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Gabriel Attal, le Premier ministre, a tenu une conférence de presse ce mercredi matin en pleine colère des agriculteurs, et à trois jours du Salon de l’Agriculture. Parmi les mesures annoncées : le renforcement des lois Egalim, d’ici à l’été, l’indicateur de référence pour suivre l’usage des pesticides sera l’indicateur européen et la production agricole sera déclarée comme « secteur en tension » afin de faciliter l’attribution de visas. Concernant les aides de la PAC, Gabriel Attal a fait savoir que 100% des agriculteurs la percevront d’ici le 15 mars prochain.

Dans une ambiance, qui s’annonce d’ores et déjà tendue, le monde agricole se donne rendez-vous à Paris, à compter de ce samedi, et jusqu’au 3 mars. Pour la cinquième fois, et la troisième année consécutive,  l’agriculteur jurassien Mickaël Millet, installé à La Marre, sera présent. Il fera le voyage avec sa vache Pamela (4 ans et 8 mois).   Cette Montbéliarde connait bien l’ambiance parisienne. Durant les deux dernières années, elle a participé au concours, dans la catégorie jeunes. Cette année, elle figure dans la catégorie adulte.

« Nous préparons cette animale depuis un moment pour cet évènement. On espère obtenir un bon résultat » explique l’éleveur. M. Millet fait partie de ces professionnels passionnés, qui s’investissent sans compter. « Je me suis installé hors-cadre familial il y a 20 ans. J’ai fait de ma passion, mon métier. Quand j’étais petit, je jouais au petit tracteur. Maintenant, je dis que je joue avec les vrais » explique-t-il.

L’amour de son métier

« Pour réussir dans ce métier, il faut vraiment aimer ce que l’on fait » commente M. Millet. Malgré les difficultés, le paysan jurassien continue d’exercer cette profession avec passion. « Il est vrai, néanmoins,  que l’on a l’impression d’avoir une grosse charge sur les épaules et d’être regardés de partout » analyse-t-il.  Et de poursuivre : « Tant que l’envie et la passion sont au rendez-vous, je continuerai. Dès lors qu’elles cesseront, il faudra arrêter. C’est comme cela que je vois les choses ».

Quid du prochain Salon de l’Agriculture ?

Mickaël Millet s’attend à un Salon de l’Agriculture différent cette année. La crise agricole n’y est pas étrangère. « Cette édition 2024 sera un tournant. Beaucoup d’agriculteurs attendent des annonces du gouvernement. Je crains que si elles ne sont pas au rendez-vous, l’après-salon sera très compliqué » commente-t-il. Quoiqu’il en soit, c’est toujours avec le même enthousiasme que l’éleveur s’y rendra. Le déplacement s’effectuera avec les autres sélectionnés jurassiens mardi prochain. « Le Salon reste un moment très fort. On a toujours envie d’y aller » conclut-il.

L'interview de la rédaction / Mickaël Millet

Les agriculteurs maintiennent leur pression sur le gouvernement. Ce mercredi, Gabriel Attal, tiendra une conférence de presse. A quelques jours du Salon de l’agriculture, cette prise de parole est très attendue. Le Premier ministre évoquera la réécriture du projet de loi, qui avait été suspendu en début de crise. Il devrait également faire le point sur les dernières décisions annoncées par l’exécutif.

A quelques jours de l’évènement parisien, les agriculteurs continuent de mettre la pression sur le gouvernement. Florent Dornier, le président de la FDSEA du Doubs, dénonce « une situation encore trop brouillonne ». « On a du mal à voir le calendrier. Lorsque l’on rencontre l’administration départementale, il n’y a pas plus d’information que cela. On se doit de surveiller cette situation, comme le lait sur le feu » explique-t-il.

Alors qu’Emmanuel Macron doit prochainement recevoir les présidents nationaux de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs, les représentants syndicaux et leurs militants restent très attentifs. De la qualité des échanges dépendra les actions à venir au salon. Les professionnels de la terre ne souhaitent pas gâcher la fête et la belle vitrine que leur activité représente aux yeux des Français. Il n’empêche que leur patience est mise à rude épreuve. « Nous verrons,  en fonction de ce qui a pu être dit, comment nous nous positionnerons syndicalement pour ce salon de l’agriculture » narre M Dornier. « Le salon est une vitrine que l’on veut maintenir. On peut s’attendre à un accueil très tendu vis-à-vis des politiques » poursuit l’agriculteur, qui rappelle que l’évènement était « une deadline » qui avait été fixée au gouvernement pour avoir des réponses très concrètes. Et de terminer : « on ose espérer que ce sera un effet levier et que des mesures seront annoncées pour donner davantage de perspective aux agriculteurs ».

L'interview de la rédaction / Florent Dornier

 

Après leur rencontre avec Gabriel Attal à Matignon, hier, les représentants de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs ont assuré que la rencontre s’était « bien passée ». Ils ont néanmoins annoncé qu’ils maintiennent la pression sur l’exécutif, alors que se dessine le prochain Salon de l’agriculture, qui se tiendra dans une dizaine de jours. Précisons qu’Emmanuel Macron reçoit, ce mercredi, la Coordination rurale et la Confédération paysanne. Les deux syndicats majoritaires ont rendez-vous, mardi prochain, avec le Chef de l’Etat.

Les producteurs de lait indépendants manifestent à Paris. Une centaine de manifestants se sont réunis pour alerter sur leurs conditions de travail et leur rémunération. Ces derniers estiment ne pas être suffisamment représentés par les syndicats agricoles. Sur place, le collectif a procédé à une distribution gratuite de lait.

Suite à la mise en garde des agriculteurs, Gabriel Attal, le Premier Ministre, recevra, ce mardi, à 16h30, des représentants de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs. Dimanche dernier, le syndicat majoritaire a prévenu qu’il pourrait reprendre ses actions, si les annonces gouvernementales tardent encore à se mettre en place. L’Elysée a également confirmé, hier, qu’Emmanuel Macron va recevoir dès demain, la Coordination rurale et la Confédération paysanne  et la semaine prochaine la FNSEA et les Jeunes agriculteurs.

Le siège de plusieurs sociétés du géant mondial du lait Lactalis a été perquisitionné mardi dans le cadre d’une enquête  du parquet national financier pour fraude fiscale aggravée et blanchiment de fraude fiscale aggravée entre 2009 et 2020.

Déplacement surprise et en catimini d’Emmanuel Macron, dans le Doubs, hier. Le Chef de l’Etat s’est rendu à Roulans, ce mardi, dans une exploitation agricole. Ce déplacement s’inscrit dans le cadre du conflit agricole, qui s’est manifesté en France durant plusieurs jours. Nos confrères de l‘Est Républicains précisent que le Président de la République a échangé avec des habitants et s’est rendu dans un bar tabac de la commune.

C’est la grande interrogation des associations de défense de la nature et de leurs militants, mais aussi de certains agriculteurs. Les mesures prises par le gouvernement, lors de la dernière crise agricole, en matière d’environnement et de protection de la biodiversité, interpellent.  Il est notamment fait référence à la « pause » du plan écophyto. Certains regrettent que les négociations n’aient été menées qu’avec un seul syndicat, en l’occurrence avec la FDSEA, oubliant les autres composantes de l’agriculture française. Maxence Belle, le président de France Nature Environnement Bourgogne Franche-Comté,  a répondu aux questions de Plein Air.

L’écologie n’a-t-elle pas été la grande oubliée des dernières mesures prises par le gouvernement ?

Il est clair que le problème de la crise écologique n’a pas été traité. Il n’y a pas de mesures qui ont montré une considération de ces enjeux-là. Je pense que sortir de la crise agricole, dans laquelle on se trouve actuellement, revient à trouver des solutions dans l’écologie et la transition agroécologique.

On pense à la santé de tous, via la suspension du plan écophyto. Qu’en pensez-vous ?

On déplore effectivement le fait qu’il y ait aucune mesure concernant ce plan. Depuis qu’il a été créé, malheureusement, il  n’a pas prouvé son efficacité. Puisque l’on a vu une augmentation de l’utilisation des pesticides en France, sur une dizaine d’années, de plus de 10%. Aujourd’hui, les pesticides qui sont utilisés par l’agriculture sont responsables de la pollution des nappes phréatiques. Environ 80% des nappes souterraines, en France, sont contaminées par des pesticides. Environ 15% de ces nappes d’eau ont à des seuils de pesticide au-delà des normes de consommation potable. C’est donc un problème majeur. C’est également un problème pour les dizaines d’années qui vont suivre. La rémanence de ces produits dans l’eau est très longue. Ne pas considérer ce problème et considérer que l’agriculture française peut continuer d’avoir des pratiques dégradantes pour la qualité de la ressource en eau potable, ressource qui se raréfie, c’est  se voiler la face et ne pas considérer un enjeu majeur pour les années à venir.

Comment se positionne France Nature Environnement. C’est la mise en danger de la vie d’autrui. C’est l’agriculture productiviste qui a gagné ?

Je ne sais pas si elle a gagné. Je ne sais pas si elle gagnera au final. Nous concernant, on ne souhaite pas s’opposer à la colère des agriculteurs. On n’est pas dans une volonté de faire un face à face. On est plutôt dans la recherche de solutions. Nous n’avons pas attendu la crise de ce mois-ci pour travailler avec le monde rural et l’agriculture. Bien au contraire. Cela fait des dizaines d’années que le réseau France Nature Environnement travaille avec le monde agricole pour trouver des solutions. On travaille avec le milieu agricole sur tout ce qui est reconstitution du bocage,  sur la gestion des haies pour faire en sorte que l’agriculture puisse être durable et résiliente. L’agriculture rencontre un véritable problème qu’est le changement climatique. Pour s’adapter au changement climatique, l’agriculture va avoir besoin de faire une transition agroécologique et de mieux s’intégrer dans les écosystèmes dans lesquels elle travaille. Ce n’est certainement pas en utilisant plus de pesticides. Je crois également que l’on a trop tendance a considéré l’agriculture comme un seul bloc. Il y a des nuances dans les propositions. Ce qui est défendu par l’organisme majoritaire, c’est l’agriculture industrielle. Mais, tous les agriculteurs, loin de là, ne se retrouvent pas dans ce modèle-là. Il y a des alternatives et des mouvements agricoles qui ne vont pas dans le même sens.

Toutes ces forces en présence sont capables d’échanger autour d’une table ? Cela paraît tellement utopique ?

Ce n’est pas facile. Il ne faut pas se le cacher. Mais il faut faire confiance en l’intelligence des hommes et des femmes qui arrivent à travailler et vivre ensemble depuis longtemps. En Franche-Comté, nous avons une tradition coopérative, que ce soit dans l’industrie ou dans l’agriculture. Il faut que l’on s’inspire de l’exemple des fruitières à comté ou des usines LIP pour trouver des solutions qui puissent relever du compromis. Aujourd’hui, ce que l’on déplore, c’est qu’un certain nombre de décisions, prises par le ministre, ont été faites à huis-clos, avec un seul syndicat, une seule idée, une seule nuance. Je suis prêt à parier que de nombreux agriculteurs ne se retrouveraient pas dans l’arrêt total des normes environnementales par exemple.

Savez-vous comment les choses vont s’organier dans les semaines à venir ?

On ne va pas être dans une réaction à chaud de l’actualité de la crise actuelle. On a des choses enclenchées. On va continuer à travailler avec les exploitantes et les exploitants qui travaillent avec nous, qui ont besoin d’accompagnement, et qui veulent réfléchir à des solutions.  On n’est pas sur la construction d’un projet spécifique, par rapport à ce qui est traversé. Nous sommes dans notre domaine de compétences : aider les agriculteurs à mieux faire pour la biodiversité. On ne va pas être des experts sur comment faire en sorte que les agriculteurs aient un meilleur revenu. Il ne faut pas oublier que c’est de là que part la crise. Les agriculteurs souffrent d’un manque de rémunération. C’est structurel. Il faut travailler là-dessus. Ce n’est pas le rôle de France Nature Environnement de les accompagner sur ce point. On ne va s’inventer une compétence là-dessus.

L'interview de la rédaction : Maxence Belle