Choix du secteur :
Se connecter :

Ambulancier poignardé à mort : Retour sur le drame survenu samedi à Besançon

Publié le 31 Aoû. 2021 à 16:08
Tags: Faits divers | ambulancier | Besançon | homicide |
Lecture: min
Ambulancier poignardé à mort : Retour sur le drame survenu samedi à Besançon

Etienne Manteaux, le procureur de la République, a précisé les premiers éléments de l’enquête qui doit faire la lumière sur le drame survenu au matin du 28 août rue de Bourgogne, ayant coûté la vie de Moussa Dieng, un ambulancier de l’entreprise Jussieu, lors d’une intervention.

 

Un homme souffrant de psychose grave

 

C’est dans la matinée de samedi 28 août, une première fois à 4h du matin, puis à nouveau à 6h, qu’un homme de 40 ans, relevant d’une « grave psychose » se rend chez sa mère, afin d’obtenir des cigarettes. Son comportement est agressif, inquiétant, mais connaissant les troubles de son fils dont il souffre depuis 20 ans, celle-ci lui donne ce qu’il réclame, en lui sommant ensuite de repartir. Dans un premier temps l’homme refuse, et insiste pour monter dans l’appartement, mais sa mère réussi à lui en défendre l’accès, et le fait repartir chez lui. Seulement, celui qu’elle décrit comme « quelqu’un de gentil, mais qui présente des signes d’agressivité dès lors qu’il décompense au niveau psy » est inquiétant, et elle décide d’appeler le Samu un peu plus tard dans la matinée, afin qu’il soit hospitalisé. Il est 9h15 lorsque l’opérateur du Samu est contacté. Après avoir envoyé une ambulance, l’opérateur appelle le CIC, le Centre d’Information et de Commandement du commissariat de police de Besançon.

 

« Selon la retranscription entre l’opérateur du Samu et celui du commissariat, ce dernier fait observer que les usages sont d’abord qu’il y ait une ambulance ou les pompiers qui aillent au contact de la personne qui doit être hospitalisée. Et que ce n’est qu’une fois ce premier contact opéré, s’ils constatent une agressivité ou une impossibilité d’exécuter leur mission, qu’il y a à ce moment-là l’envoie d’une patrouille » Etienne Manteaux, procureur de la République

 

Le déroulement des faits

 

L’opérateur CIC indique alors qu’un équipage est disponible, et l’envoie à l’adresse indiquée. Il est 9h18 lorsque la communication se termine. L’ambulance arrive à 9h23 sur le site. A ce stade, il ne semble pas que l’opérateur du Samu ait rappelé l’entreprise Jussieu pour indiquer qu’il venait de raccrocher avec les policiers, et qu’une patrouille était finalement réquisitionnée. Des propos confirmés par l’ambulancier survivant, qui révèle ne pas avoir été informé qu’une patrouille arrivait. Il raconte ensuite que lorsqu’ils arrivent sur place, au rez-de-chaussée du 11 rue de Bourgogne, l’individu est très agressif, et semble évoquer des gens qui veulent intenter à sa vie. Il refuse catégoriquement de les suivre, et ferme sa porte. L’ambulancier explique que dans ce contexte, la mission ne pouvant être exécutée, il repart, et indique à son collègue de faire de même. Et alors qu’il est quasiment au niveau de la sortie, il constate que son confrère est encore devant la porte, pour contacter le Samu, afin de faire un bilan de ce qu’il s’est passé, et obtenir des consignes supplémentaires. Au moment où il est en train de composer ce numéro, la porte s’ouvre à nouveau, et cette fois, l’individu est armé d’un couteau de cuisine. Il assène directement deux coups au niveau du thorax de Moussa Dieng. L’ambulancier recule, il est pris en charge par son collègue, qui l’amène très rapidement dans l’ambulance. L’individu constate ensuite qu’il y a un voisin de palier, présent à quelques mètres. Il s’agit effectivement de celui qui a indiqué aux secouristes où il habitait. Aussitôt, il se tourne vers lui, et lui assène 4 coups de de couteau, au niveau du pectoral droit. Aucun point vital ne sera touché, sa vie ne sera pas en danger. Quelques secondes plus tard, l’ascenseur du bâtiment s’ouvre, et un père de famille accompagné de son enfant de 7 ans sont confrontés à cette scène effroyable. L’individu se retourne, et se précipite sur le père de famille. S’ensuit alors une lutte entre les deux hommes, dans laquelle l’assaillant est désarmé, mais blesse tout de même sa victime au niveau de l’oreille. Le père, âgé de 38 ans, décrira « un homme qui était déterminé à le tuer, compte tenu de son agressivité, de son regard, et de la façon dont il s’est précipité poing en l’air avec son couteau en sa direction ». C’est au moment où les deux hommes sont engagés dans une lutte au sol que les policiers arrivent, et n’ont d’autre choix que d’user du pistolet à impulsion électrique pour maîtriser l’individu, extrêmement véhément. Moussa Dieng est pris en charge immédiatement par son collègue qui le transporte à l’hôpital. Cependant, le couteau a touché des organes vitaux, et il décède très rapidement après son arrivée. Son autopsie a été réalisée hier, afin de mieux déterminer les circonstances du décès.  

 

Une information judiciaire ouverte

 

La garde à vue n’a pas permis d’entendre l’individu, compte tenu de son état psychique. Il a été rapidement transporté dans la chambre carcérale du centre hospitalier Jean Minjoz. Examiné par un médecin psychiatre, ce dernier a considère que son état n’est pas compatible avec son maintien en garde à vue. L’individu est lourdement sédaté, et le préfet prend la décision de l’hospitalisation sans consentement. Il est depuis samedi soir au centre hospitalier spécialisé de Novillars. « J’ai ouvert une information judiciaire, pour homicide volontaire sur cet ambulancier de 50 ans d’origine sénégalaise, et pour les deux tentatives d’homicide, sur son voisin de palier, et sur le père de famille 38 ans » indique Etienne Manteaux. N’ayant pas encore été déféré au parquet de Besançon, l’homme de 40 ans devrait être mis en examen dans les 10 jours. « Ce délai est favorable car il est dans un état tel aujourd’hui qu’il n’est pas additionnable. La priorité sont les soins pour qu’il recouvre un peu de lucidité, afin qu’il puisse être utilement entendu, s’il souhaite répondre aux questions du magistrat instructeur. Ensuite il sera statué sur son placement en détention provisoire, ou pas » précise le procureur de la République. En cas de placement en détention provisoire, l’homme de 40 ans pourrait alors être sous un double statut : celui d’incarcération et d’hospitalisation sans consentement. Cela pourrait l’amener à être transféré dans une unité hospitalière spécialement aménagée, ce qu’on appelle UHSA. « Beaucoup de chose restent encore à déterminer. Le point central de ce dossier sera de déterminer quel était l’état psychiatrique, psychique, dans lequel se trouvait l’individu au moment des faits, pour déterminer s’il y avait une altération ou une abolition de son discernement à ce moment-là » souligne Etienne Manteaux.