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Politique : "C'est la fin de la NUPES " Nicolas Bodin (PS)

Publié le 22 Oct. 2023 à 17:10
Tags: Politique | nupes | nicolas bodin | parti socialiste |
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Politique : "C'est la fin de la NUPES " Nicolas Bodin (PS) Nicolas Bodin

Sur fond de conflit au Proche-Orient, une crise politique majeure s’installe à gauche.  Les positions ambiguës de Jean-Luc Mélenchon et de certains députés de la France-Insoumise sur le Hamas n’ont fait que révéler une discorde qui ne demandait qu’à éclater. Le 17 octobre dernier, le conseil national du PS votait ‘un moratoire sur sa participation » aux travaux de la NUPES. Rencontre avec Nicolas Bodin, l’élu socialiste bisontin, qui  connaît mieux que quiconque la vie politique locale et nationale.

Est-ce que la NUPES, c’est terminée, selon vous ?

C’est vraisemblable. En quelque jours, le Parti Communiste a proposé de ne pas continuer sous la forme actuelle. Le Parti Socialiste a proposé un moratoire. Yannick Jadot a dit qu’elle était « morte ». Je pense que la NUPES,  telle qu’on la connaît depuis le début de cette mandature,  risque de ne plus exister. En revanche, je crois que l’union de la gauche est particulièrement nécessaire. Une gauche qui pourrait aller de François Ruffin à Bernard Cazeneuve.

J’ai l’impression que vous ne vous êtes jamais inscrit dans cette démarche-là ?

Dès le départ, j’ai eu des doutes. Je connaissais la radicalité de la France Insoumise et surtout de Jean-Luc Mélenchon. Les faits ont démontré au cours de ces deux années, malheureusement, que cela se traduisait. Je trouve que dans un certain nombre de positions, Jean-Luc Mélenchon ne s’est pas prononcé. Je l’ai trouvé très discret sur le rôle de la Russie dans  l’invasion de l’Ukraine. Je l’ai trouvé extrêmement timide lors des manifestations sur les violences policières, dans lesquelles le mot d’ordre parlait de racisme d’état et de racisme institutionnel. Nous avons des points de désaccord majeur avec lui sur les prochaines élections européennes.  Cette semaine encore, sur le conflit israélo-palestinien, il n’a pas réussi à dénoncer le fait que le Hamas était une organisation terroriste.

C’est la prise de position de trop ?

Oui. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Et ce, même si on sentait, depuis quelques semaines, qu’il y avait des différends entre nous sur le fond et sur la forme. Je crois que Jean-Luc Mélenchon est un obstacle à l’union de la gauche dans notre pays.

Jean-Luc Mélenchon est donc le responsable de cette situation politique ?

En partie oui. Effectivement.

Avez-vous également des griefs à l’encontre d’Olivier Faure, le Premier secrétaire du Parti Socialiste ?

Peut-être qu’au moment où il y a eu cet accord, c’était peut-être la bonne décision. Electoralement parlant, c’était une bonne décision puisque beaucoup de députés ont été élus ou réélus à gauche à l’Assemblée nationale. En même temps, sur le fond, il aurait dû être beaucoup plus précautionneux parce que l’on savait qu’il y aurait des points de divergence. Ce que je regrette quand même, c’est qu’au sein du PS, tous ces points de divergence, que ce soient l’Europe, le rôle de la police, le budget de l’armée,… n’ont jamais été abordés, en interne, après cet accord législatif. Je regrette que notre parti soit désormais divisé en deux. Autrement dit, ceux qui veulent arrêter tout de suite et ceux qui veulent faire un moratoire.  Sauf qu’un moratoire a une fin et je pense que c’est la fin de la NUPES.

La Parti Socialiste peut-il exister sans la NUPES ?

Bien sûr. Nous le verrons lors des élections européennes. En résumé, il faut une union de la gauche pour que la gauche existe dans ce pays. Aujourd’hui, je constate que les idées extrémistes prennent de plus en plus le pas sur les idées démocratiques. Le Parti Socialiste doit absolument exister à l’intérieur de cette alliance de gauche. L’union de la gauche a toujours été un combat. Cela dure depuis des décennies. Mais sans cette union de la gauche, il n’y a pas de victoire.

Quelle suite attendez-vous maintenant ?

Une clarification encore plus importante des différents partis. A la fois, du PC, du PS et des Verts. Nous-mêmes, nous parlons d’un moratoire. Qu’est-ce que cela veut dire ? Est-ce que localement nous ne participons plus à aucune réunion  dans le cadre de la NUPES ? Est-ce que Jean-Luc Mélenchon accepte de se mettre en retrait de la NUPES ? Ce sont des choses qui vont s’éclaircir. Ces derniers jours ne montrent pas que nous sommes dans cette séquence-là. Cela va être très intéressant de voir ce qui va se passer d’ici Noël pour faire apparaître des positions  claires en début d’année 2024.  

L'interview de la rédaction : Nicolas Bodin

Dernière modification le dimanche, 22 octobre 2023 18:06