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Education : Inquiétante baisse du niveau des élèves. De nombreuses mesures annoncées par le gouvernement

Publié le 06 Déc. 2023 à 17:12
Tags: éducation | mesures educatives | Gabriel Attal | pisa | education nationale | syndicat enseignant |
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Education : Inquiétante baisse du niveau des élèves. De nombreuses mesures annoncées par le gouvernement

L’étude Pisa vient d'être dévoilée ce mardi 5 décembre par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Tous les trois ans, cette enquête analyse les performances des élèves de 15 ans, avec des tests portant sur la lecture, la culture mathématique et la culture scientifique. Cette année, l’étude a dévoilé une chute inédite de niveau, avec le score moyen de tous les pays qui est en forte baisse sur un échantillon de 690.000 jeunes évalués dans 81 pays ou territoires. Dans la foulée, Gabriel Attal, le ministre de l’Education nationale, a détaillé une série de mesures pour pallier cette baisse de niveau des plus jeunes. Redoublement, refonte des programmes, groupes de niveau, réforme du brevet ; des mesures pour la plupart contestées ou jugées insuffisantes pour les enseignants et les parents d’élèves.

C’est une chute historique, avec le score moyen de tous les pays qui est en forte baisse. En France, le déclin est encore plus fort avec d’énormes difficultés soulignées en compréhension de l'écrit et en mathématiques. Cette étude qui sert de référence aux gouvernements, a notamment été réalisée à travers un test passé au printemps 2022 par 6.800 élèves en France, tirés au sort parmi des classes de seconde. Quelques heures après la publication des résultats alarmants de cette enquête, Gabriel Attal, le ministre de l’Education nationale, a dévoilé une série de mesures pour pallier la baisse de niveau des collégiens.

 

Les enseignants décideront du redoublement

Le ministre de l’Education nationale a indiqué qu'il publiera au premier trimestre de 2024, un décret permettant à l'équipe pédagogique d'avoir le dernier mot pour décider du redoublement d'un élève, afin de « lutter contre l’échec forcé d’élèves qui passeraient en classe supérieure malgré de trop grandes lacunes Â». Un choix qui était jusqu’à présent, discuté avec les familles. « La question du redoublement est au cÅ“ur de l’école depuis plusieurs années. Les recherches ont démonté que le redoublement n’était pas une solution pour la lutte contre l’échec ou la difficulté scolaire. Ce n’est pas par ce biais là qu’il faut lutter contre la difficulté scolaire. Le redoublement accentue les discriminations sociales, et on sait qu’on retrouve chez les enfants qui redoublent jeunes, des difficultés qui persistent plus tard. Et puis, des enfants peuvent très bien avoir des difficultés en CP en lecture, et pour autant ça va bien dans d’autres matières, donc ce n’est pas la solution toujours adaptée Â» explique Amélie Lapprand, co-secrétaire départementale FSU-SNUipp du Doubs. Dans ses mesures, Gabriel Attal prévoit aussi que les professeurs puissent prescrire à certains élèves des stages de réussite durant les vacances, qui seraient une condition pour ne pas redoubler.

 

Une refonte des programmes

Le ministre de l’Education nationale a aussi annoncé une refonte des programmes de la maternelle et de l’école primaire. Gabriel Attal souhaite qu’ils fassent une plus grande place à la culture générale, en promettant aux enseignants qu'ils seront moins volumineux. « Les changements de programme, on commence à connaître. Les ministres, depuis quelques années, y apportent des changements, des modifications, des projets spécifiques. Je crois que ce n’est pas la manière dont il faut prendre les choses pour une école avec plus d’égalité entre les élèves. C’est donc de rajouter, auprès des enseignants, une très forte contrainte. Un changement de programme CP-CE2 à partir de septembre, puis le reste du cycle pour l’année d’après. Pour autant, ce n’est pas toujours le fait de changer les contenus ou les compétences à travailler, qui sont la solution pour une meilleure école Â» indique Amélie Lapprand.

 

Différents groupes selon le niveau des élèves

Pour lutter contre ces difficultés, le ministre de l’Education national a annoncé la création de groupes de niveau au collège, pour les cours de français et de mathématiques. Gabriel Attal a expliqué qu’à partir de la rentrée prochaine, les élèves de 6ème et de 5ème seront répartis en trois groupes en fonction de leur niveau en français et en maths. Une organisation qui doit s'étendre aux classes de 4ème et de 3ème à la rentrée 2025. Concernant les collégiens les plus en difficulté, une scolarité aménagée pourra être envisagée, où ils pourront bénéficier de plus d’heures en mathématiques et en français, à la place d’une autre matière, en accord avec les professeurs et les familles. « Les groupes de niveau, non. En pédagogie ce qui fonctionne c’est l’hétérogénéité. Des groupes qui rassemblent des enfants en difficulté, on avait abandonné ça depuis quelques années. On a un peu l’impression d’un retour à des méthodes de l’ancien temps qui n’ont pas fait leurs preuves Â» regrette Amélie Lapprand. Le ministre de l’Education nationale a évoqué la création de postes « pour qu’il n’y ait qu’une quinzaine d’élèves dans le groupe de ceux qui présentent le plus de difficultés Â». Une des seules mesures qui converge avec les revendications des syndicats de l’enseignement. « Pour le coup, oui. Il faut la création de postes enseignants pour avoir des groupes moindres et s’attaquer individuellement à la difficulté scolaire de la manière la plus personnalisée possible Â» souligne Amélie Lapprand.

 

Gabriel Attal a aussi évoqué la nouvelle méthode dédiée au mathématiques et une épreuve anticipée au bac, la labellisation des manuels scolaire, la réforme du brevet, la suppression du "correctif académique" des notes d'examen, l'intelligence artificielle au lycée ou encore les ajustements liés à la réforme du lycée professionnel. Des mesures qui n’ont convaincu ni les parents d’élèves, certains d’entre eux évoquant la crainte d’une école à deux vitesses. Ni les enseignants, qui déplorent le manque de travail en commun. « Les organisations syndicales n’ont pas du tout été associées à ces mesures. Il n’y a rien qui ressort d’éventuelles négociations, d’un travail commun sur les besoins réels du terrain. Et très clairement, quand on nous annonce qu’on va imposer à toutes les enseignantes et à tous les enseignants une méthode de mathématiques, on le prend très mal. Clairement on remet en question notre liberté pédagogique, qui est essentielle dans notre métier Â» regrette Amélie Lapprand, co-secrétaire départementale FSU-SNUipp.