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Besançon : une filière de sous-location de comptes Uber Eats et Deliveroo démantelée

Publié le 17 Oct. 2025 à 18:10
Tags: justice | Faits divers |
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Besançon : une filière de sous-location de comptes Uber Eats et Deliveroo démantelée

Après plusieurs mois d’enquête, les services de la Police aux frontières (PAF) ont mis au jour une vaste organisation de travail dissimulé impliquant des livreurs à vélo opérant pour les plateformes Uber Eats et Deliveroo. Le 14 octobre 2025, huit personnes de nationalité bangladaise ont été interpellées à Besançon dans le cadre d’une opération coordonnée par le détachement OLTIM du service interdépartemental de la police aux frontières du Doubs (CIPAF).

Une enquête née de simples contrôles

Tout commence en janvier 2025, lorsqu’un contrôle de livreurs est organisé sous l’autorité du vice-procureur de la République de Besançon. Les policiers constatent alors plusieurs incohérences entre l’identité affichée sur les applications et celle des livreurs interceptés. « Nous avions des doutes sur les titulaires des comptes, ce qui nous a conduits à approfondir nos investigations », explique le commandant divisionnaire Patrick Le barre, chef du CIPAF. Un second contrôle, effectué quelques mois plus tard, confirme les soupçons. L’enquête s’oriente alors vers la sous-location de comptes de livraison, un phénomène déjà observé ailleurs en France, mais ici orchestré selon un modèle particulièrement structuré.

L'interview de la rédaction : le commandant divisionnaire Patrick Le barre, chef du CIPAF

Une organisation bien rodée

Les investigations du service OLTIM révèlent l’existence d’un réseau communautaire bangladais basé à Besançon. Certains membres, en situation régulière, ouvraient des comptes Uber Eats ou Deliveroo grâce à leurs papiers en règle, puis les sous-louaient à d’autres ressortissants bangladais sans titre de séjour, contre une rémunération. Le détenteur officiel du compte prélevait environ 30 % des revenus générés, laissant 70 % au livreur effectif. Le chiffre d’affaires dissimulé est estimé à plus de 75 000 euros.

L'interview de la rédaction : le commandant divisionnaire Patrick Le barre, chef du CIPAF

Des perquisitions fructueuses

Le 14 octobre dernier, les enquêteurs ont mené des perquisitions simultanées dans cinq domiciles bisontins. Huit individus ont été interpellés. Les policiers ont saisi 37 000 € en espèces, dont 23 000 € découverts chez le propriétaire d’un local commercial du centre-ville, que la communauté projetait de transformer en restaurant bangladais. « Chacun devait participer financièrement au projet, en vue d’obtenir un emploi dans ce futur établissement », précise le commandant Le barre.

Des suites judiciaires et administratives

Tous les mis en cause sont de nationalité bangladaise. Certains disposent d’un titre de séjour et d’un emploi régulier, tandis que d’autres sont en situation irrégulière. Leurs situations administratives ont été transmises à la préfecture du Doubs pour examen et éventuelles mesures d’éloignement. Sur le plan pénal, les principaux protagonistes devraient être jugés dans le cadre d’une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), une procédure de « plaider-coupable » simplifiée.

Dernière modification le vendredi, 17 octobre 2025 19:15