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Une enquête réalisée par Ipsos révèle les détails de l’abstentionnisme record lors de ces élections régionales. Un abstentionnisme à hauteur de 66% qui varie selon l’âge, la profession, ou encore l’appartenance politique.

Le sujet de l’abstention a autant, si ce n’est plus, fait parler que les résultas des élections. Boucs émissaires parfaits des grands perdants du soir (RN et LREM), les abstentionnistes sont plus ou moins nombreux selon l’âge et le sexe dans un premier temps. Si la part de votant est plus forte chez les hommes que chez les femmes, l’écart reste mince (36% contre 33%). Beaucoup plus de changements en fonction de l’âge, et comme attendu, c’est chez les jeunes que le taux d’abstention est le plus élevé (79% chez les 18-24 ans et chez les 25-34 ans). Plus l’âge augmente, plus la part d’abstentionnistes baisse : 75% chez les 34-49 ans, 62% chez les 50-59 ans, 61% pour les 60-69 ans, puis « seulement » 42% chez les 70 ans et plus.

Les retraités sauvent les meubles

La profession apparait également comme un indicateur de l’abstentionnisme. Étant donné les statistiques relatives à l’âge, ce sont logiquement les retraités qui se sont le plus déplacés dans les bureaux de vote dimanche (51% de participation), suivi par les cadres (37%). Les professions intermédiaires (29%), ouvriers (27%), et employés (25%) ferment la marche avec moins de 30% de participation. Le constat peut paraitre paradoxal, mais ce sont bien nos ainés qui semblent les plus concernés par notre avenir.

Sympathie partisane

Troisième et dernier indicateur de l’abstention, la sympathie partisane. Les sympathisants UDI et PCF ont été les plus assidus aux urnes ce dimanche (respectivement 54% et 47% de participation). Malgré les dires et prétextes des candidats En Marche lors de leur débâcle ce dimanche, les électeurs macronistes font également parti des plus investis avec 43% de participation. Suivent les partis traditionnels socialiste et républicain avec 40% de participation. Les mauvais élèves sont les électeurs du RN, de LFI, et d’EELV, dont le taux de participation est le plus faible parmi les sympathisants (respectivement 36, 31, et 30%. Concernant les personnes non affiliées à un parti politique, seulement 20% d’entre elles se sont rendues aux urnes dimanche.

Les raisons d’un triste record

Pour quelles raisons le taux d’abstention a-t-il explosé en 2021 ? De nombreux politiques se sont succédé sur les plateaux TV ce dimanche pour tenter de répondre à cette question. Pour beaucoup, le timing de ces élections en sortie de confinement n’était pas bon. D’autres comme Gilles Platret ont fustigé l’État, estimant que de nombreux électeurs n’avaient pas reçu leur profession de foi. Selon l’enquête réalisée par Ipsos, les raisons sont en réalité bien diverses. La cause majeure serait le dégout et la méfiance de la classe politique. Avec 27% expliquant leur abstention par un mécontentement de la classe politique en général, et 23% estimant qu’aucune liste ne leur plaisait, la moitié des abstentionnistes ne font plus confiance à la politique. Parmi les autres arguments avancés, 20% n’avaient pas la tête à aller voter, et 18% n’étaient pas intéressés. 17% estiment que leur vote ne changera rien et 14% pensent que les leviers de la Région n’ont pas d’impact sur leur vie.

Alors que les pires records possibles semblaient avoir été atteints lors des dernières élections municipales de 2020, les élections régionales et départementales 2021 ont établi de nouveaux tristes standards en termes d’abstentionnisme. À l’échelle nationale, c’est près de 7 français sur 10 qui ne se sont pas rendus dans les bureaux de vote ce dimanche. Ras-le-bol général, manque de confiance envers la classe politique, ou encore désintérêt total de la jeunesse, les causes ne manquent pas. Retour sur une catastrophe démocratique 

Les crises sociales s’accumulent au fil des mois. Avant l’épisode COVID-19, le président de la République Emmanuel Macron a du faire face à la crise des gilets jaunes. Un symbole du ras-le-bol général du peuple, et de la défiance de ce dernier envers la classe politique. Si les français se désintéressent de la politique, c’est chez les jeunes que le constat est le plus alarmant. 82% d’abstention chez les 18-35 ans et 84% chez les 18-24 ans. Le timing et l’organisation de ces élections peuvent également être un facteur de l’abstention record. De nombreuses personnes n’étaient pas au courant qu’il s’agissait d’une double élection (Régionales / Départementales), et quelques jours seulement après le déconfinement, la tête des français était peut-être ailleurs.

Hier, la présidente sortante de BFC Marie-Guite Dufay qualifiait de « catastrophe démocratique », le taux d’abstention anormalement élevé. Un constat juste qui manque cependant de remède. Alors que faire, pour redonner gout à la politique et au vote ? Plusieurs pistes sont évoquées, certains souhaitant faire du vote un devoir obligatoire et non un droit. D’autres estiment que le salut passe par la pédagogie avec de l’instruction civique dédiée dès le collège ou le lycée. Enfin, le vote électronique apparait comme une solution viable et plus simple que le traditionnel déplacement dans les urnes.