benest, président de France Nature Environnement Doubs, et biologiste. Ce dernier déplorait les récents tirs létaux effectués sur le loup. Une des raisons principales ? « Des tirs sur n’importe qui, pouvant désorganiser la meute, et accentuer les effets de prédation Â». Gilles Benest évoquait aussi une thèse faisant le bilan de tous les tirs réalisés sur le loup France, démontrant qu’on ne peut pas prévoir si les résultats seront favorables, défavorables ou neutres. 

 

« On a eu le calme pendant une dizaine de jours, et puis ça a recommencé Â»

« Si on veut amener le loup à ficher la paix aux troupeaux sans le tuer, il faut qu'on connaisse parfaitement les meutes, la hiérarchie, il faut qu'on identifie les individus. C'est ce que font les Suisses sur Marchairuz par exemple. A ce moment-là, vous pouvez savoir sur quel loup il faut agir pour que la meute ne vienne plus vers le troupeau. Ça on ne le sait pas aujourd’hui, parce qu’on n’a pas anticipé. Alors qu’on sait depuis plus de 20 ans que le massif du Jura serait un territoire de colonisation du loup Â» souligne Gilles Benest.

Le mardi 20 septembre, vers 22h40, un binôme de lieutenants de louveterie a procédé au tir létal d’une louve sur une parcelle où un troupeau avait été prédaté dans la nuit du 18 au 19 septembre aux Longevilles-Mont-d’Or. Un tir réalisé alors que trois loups étaient observés en situation d’attaque sur le troupeau d’un GAEC concerné. Une situation provoquant la colère des défenseurs du loup. « On tire n'importe quoi, n'importe comment. Une thèse récente a démontré, lorsque l’on fait le bilan de tous les tirs qui ont été faits en France face au loup, qu’on ne peut pas prévoir si les résultats seront favorables, défavorables ou neutres. Le fait que ce soit une louve qui avait déjà porté, montre que c'était probablement une femelle dominante. Probablement, je reste prudent. Si vous vous débarrassez de la femelle dominante, vous désorganisez la meute, et vous accentuez les effets de prédation. C'est ce qu’il s'est passé. On a eu le calme pendant une dizaine de jours, et puis ça a recommencé Â» confie Gilles Benest.

 

Une thèse sur les tirs dérogatoires de loups en France 

Les prédations sur le bétail, appelées déprédations, ont augmenté depuis la recolonisation du loup. Dans notre région, elles concernent principalement les bovins. Ce phénomène crée des conflits entre la conservation du loup et les activités d’élevage. En plus des indemnisations et des subventions pour les mesures de protection des troupeaux, la France a ajouté un autre outil de gestion, les prélèvements létaux de loups. Mais l'incertitude persiste au sujet de l'efficacité des mesures létales pour réduire la déprédation, que cela soit en France ou ailleurs où elles sont appliquées.

 

Extrait de cette thèse : 

« Deux hypothèses contradictoires s'opposent. La première soutient que les mesures létales sont efficaces par la réduction de la population et la sélection de loups moins enclins à la déprédation. La deuxième hypothèse soutient que ces mesures sont contreproductives car cela déstabilise la stabilité des meutes et en retour augmente les besoins des loups de dépendre sur le bétail. La raison de cette incertitude est la combinaison d'un faible nombre d'études sur le sujet, avec une faible inférence scientifique qui conduit à des résultats contradictoires. De plus, la plupart des études s'est concentrée sur la situation nord-américaine. Mon travail consistait à réduire l'incertitude de l'effet des mesures létales sur les déprédations réussies et observées sur les moutons en France. Nous avons adopté deux approches. Premièrement, nous avons choisi une approche de modélisation individu-centrée pour étudier la dynamique complète des mesures létales sur la structure de la population de loups et des déprédations. Nous avons intégré les mécanismes biologiques, tels que la dissolution des meutes, jamais intégrés auparavant. Nous avons testé différents scénarios de comportement de déprédation des loups. Notre modèle soutient que les mesures létales modélisées ont été efficaces pour réduire les déprédations par la réduction de la population 1) quand la probabilité de déprédation augmente pour les loups en meute à cause de besoins énergétiques plus élevés ou 2) quand, en plus, elle augmente aussi pour les loups adultes et avec la taille de la meute, reflétant les capacités de chasse. En revanche, notre modèle ne nous a pas permis de conclure sur les effets quand les probabilités de déprédation diminuent pour les adultes ou avec la taille de la meute. Deuxièmement, nous avons analysé les effets de la mort de loups sur les niveaux de déprédation en France avec les données de l'administration. Nous avons développé une méthodologie basée sur les calculs par noyaux. Nous concluons que les effets des tirs en France ont été hautement variables selon le contexte. La majorité des effets n'impliquaient pas de changement, le restant des effets étant une réduction des déprédations puis une augmentation. Les reports spatiaux de déprédations n'étaient en majorité pas suspectés. Enfin, nous avons ajouté une analyse rétrospective du pattern spatial de déprédation en France, en ajustant pour les distributions spatio-temporelles des moutons ainsi que la taille des troupeaux. Nous concluons que les points chauds ne résultaient probablement pas du seul facteur de la territorialité des loups, car d'autres facteurs doivent participer à leur formation. Nous observons que le risque de déprédation s'homogénéisait au fil du temps dans l'arc alpin. La méthode nous a permis de repérer les petits points chauds (avec de petits troupeaux ou pâturant peu de temps), et qui n'auraient pas été détectés avec l'actuelle méthode appliquée par l'administration. Ainsi, ce travail montre que dans le contexte local lié à l'environnement, au loup ou au pastoralisme a besoin d'être considéré pour la gestion des attaques, car il est peu probable que les tirs de loup aient un effet unique sur les loups et la déprédation.

 

Retrouvez l’intégralité de cette étude : https://www.loupfrance.fr/wp-content/uploads/Article-Faune-sauvage-tirs-derogatoires-de-loups-en-France.pdf

 

Le sujet du loup fait couler beaucoup d’encre depuis quelques mois. A leur plus grand regret, les associations de la protection de la nature et de l’environnement se sentent exclues du dialogue. Souhaitant la protection du loup, elles tiennent aussi à protéger les éleveurs. Nous nous sommes entretenus avec Gilles Benest, président de France Nature Environnement Doubs, et biologiste.

 

En ces temps délicats, quel est le positionnement de France Nature Environnement Doubs concernant le loup ?

Pour nous ce n’est pas délicat si le dialogue peut exister. Nous voulons que le loup perdure. C’est un animal indispensable par son rôle écologique à la biodiversité que nous défendons tous. Et quand je dis tous, je comprends tous les citoyens. Evidemment, nous tenons aussi à ce que cela soit fait avec la profession d’éleveur, dont nous souhaitons qu’elle perdure.

 

Comment expliquer ces attaques survenues récemment ?

D'abord, je n’utiliserais pas le terme « attaquer Â», mais « prédater Â». Les prédations sur les bovins sont connues depuis déjà longtemps, dans les Alpes en particulier. On n'y a pas accordé beaucoup d'attention. Le loup se nourrit avec ce qu'il a sous la dent. Peut-être parce qu’on ne le gêne pas trop vis-à-vis du détail, mais aussi parce qu’on n’est pas assez préparé alors qu'on savait depuis longtemps que ça arriverait. Le bétail sauvage que sont les cerfs, chamois, chevreuils dont il se nourrit aussi, représente l’essentiel de son régime alimentaire, quasiment 80%. Le loup n'attaque pas pour le plaisir. Il prédate quand il a faim, c'est un chasseur. C'est un comportement tout à fait naturel, et comme beaucoup de prédateurs, il va où y a quelque chose à manger. Il n'y a rien de plus naturel dans ce comportement de prédation du loup.

 

Vous comprenez aussi toute la détresse de ces éleveurs qui perdent leurs bêtes ?

J’en ai rencontré, et je suis suffisamment amoureux des animaux, qu’ils soient domestiques où sauvages, pour comprendre les éleveurs. Je pense deux choses. La première, c'est qu’effectivement quand vous êtes éleveur, quand vous soignez vos bêtes, votre troupeau, matin midi et soir, douze mois par an, et quand il y en a une qui est blessée ou tuée, ça chamboule le cœur. Ça c'est évident. Non seulement je comprends, mais d'une certaine manière je partage. Là où je suis un petit peu plus réservé, c'est qu’on n'a pas mis en place les mesures de protection du troupeau. On sait un certain nombre de choses, si ces mesures-là étaient mises en œuvre, ça poserait déjà beaucoup moins de problèmes. On ne serait même pas à 20 bêtes tuées cette année.

 

Quelles sont ces solutions ?

Pour ces gros animaux que sont les bovins, on a des progrès à faire, mais c'est à inventer ensemble. Entre les éleveurs et nous-même. Par ailleurs, les chiens sont parfaitement efficaces, et on sait très bien aujourd'hui comment les adapter aux troupeaux de bovins. C'est faisable très rapidement, et on n'a pas besoin de tous les protéger, on sait où est le loup, on peut dans un premier temps protéger ces troupeaux qui présentent le plus de risques d'être exposés.

 

Quand vous parlez des chiens, vous évoquez les patous ?

Entre autres, ce n’est pas le seul. Mais effectivement, c'est celui auquel on pense toujours en premier.

 

Ces chiens sont parfois très agressifs, on recense quelques attaques sur des touristes, randonneurs ou promeneurs. Comment faire sur un territoire où le tourisme est très présent ?

Le loup est souhaité par la société tout entière. Je le dis dans ces termes-là, parce qu'il bénéficie d'une mesure de protection réglementaire qui a été fixée par la nation. Donc toute la société est engagée. Ce qui veut dire que la préservation du loup et son maintien durable sur notre territoire, sont à prendre en charge par toute la société, et pas simplement les victimes. Les victimes, il y en a effectivement deux pour l'instant : les éleveurs bien évidemment, mais aussi les touristes et les promeneurs. Comme ça se fait déjà, un touriste qui se retrouve face à un ours ne doit pas avoir n'importe quel comportement. Il faut qu'il apprenne. Le touriste, face au patou qui doit défendre son troupeau, doit aussi apprendre à se comporter correctement pour ne pas être agressé. C'est vraiment un travail global qui doit être fait. L'éleveur doit apprendre à gérer son chien, et le touriste doit être prévenu et informé quand il va dans ces secteurs.

 

Vous trouvez qu’on ne s’est pas assez préparé dans notre région, alors qu’on aurait pu anticiper cette situation ?

On savait depuis une bonne dizaine d'années qu'on aurait ces problèmes-là en Franche-Comté. On n'a rien fait. On prend des décisions aujourd'hui dans l'urgence, alors que si on avait pris des dispositions anticipées, il n'y aurait pas du tout les mêmes problèmes. Je fais une comparaison avec la santé. Aujourd'hui on a le choix sur le plan médical entre le préventif et le curatif. Pendant des années on a choisi le curatif. Le résultat ? On a un système de santé qui explose et aujourd'hui on essaye de s'orienter vers le préventif. Et c’est par exemple le cas des vaccins. La grippe c'est ça. Les surveillances pour les cancers du sein pour les femmes, c'est ça. C'est du préventif. Il faut en faire autant avec la nature.

 

Face à ce manque de préparation, vous trouvez donc qu’on réagit trop radicalement, comme l'abattage de cette louve au mois de septembre, qui ne résoudra finalement pas les problèmes rencontrés par les éleveurs ?

Absolument, et dans le cas du loup c'est flagrant. On tire n'importe quoi, n'importe comment. Une thèse récente a été tenue à Montpellier dans une de nos grandes instances universitaires. Elle a démontré, lorsque l’on fait le bilan de tous les tirs qui ont été faits en France face au loup, qu’on ne peut pas prévoir si les résultats seront favorables, défavorables ou neutres. Le fait que ce soit une louve qui avait déjà porté, montre que c'était probablement une femelle dominante. Probablement, je reste prudent. Si vous vous débarrassez de la femelle dominante, vous désorganisez la meute, et vous accentuez les effets de prédation. C'est ce qu’il s'est passé. On a eu le calme pendant une dizaine de jours, et puis ça a recommencé.

 

Alors comment se comporter désormais ?

Si on veut amener le loup à ficher la paix aux troupeaux sans le tuer, il faut qu'on connaisse parfaitement les meutes, la hiérarchie, il faut qu'on identifie les individus. C'est ce que font les Suisses sur Marchairuz par exemple. A ce moment-là, vous pouvez savoir sur quel loup il faut agir pour que la meute ne vienne plus vers le troupeau. Ça on ne le sait pas aujourd’hui, parce qu’on n’a pas anticipé. Alors qu’on sait depuis plus de 20 ans que le massif du Jura serait un territoire de colonisation du loup.

 

"Le loup est un animal qui est protégé par la France et protégé par l'Europe. C'est vraiment la société tout entière qui doit prendre en charge. Il faut que nous soyons tous ensemble solidairement avec eux, pour que les choses se passent bien qu'on prenne les bonnes mesures"

 
Ce sujet a fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps. Il y a eu des échanges, réunions, des temps de dialogue. Aujourd’hui, vous dénoncez cette exclusion, et vous regrettez de ne pas faire partie de ce dialogue ?

C’est beaucoup plus ambigu que ça. Mais vous évoquez sans doute la grande réunion qui s’est tenue à Labergement-Sainte-Marie le 3 octobre dernier. Il y avait du monde dans la salle. En bonne démocratie et surtout en bonne transparence, les médias auraient dû entrer et entendre ce qui a été dit. J’y étais aussi avec quelques amis. Quand on regarde dans la salle, tout le monde était venu pour le loup. L'après-midi, il y a eu une visite de terrain faite pour les éleveurs, et nous n'en avons pas été informés. Ce qui veut dire que nous en avons été exclus. Il y a eu d'autres réunions comme ça où nous avons été exclus. On nous invite de temps en temps, mais pas pour ce qu’ils considèrent comme les moments importants.

 

Si vous êtes invités prochainement, vous participerez à ces discussions ?

Absolument. On avait envoyé un communiqué de presse la semaine dernière. On va continuer à communiquer et à demander ça. Nous ne voulons pas être complices, mais nous voulons être acteur à part entière, comme les autres. Nous ne demandons pas que notre parole, seule, soit imposée à tout le monde. Nous sommes des citoyens respectueux de la démocratie, et nous souhaitons simplement que les décisions prises soient des décisions partagées.

 

Surtout que vous êtes dotés d’une certaine expertise en la matière ?

On reste une petite fédération départementale, mais nous bénéficions du réseau France Nature Environnement. Par ailleurs, la fédération nationale est un des membres actifs du comité de pilotage du plan national loup. Notre fédération nous y représente, nous raconte un certain nombre de choses, et nous l’informons de ce qui se passe chez nous. On peut apporter des idées, qui d'ailleurs pour beaucoup sont proposées depuis longtemps. Même s'il y en a encore d'autres à inventer par rapport aux bovins.

 

Comment gérer le cas du loup sur le volet économique ?

Nous sommes des citoyens, nous savons très bien ce qu’est l’économie, le porte-monnaie familial et le porte-monnaie professionnel. Nous savons très bien que la gestion du loup, l’acceptation du loup, sur le plan économique, ne représente pas forcément des fortunes, mais ce n’est pas neutre non plus. On conçoit tout à fait que les efforts que nous sollicitons auprès des éleveurs ne soient pas si simples que ça. Mais c’est un effort collectif, puisque c'est la nation qui l'a choisi. Et nous, nous allons au-delà de ça. Nous avons des propositions alternatives qui permettraient économiquement aux éleveurs et à toute la filière comté de bénéficier de la présence du loup. C'est un changement d'attitude important. On ne se contente pas de dire qu’on veut le loup, et puis l’éleveur, débrouille-toi. Non, on n'est pas comme ça. Le loup on le veut, et c’est vrai que les éleveurs en supportent fortement les conséquences. Donc on veut les aider. Ça veut dire être solidaire sur le plan économique, il y a des aides financières de collectivité, et ça veut aussi dire réfléchir avec eux à une démarche économique qui intégrerait le loup.

 

Vous leur avez déjà soumis ces propositions ?

Oui dans le principe général. Ça fait deux ans que j’ai rencontré le CIGC. Ils le savent, ils me traitent de petit rigolo, mais ça ne me dérange pas. Je peux comprendre, parce que je ne suis pas dans les contraintes économiques qui sont les leurs. Je comprends leur positionnement. Mais ce que je dis, c'est que le loup est la réponse pour régler le problème du loup, économiquement parlant.

 

C’est-à-dire ?

Le loup crée une situation qui est une opportunité pour cette évolution de la pratique d'élevage sur notre territoire. C'est un sacré stimulant. Pour l'instant, un certain nombre de gens considèrent que c’est un emmerdeur. Mais il faut transformer cet emmerdeur en avantage. Nos propositions vont dans ce sens-là. C’est l'opportunité pour que les propositions que nous avons faites, doivent être réfléchies en commun, discutées en commun et mises en Å“uvre en commun. Je suis toujours dans cette logique de partenariat collectif. Mais ne partons pas du principe, comme l’a fait la présidente de la FNSEA, du principe « zéro attaque Â». Ça n’a pas de sens. Concernant les insectes qui détruisent les cultures, les agriculteurs ont réfléchi il y a 30 ans déjà, non pas au zéro dégât par des insectes, champignons ou autres. Ils ont réfléchi au minimum économiquement acceptable. Ça change tout comme point de vue, ce serait intéressant qu’on fasse ça avec le loup aussi.

 

Tout passera par le collectif selon vous ?

Oui, c'est toute la société qui concernée, ce ne sont pas seulement les éleveurs. C'est vrai qu'ils sont en première ligne, mais l’éleveur n’est pas de la chair à canon. Pas du tout. Je l’ai déjà dit au président de la FDSEA, je suis reconnaissant parce qu’ils me nourrissent. Et le fait qu’ils me nourrissent me libère du temps pour faire d'autres choses. Et je le redirais sans aucun problème, parce que je le pense sincèrement. Il ne faut pas réfléchir à l'éradication du loup. Si il est protégé, ce n’est pas simplement parce qu'il était en fragilité à un moment donné. C’est aussi parce qu'il a un rôle très important dans le fonctionnement des écosystèmes pour la contribution à la biodiversité. C'est un des éléments de réponse à l'érosion de la biodiversité qui nous concerne tous.  

 

Comment protéger le loup tout en préservant les élevages ? Une question épineuse qui anime vivement les débats en ce moment dans le massif du Jura. Ce lundi 3 octobre, un rassemblement très attendu s’est tenu du côté de Labergement-Sainte-Marie, dans le Haut-Doubs. Il s’agissait d’une réunion regroupant éleveurs, agriculteurs, protecteurs du loup ainsi que les autorités publiques. « Une séance de travail intéressante qui en appelle beaucoup d’autres Â» a indiqué Jean-François Colombet, le préfet du Doubs. Avant d’ajouter que des mesures de protection vont être testées dans quelques semaines.

 

Ce lundi 3 octobre étaient réunis Jean-François Colombet, le préfet du Doubs, Jean-Paul Celet, préfet référent du Plan national "Loup et activités d'élevages", Serge Castel, préfet du Jura, et Cornelis Neet, directeur général de l'environnement du Canton de Vaud en Suisse. Mais aussi des représentants de l'agriculture ainsi que des associations environnementales.

« Les échanges ont été intéressants et respectueux. Un véritable esprit de concorde a régné durant toute la séance. Personne ne veut la fin du loup dans le massif. Et tout le monde veut préserver l’élevage. Donc on peut poursuivre ces deux objectifs, nous en sommes convaincus Â» a indiqué Jean-François Colombet.

De nombreux sujets ont été évoqués lors de cette réunion. Des explications ont été données concernant les spécificités du territoire et celles de l’élevage, avec les règles du cahier des charges des AOP fromagères, en particulier celle du comté, qui parfois peuvent être pénalisantes, contraignant à ne pas mettre en place certaines mesures. Il a aussi été fait un point précis sur la prédation avec l’Office Français de la Biodiversité. Une 3ème meute n’est pas scientifiquement établie, comme ce qui a été prétendu ces derniers jours. A l’heure actuelle, seulement celles du Risoux et du Marchairuz sont fixées. Et puis les débats ont été ouverts à la salle, où chacun a pu participer et apporter son témoignage.

« Il faut protéger l’élevage qui est très important pour notre territoire, qui produit de la richesse pour la ruralité. Et tout faire pour protéger les loups, parce que la France a posé sa signature, et la France respectera sa signature. L’espèce lupine doit naturellement être protégée Â» a soutenu Jean-François Colombet.  

La semaine dernière, le préfet du Doubs s’est rendu sur le terrain accompagné de Marie-Guite Dufay, la présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté, ainsi qu’avec des associations de protection de l’environnement et des agriculteurs. Ensemble, ils sont tombés d’accord pour confier à l’Agence Régionale de la Biodiversité (un établissement public au sein duquel toutes les parties sont représentées), le soin de conduire dans quelques semaines, des expérimentations sur la façon de protéger les troupeaux sur le massif du Jura, impliquant toutes ses spécificités.  

Le préfet du Doubs, Jean-François Colombet, rencontrait des éleveurs ce vendredi à Chaux-Neuve dans le Haut-Doubs, après plusieurs attaques de loups survenues sur des bovins. Ces derniers réclament une réponse de l'État après l'attaque de plusieurs génisses cette semaine. Le préfet a expliqué sa volonté de trouver l'équilibre entre le soutien aux éleveurs francs-comtois et le respect de la loi française qui protège le loup. Il a également annoncé l'arrivée de louvetiers spécialisés en provenance de Gap. Cette brigade aura pour mission de former les agriculteurs concernés et d'effectuer des tirs de défense efficaces.

Dernièrement, 11 tirs de défense ont été autorisés dans le Massif du Jura mais aucun n'a pu être mené à bien. « Les opérations qui ont été mises en place n'ont pas permis de voir de loup. Soit il était hors de portée, soit il n’était pas en position d'attaque Â» a détaillé Jean-François Colombet.

Le loup reste à l'heure actuelle un animal protégé. En France, les tirs pour l’abattre ne se font que sur dérogation, uniquement lorsqu’aucune mesure ne fonctionne après une série d’attaques sur un secteur.

« S'il faut aller au tir de prélèvement, nous irons, mais il faut franchir les étapes les unes après les autres Â» a expliqué le préfet, tout en appelant les agriculteurs du Haut-Doubs à faire les choses dans l'ordre. « Si nous ne franchissons pas les étapes une par une, dans le cadre de l'état de droit, nous aurons des gens qui vont venir s'opposer au fait que nous cherchions à faire baisser la pression lupine. Et ça je n'en veux pas. Je ne veux pas de Notre Dame des Loups sur ce territoire, sinon ce sera compliqué, croyez-en mon expérience Â» a-t-il souligné, en faisant référence à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.

« On tue plus de 100 loups chaque année en France dès lors que la pression sur les élevages est trop intense Â», rappelle Jean-François Colombet. Par ailleurs, un nouveau plan loup devrait voir le jour l'an prochain. « C'est le moment de faire connaître les spécificités du Massif du Jura. On ne va pas faire un carton sur les loups, c'est hors de question, mais on va faire baisser la pression Â».