Choix du secteur :
Se connecter :

Vigie Jura, l'association qui forme à la surveillance des troupeaux

Publié le 19 Mai. 2023 à 18:05
Tags: loup | hautdoubs | massif jurassien | elevage | vigie jura | gardiennage | surveillance troupeaux |
Lecture: min
Vigie Jura, l'association qui forme à la surveillance des troupeaux

Il y a bientôt un mois, l’association Vigie Jura organisait une journée de formation à la surveillance des troupeaux à la ferme de la Batailleuse à Rochejean. Cette association souhaite faciliter la coexistence grands prédateurs/activités humaines en offrant un soutien aux éleveurs et bergers en zone de présence de grands prédateurs dans le Haut Doubs, en proposant la surveillance nocturne de troupeaux. Une quarantaine d’inscrits ont pu profiter de nombreux ateliers lors de cette journée qui s’étalait de 10h à 22h.

Lise Vurpillot, artiste peintre, a fondé avec Thierry Billey, pompier à la retraite, et Angélique Didelot, neurologue, l’association « Vigie Jura Â». Elle mène des actions très similaires à celles d’Oppal (Organisation pour la protection des Alpages), une association suisse, qui propose à des bénévoles de faire de la surveillance de nuit sur des zones abritant le loup. « On a découvert cette association il y a 2 ans, qui se déploie notamment sur le Marchairuz et le Mont Tendre. Et on s’est dit qu’il manquait quelque chose dans le Jura français, qu’il n’y avait pas d’association qui proposait la même chose. On est né suite à ça, ainsi qu’à la demande des éleveurs et des bergers qui sentaient que la pression montait, et qu’il n’y avait pas forcément de réponse d’association. Cette année, il y a aussi Ferus qui répond, et nous qui essayons de faire vivre notre association par nos propres moyens » indique Lise Vurpillot.

 

Des ateliers variés

Une quarantaine d’inscrits se sont donc retrouvés à la ferme de la Batailleuse à Rochejean, de 10h à 22h. Après une présentation de l’association, les volontaires ont pu assister et participer à de nombreux ateliers, animés par des professionnels du sujet. Que ce soit une éthologue détaillant et expliquant le retour du loup en France et en Europe, ainsi que sa biologie et son comportement. Un représentant de l’Institut de l’élevage, référent chien de protection dans notre région. Manon Riblet et Fanny Maillard, les deux vachères de la Batailleuse, qui présentaient les bons gestes à avoir avec le troupeau. Un atelier de sécurité en montage et de premiers secours, les bénévoles étant amenés à se trouver la nuit dans la montagne. Ou encore l’atelier de Vigie Jura, présentant les équipements fournis aux bénévoles et leur utilisation, ainsi que le protocole à respecter si on aperçoit un loup à la caméra thermique, s’approchant ensuite du troupeau.

 

Des nuits de surveillance des pâturages

Les volontaires vont apprendre à dissuader le loup d’approcher les troupeaux, avec des nuits de gardiennage qui débuteront lors de la transhumance estivale. A tour de rôle et en binôme, ces bénévoles participeront à la surveillance, en allant passer des nuits sur le pâturage d’été des éleveurs qui le souhaitent. Equipé d’une caméra thermique, l’un d’entre eux filmera tout ce qu’il se passe, afin d’observer la bonne utilisation du protocole. Ces bénévoles en surveillance font aussi partie de différentes études, comme celle menée par l’OFB, dans le projet Life WolfAlps, mais également avec le WWF à Chamonix. « On s’échange toutes les bonnes pratiques. On aimerait faire une communication globale en France pour essayer de rapatrier des bénévoles. Ce qui est bien à la Batailleuse, c’est qu’on les a mis en contact avec une personne dans le Bugey, qui lui a développé des colliers d’effarouchement. C’est un collier pour 5 bovins, et dès que la génisse ou le veau court à cause d’un potentiel prédateur, le collier va se mettre en marche, et diffuser à la fois des sons et des lumières. Grace aux bénévoles, on va observer si le collier fonctionne bien, et comment il se déclenche Â» indique Lise Vurpillot.

 

Des solutions viables

« A partir du moment où il y a de la présence humaine, il n’y a pas de nouvelle attaque de loup. Oppal l’a prouvé dans la zone qu’ils couvrent, et cela a aussi été prouvé les Pyrénées. Et puis, ça a permis de créer 1000 nouveaux métiers de bergers. La question d’être pour ou contre le loup n’a pas lieu d’être. C’est plutôt une question de société. Le but n’est pas de laisser les gens de l’élevage dans le désarroi, parce que psychologiquement c’est dur. Il faut savoir ce qui fonctionne, ce qu’on peut mettre en place, et donner les moyens d’avoir des bergers. On sait que cette cohabitation peut s’effectuer à partir du moment où on donne les moyens de protection. Ça peut aussi passer par le mélange des vaches plus âgées et plus jeunes, par la surveillance menée par des bergers, avec ce fameux collier, avec les chiens de protection qui sont très efficaces. Il y a pas mal de solutions. On ne dit pas qu’une seule solution est possible, il y en a plusieurs. C’est pour ça que tout ce qu’on fait est soumis à étude, pour voir ce qui marche et ce qui fonctionne moins bien. Il y a certainement des moyens de protection qui fonctionneront dans Alpes mais pas dans nos massifs, tout est à essayer Â» souligne Lise Vurpillot.

 

Lors de cette journée, les interventions et les ateliers étaient filmés. Les bénévoles qui n’ont pas pu être présent et les personnes qui souhaitent venir faire de la surveillance de troupeaux pourront avoir accès à ces démonstrations, et Vigie Jura pourra réaliser à nouveau une courte formation en présentielle, afin de présenter la bonne utilisation du matériel.