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Dossier : Planoise/Clairs Soleils/Palente : comment calmer la colère ? (¼)

Publié le 05 Juil. 2023 à 15:07
Tags: planoise | Besançon | emeutes | karate | nahel | société | Sport |
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Dossier : Planoise/Clairs Soleils/Palente : comment calmer la colère ? (¼) Fode N'Dao

Depuis jeudi dernier, des violences urbaines éclatent dans certains quartiers de Besançon, comme dans le reste de la France, suite à la mort de Nahel. Le quartier prioritaire de Planoise est particulièrement touché. Alors, comment comprendre cette colère et agir à long terme pour que cette situation structurelle ne se reproduise pas ? 

Tentatives de réponses dans ce dossier avec, en première partie Fodé Ndao, champion de karaté et fondateur du Club Sauvegarde. 

 

Réfléchir, avant tout. C’est ce que Fodé Ndao ne cesse de répéter aux jeunes qu’il encadre et à son propre fils. On le rencontre au 6 rue Pablo Picasso, le Club Sauvegarde, en plein cœur du quartier de Planoise. Avant de mener l’interview, le champion de karaté nous demande quelques minutes pour régler un conflit à propos d’une sortie au lac avortée au sein du club. Pour comprendre les tensions, la recette est simple : écouter, chacun, chacune. Avant d’émettre un quelconque avis, Fodé veut entendre tout le monde isolément. 

Cet exemple met en lumière l’avis et la philosophie de vie du karatéka qui “voit dans le sport les valeurs fédératrices” d’où peuvent émerger la paix. 

Le sport, une visée éducative

Fodé est vice-champion du monde de karaté et plusieurs fois champion d’Afrique. Véritable légende dans son quartier et dans son pays d’origine, le Sénégal, il veut mettre à profit son expérience pour éduquer les jeunes. Dans son Club Sauvegarde, fondé en 2003, il discute tous les jours avec des mineurs et essaie d’initier chez eux des réflexions, sans imposer son point de vue. Le sport, pour lui, “n’est pas politique”. Éloigné de ces considérations, il peut avoir des “valeurs éducatives” avec les moments de partage qu’il suscite. Quand on lui demande si l’Etat est assez présent pour l’aider dans son action, nécessaire et bénéfique dans ce quartier, Fodé affirme : “il ne faut pas toujours se demander ce que l’Etat peut faire pour nous, il faut aussi se demander ce que l’on peut faire pour l’Etat”. Il remercie les collectivités pour leur aide financière mais estime que c’est par les relations humaines, avant tout, que la société peut sortir par le haut.

Préférer la responsabilité de chacun à la responsabilité des parents

On entend beaucoup dans les médias que la responsabilité de ces violences, réalisées par des très jeunes, revient en premier ordre aux parents. Fodé préfère imputer un rôle à toute la société qu’il voit “comme un village”. “Le village, c’est le boulanger, le voisin, le passant, l'instituteur qui doit être respecté par tout le quartier”. Chaque personne sur le passage d’un jeune le construit. Et quant au rôle des “grands frères”, c’est un terme fondé politiquement selon lui. La responsabilité doit être collective pour Fodé et la solution dans le dialogue. 

“Les violences, on ne les traite pas, on les juge”

Ce dialogue, il ne peut être seulement répressif et Fodé déplore le jugement de ces violences, sans compréhension. Dans ses actions, comme avec l’initiative des caravanes des pieds d’immeubles qui débute dès ce lundi 10 juillet, il prône le dialogue. Cet évènement, qui présente des activités sportives aux jeunes, durera près de deux mois dans six quartiers différents de Planoise. Il est réalisé en collaboration avec le Centre de loisirs de jeunes de la Police Nationale.

 

Le podcast de la rédaction/ Fodé Ndao  

Dernière modification le mercredi, 05 juillet 2023 15:50
Publié dans A la une