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La Vuelta, le tour d’Espagne,  s’est terminée ce dimanche. Les deux francs-comtois, engagés dans cette course, n’ont pas démérité. Le Jurassien Fabien Doubey (TotalEnergies) termine en 36è position. Le Bisontin Romain Grégoire ( Groupama-FDJ),  qui a su bien figurer lors de certaines courses, prend la 42è position.

Le Tour de France s’est achevé ce dimanche 18 juillet, remporté par le slovène de 22 ans Tadej Pogačar. L’occasion de revenir sur cette édition 2021 avec le jurassien Fabien Doubey, coureur de l’équipe TotalEnergies, qui vivait son premier Tour. Un rêve d’enfant auquel il a pu prendre part cette année.

 

Bonjour Fabien. Premièrement une question qui peut paraître curieuse, mais en tant que coureur, comment participe-t-on au Tour de France ?

 

« Bonjour. Alors déjà il faut déjà faire partie d’une des équipes inscrites sur le Tour de France. Ensuite, il faut faire partie des 8 coureurs sélectionnés pour faire le Tour. Ça s’arbitre sur des compétitions qui le précèdent, mais aussi sur des choix tactiques de l’équipe pour créer un groupe homogène. Soit pour des sprints, pour des arrivées au sommet pour les grimpeurs, pour un classement général, ou alors pour une équipe de baroudeurs pour viser les victoires d’étapes par exemple. Enfin il y a plusieurs critères qui rentrent en compte. »

 

Quand avez-vous su que vous alliez participer à cette édition 2021 ?

 

« Je l’ai su officiellement au soir des championnats de France. Enfin le lendemain matin plus exactement. J’ai eu un appel de mon manager, Jean-René Bernaudeau, qui m’a confirmé ma sélection pour le Tour de France. »

 

Comment se prépare-t-on ?

 

« Même si on n’est pas sûr à 100% de faire le Tour de France, tous les coureurs pressentis suivent un programme de préparation qui est pensé pour être optimal pour cette course. Un Tour de France se prépare dès l’hiver précédent, parce que c’est une course de 3 semaines, et on ne peut pas arriver la fleur au fusil, et l’effectuer sans préparation. »

 

Quand avez-vous commencé le vélo ?

 

« Ça fait longtemps que je fais du vélo. J’ai commencé par le cyclo-cross dans les jeunes catégories d’âge, et ensuite je suis passé sur le VTT avec des trophées régionaux des jeunes vététistes, où on avait 4 disciplines. J’ai toujours continué le cyclo-cross en même temps que le VTT parce que les saisons concordaient : le cyclo-cross en hiver, le VTT en été. Et au bout d’un moment, j’ai voulu me tester sur la route, pour avoir des gains un peu plus importants pour l’hiver, pour le cyclo-cross. Et donc je suis passé par le Club Cycliste Étupes, un club assez réputé dans la région pour accéder au niveau professionnel. J’ai ensuite été repéré par l’équipe Wanty Gobert, qui est devenue aujourd’hui Intermarché-Wanty-Gobert. J’ai fait 4 années de contrat avec cette équipe belge, et depuis cette année, j’ai rejoint l’équipe TotalEnergies, une équipe française. Voilà, un parcours un peu atypique ! »

 

Cette année, c'était votre premier Tour de France. Comment l’avez-vous vécu ?

 

« J’ai un sentiment d’accomplissement, dans le sens où c’est un rêve d’enfant. Tout le monde qui fait du vélo, que ce soit sur la terre ou la route, connaît et sait ce qu’est le Tour de France. Plus jeunes, tous les cyclistes sont allés sur le bord de la route pour voir passer la caravane, et le fameux maillot jaune, le maillot à pois, ou encore le maillot vert. C’est vrai que c’est super de pouvoir participer, mais c’est encore une autre saveur de se dire qu’il est bouclé. »

 

Il y a des choses auxquelles vous ne vous attendiez pas ?

 

« Le plus surprenant, même si on s’y attend parce que tout le monde nous y prépare, mais qu'il est difficile de croire sans le vivre, c’est toute l’atmosphère « médiatique ». C’est comme une fourmilière qui grouille tout autour de l’aspect sportif. C'est un évènement mondial, tellement considérable, qu’il faut énormément de monde pour l’organisation, pour la logistique. Et c’est vrai que de l’intérieur, c’est impressionnant de vivre ça. Pour monter les arrivées, les départs, tout ça en si peu de temps, c’est quand même impressionnant. Et après il y a l’aspect sportif, et par rapport aux enjeux, on sent une tension supplémentaire dans toutes les équipes. Que ce soit la direction sportive, mais aussi sur les coureurs. Et c’est ça qui est un peu différent des autres courses. »

 

C’est effectivement le 3ème événement sportif le plus suivi dans le monde. C’est vrai que ça doit être impressionnant.

 

« C’est ce qu’on m’a dit aussi (rires). C’est vrai qu’on le ressent, c’est un évènement tellement populaire, qui rassemble. Et ce qui plaît, ce qui est beau sur le vélo, c’est que les coureurs restent accessibles, proches du public, et c’est la base du sport. C’est la passion qui nous permet d’en vivre maintenant. C’est vrai que le Tour de France est un événement qui met bien en avant ces valeurs-là, et qui souhaite les conserver. Quand on discute avec tout le monde, que ce soient les coureurs ou le public, tout le monde prend son pied sur le tour. »

 

Un petit mot sur votre prestation ? Vous terminez 78ème sur les 141 coureurs ayant achevé le Tour, comment jugez-vous votre performance pour une première ?

 

« Pour les personnes lambdas, tout le monde se réfère au classement général, mais ça ne veut pas dire grand-chose. Dans une équipe, il y a un coureur qui est généralement déterminé pour le classement général, et ses équipiers sont présents pour le mettre dans les meilleures dispositions pour pouvoir réussir. Certains jours, une fois que le boulot est « terminé », ces personnes se relaient pour récupérer et pour être d’attaque la journée suivante. C’était un peu mon cas. J’avais le rôle de coéquipier, notamment pour notre leader Pierre Latour, et nos sprinteurs Anthony Turgis et Edvald Boasson Hagen lors des arrivées au sprint. Après j’avais aussi ma carte à jouer, plutôt sur les échappées à long terme. Chose que j’ai pu faire, donc c’était super. Donc voilà, le chiffre brut du classement général ne reflète pas forcément la réalité par rapport au niveau de la personne. »

 

Désormais, quelle est la suite pour Fabien Doubey ? Sur quelles compétitions va-t-on vous retrouver ?

 

« La saison ne s’arrête pas sur le Tour de France, sinon ça ferait énormément de vacances (rires). Ce qui est très intéressant en tant que coureur, c’est que quand on a l’opportunité d’avoir une course de 3 semaines, dans le jargon on dit qu’on prend de la force. Ça permet d’avoir de bonnes aptitudes pour les courses de deuxième partie, voire de fin de saison. Pour ma part, ce sera un calendrier qui va passer par les Critériums d’après Tour. On a la chance d’en avoir deux très beaux dans la région, à savoir ce jeudi celui de Dijon, et samedi celui de Dole. Ensuite je serai sur le Tour de l’Ain, une course qui me tient à cœur parce que ce n’est pas très loin de mes attaches natales, étant jurassien d’origine. Et ensuite, je vais me reposer un petit peu avant de repartir sur la dernière partie de saison. Et je reprendrai les compétitions fin août. »

 

Peut-on déjà envisager Fabien Doubey sur le Tour de France 2022 ?

 

« Pourquoi pas, soyons fous, on a le droit de rêver ! Mais c’est vrai qu’il y a énormément de facteurs qui rentrent en compte pour participer à un événement comme le Tour de France. Donc bien sûr qu’au fond de moi je sors très heureux et très content d’avoir pu réaliser ce Tour. C’est vrai que c’est bien de le vivre, mais ce serait aussi bien d’essayer de laisser son empreinte sur une course de cette envergure. » 

Peux-tu te présenter rapidement s’il te plaît?

« Je m’appelle Fabien Doubey, je suis originaire du Jura, de la petite montagne et expatrié bisontin depuis ma scolarité dans les études supérieures. Je suis notamment passé par le pole espoir de Besançon et le lycée Jules Haag en sports études.
Depuis maintenant 4 ans je suis professionnel en cyclisme sur route. Je suis passé par le club d’Arinthod, mon club d’enfance et ensuite par le club du CC Etupes qui m’a formé pour rejoindre les rangs professionnels. J’ai signé mon premier contrat dans l’équipe belge « Wanty-Gobert » (aujourd’hui « Intermarché Wanty-Gobert ») et depuis cette année j’ai rejoins l’équipe « Total Direct Energie » (qui vient de changer de nom pour « Total Energies »). »

 

A 27 ans tu vas participer à ton premier Tour de France, l’épreuve culminante dans le monde du cyclisme, c’est un rêve de gosse qui se réalise ?

« C’est clairement un rêve qui devient réalité. Qui, enfant, ne passait pas ces étés à aller au bord de la route pour voir passer la caravane, applaudir et acclamer les coureurs ? C’est toute une histoire. Maintenant d’en être acteur, c’est génial. »

 

Tu approches de l’âge où souvent un athlète a accumulé beaucoup d’expérience et prendre une autre dimension. Est-ce que c’est une chose à laquelle tu penses parfois et est-ce que ce premier Tour de France c’est peut-être une occasion ?

« Je ne me focalise pas du tout sur l’âge, j’ai un parcours totalement différent du routier de base. C’est vrai que le Tour de France peut être un tremplin dans une carrière mais je n’ai jamais brûlé d’étape, j’ai toujours passé les niveaux à mon allure. C’est comme ça que je me suis construit et que ma carrière s’est construite.
Je pense que je suis prêt, physiquement et psychologiquement, à en découdre sur une course de trois semaines. Je suis pressé de prendre le départ demain. »

 

Dans quel état d’esprit tu abordes ce Tour ? C’est quoi tes objectifs, aussi bien sur le plan individuel que collectif ?

« Pour l’équipe, c’est évidemment de l’emporter, la victoire est tellement magnifique… et encore plus sur le Tour. Personnellement, j’ai l’envie de bien faire et de pratiquer le vélo que j’aime. C'est-à-dire, aller à l’avant et en tant que baroudeur essayer d’aller le plus loin possible sans me faire rattraper par le peloton.
C’est aussi ça le vélo, surtout en ce moment avec la période qu’on a pu vivre, c’est redonner du plaisir aux gens. On sent qu’à travers le Tour les gens veulent retrouver le sourire. »

 

Il y a cette 8ème étape qui part d’Oyonnax, pas très loin d’où tu viens, jusqu’au Grand-Bornand. Ça fait quoi d’être un local de l’étape ?

« Je n’ai pas eu la chance d’avoir une étape 100% jurassienne cette année mais Oyonnax c’est tout près de mon attache natale, de mes parents, là où j’ai passé toute mon enfance. Bien sûr que ça a une valeur particulière, c’était mes routes d’entraînements quand j’étais jeune. Le départ sera particulier avec beaucoup d’émotions et avec des gens que j’apprécie et que j’aime qui seront là. Ça va être un beau moment de partage grâce au Tour. »