La Ville de Besançon franchit une nouvelle étape dans son Plan Eau avec un projet novateur en France : la récupération et la réutilisation de l’eau de la piscine Mallarmé pour l’arrosage du complexe sportif Léo Lagrange.
Un double constat : sécheresses et gaspillage d’eau
Depuis plusieurs années, les sécheresses estivales fragilisent les terrains de sport de la ville, au point d’obliger la municipalité à négocier des dérogations préfectorales pour maintenir un minimum d’arrosage. Parallèlement, la réglementation impose aux piscines municipales de renouveler régulièrement leur eau : près de 20.000 m³ par an sont ainsi rejetés vers la station d’épuration. « Il nous fallait trouver une convergence entre ces deux problématiques : éviter de gaspiller l’eau des piscines et sécuriser l’entretien de nos terrains », a résumé la maire Anne Vignot.
L'interview de la rédaction : Jean Emmanuel Lafarge, l’élu en charge de la maîtrise d’énergie à la Ville de Besançon
La solution : décloration, stockage et pompage
Le dispositif repose sur trois étapes :
Déchlorer les eaux issues de la piscine Mallarmé, qu’il s’agisse des vidanges annuelles ou du renouvellement quotidien imposé (30 litres par nageur et par jour).
Stocker l’eau traitée dans deux cuves géantes de 4 000 m³ installées sur le site de la piscine.
Acheminer cette ressource, grâce à un réseau de pompes et de canalisations enterrées, jusqu’aux terrains du complexe Léo Lagrange, équipés d’arrosage automatique.
Ce volume tampon assure deux mois d’autonomie en période de sécheresse et couvre l’essentiel des besoins annuels du stade (environ 8 000 m³).
Un projet pionnier et collectif
Ce chantier, chiffré à près d’un million d’euros, mobilise plusieurs services municipaux : sports, espaces verts, bâtiments. Sa mise en service est prévue pour janvier 2026, en cohérence avec la vidange hivernale de la piscine Mallarmé. « Ce système n’a pas d’équivalent en France, du moins à cette échelle », souligne Jean Emmanuel Lafarge, l’élu en charge de la maîtrise d’énergie. Outre l’arrosage des terrains, l’eau récupérée pourra aussi servir à d’autres usages : balayeuses de voirie, nettoyage des engins, voire arrosage d’arbres nouvellement plantés.
L'interview de la rédaction : Jean Emmanuel Lafarge, l’élu en charge de la maîtrise d’énergie à la Ville de Besançon
Des bénéfices écologiques et financiers
L’opération réduit la pression sur le réseau d’eau potable, limite l’envoi d’eaux propres à la station d’épuration et sécurise la pratique sportive même en période de restriction préfectorale. Comparée à d’autres projets de récupération pluviale (ex. cuve de 130 m³ à l’école Brossolette), l’investissement se révèle trois fois plus efficient au mètre cube. « Ce n’est pas seulement un geste écologique, c’est aussi un choix économique et une garantie pour nos clubs sportifs et nos plantations », a insisté la maire.