Choix du secteur :
Se connecter :

Frédéric Péchier : un procès hors normes

Publié le 31 Aoû. 2025 à 14:08
Tags: frederic pechier | justice | randall schwerdorffer |
Lecture: min
Frédéric Péchier : un procès hors normes palais de justice de Besançon

Le 8 septembre prochain s’ouvrira devant la cour d’assises du Doubs le procès de Frédéric Péchier, ex-anesthésiste de 53 ans, accusé de 30 empoisonnements présumés, dont 12 mortels. Le procès, prévu jusqu’au 19 décembre, s’annonce comme l’un des plus longs et complexes de ces dernières années. Ce dimanche, Maître Randall Schwerdorffer et le journaliste bisontin Willy Graff étaient les invités d’« Affaire suivante » sur BFM TV, l’émission consacrée aux affaires judiciaires. Ils y ont évoqué notamment les enjeux d’équité du procès, la place des victimes et la préparation de la défense.

Chronologie judiciaire

L’affaire débute en 2017, lorsque plusieurs incidents médicaux « graves et concordants Â» surviennent. Très vite, les soupçons se portent sur l’anesthésiste Frédéric Péchier, accusé d’avoir manipulé des produits injectés à des patients. En 2019, le médecin est mis en examen une première fois pour sept cas d’empoisonnements présumés. Quelques mois plus tard, l’information judiciaire s’élargit à vingt-quatre nouveaux cas, dont celui particulièrement marquant d’un enfant de quatre ans. Malgré la gravité des faits reprochés, il évite la détention provisoire et reste placé sous contrôle judiciaire. Deux ans plus tard, en 2021, sous le poids de la procédure et de l’exposition médiatique, Frédéric Péchier est hospitalisé d’urgence après une tentative de suicide.

Le dossier connaît un nouveau tournant en septembre 2023 : l’ancien anesthésiste est cette fois mis en examen pour trente empoisonnements au total, dont douze mortels. Le parquet de Besançon, en mai 2024, requiert son renvoi devant la cour d’assises, l’accusant d’avoir empoisonné des patients en bonne santé dans le but de nuire à ses collègues. Trois mois plus tard, en août 2024, les juges d’instruction confirment cette orientation en signant l’ordonnance de mise en accusation. Le procès de Frédéric Péchier doit se tenir du 8 septembre au 19 décembre 2025 devant la cour d’assises du Doubs. Trois mois d’audience seront consacrés à l’examen de ce dossier hors normes, l’un des plus longs et complexes de ces dernières années, où se joueront à la fois la quête de vérité des victimes et l’équilibre des droits de la défense.

L’équité au cœur du débat

Au cours de ce dimanche, la défense a dénoncé une disparité de moyens : environ 40 000 € pour la défense contre plus d’1 M€ pour les parties civiles. Maître Randall Schwerdorffer s’est interrogé sur la capacité de juger « à armes égales » dans un dossier aussi technique et tentaculaire ?  Dans ce contexte, il a été dénoncé la non-acceptation d’une solidarité financière entre parties civiles et défense, qui « aurait permis de rétablir un certain équilibre Â».

Un marathon judiciaire

Trois mois d’audience : le rythme imposera une véritable épreuve d’endurance à toutes les parties. Chaque matin, Frédéric Péchier devra se présenter, répondre aux questions, affronter les regards, alors que pèse sur lui la menace d’une peine de réclusion criminelle à perpétuité. Son entourage le décrit comme un homme préparé mais fragile, conscient que sa vie pourrait basculer définitivement à l’issue de ce procès. Pour lui, qui vit libre depuis 2017, une condamnation assortie d’incarcération constituerait un choc immense.

Les victimes au premier plan

Derrière les chiffres – 30 empoisonnements, 12 décès – il y a des visages, des familles, des vies bouleversées. Certaines victimes ou proches vivent encore aujourd’hui avec des séquelles physiques et psychologiques. Toutes expriment une soif de vérité. Pour beaucoup, la question de la culpabilité de Péchier ne fait plus de doute ; pour d’autres, c’est avant tout le besoin de reconnaissance et de réparation qui domine.

Une affaire emblématique

Le procès Péchier dépasse le cadre d’une simple affaire criminelle. Il met en lumière : la vulnérabilité des patients face à des soignants en position de pouvoir, les limites du système judiciaire lorsqu’il s’agit de procès techniques et longs et les inégalités persistantes entre la défense et les parties civiles. Entre doute judiciaire et certitude morale, ce procès sera avant tout celui de la vérité et de la mémoire des victimes.