Choix du secteur :
Se connecter :
 

C’est la grande interrogation des associations de défense de la nature et de leurs militants, mais aussi de certains agriculteurs. Les mesures prises par le gouvernement, lors de la dernière crise agricole, en matière d’environnement et de protection de la biodiversité, interpellent.  Il est notamment fait référence à la « pause Â» du plan écophyto. Certains regrettent que les négociations n’aient été menées qu’avec un seul syndicat, en l’occurrence avec la FDSEA, oubliant les autres composantes de l’agriculture française. Maxence Belle, le président de France Nature Environnement Bourgogne Franche-Comté,  a répondu aux questions de Plein Air.

L’écologie n’a-t-elle pas été la grande oubliée des dernières mesures prises par le gouvernement ?

Il est clair que le problème de la crise écologique n’a pas été traité. Il n’y a pas de mesures qui ont montré une considération de ces enjeux-là. Je pense que sortir de la crise agricole, dans laquelle on se trouve actuellement, revient à trouver des solutions dans l’écologie et la transition agroécologique.

On pense à la santé de tous, via la suspension du plan écophyto. Qu’en pensez-vous ?

On déplore effectivement le fait qu’il y ait aucune mesure concernant ce plan. Depuis qu’il a été créé, malheureusement, il  n’a pas prouvé son efficacité. Puisque l’on a vu une augmentation de l’utilisation des pesticides en France, sur une dizaine d’années, de plus de 10%. Aujourd’hui, les pesticides qui sont utilisés par l’agriculture sont responsables de la pollution des nappes phréatiques. Environ 80% des nappes souterraines, en France, sont contaminées par des pesticides. Environ 15% de ces nappes d’eau ont à des seuils de pesticide au-delà des normes de consommation potable. C’est donc un problème majeur. C’est également un problème pour les dizaines d’années qui vont suivre. La rémanence de ces produits dans l’eau est très longue. Ne pas considérer ce problème et considérer que l’agriculture française peut continuer d’avoir des pratiques dégradantes pour la qualité de la ressource en eau potable, ressource qui se raréfie, c’est  se voiler la face et ne pas considérer un enjeu majeur pour les années à venir.

Comment se positionne France Nature Environnement. C’est la mise en danger de la vie d’autrui. C’est l’agriculture productiviste qui a gagné ?

Je ne sais pas si elle a gagné. Je ne sais pas si elle gagnera au final. Nous concernant, on ne souhaite pas s’opposer à la colère des agriculteurs. On n’est pas dans une volonté de faire un face à face. On est plutôt dans la recherche de solutions. Nous n’avons pas attendu la crise de ce mois-ci pour travailler avec le monde rural et l’agriculture. Bien au contraire. Cela fait des dizaines d’années que le réseau France Nature Environnement travaille avec le monde agricole pour trouver des solutions. On travaille avec le milieu agricole sur tout ce qui est reconstitution du bocage,  sur la gestion des haies pour faire en sorte que l’agriculture puisse être durable et résiliente. L’agriculture rencontre un véritable problème qu’est le changement climatique. Pour s’adapter au changement climatique, l’agriculture va avoir besoin de faire une transition agroécologique et de mieux s’intégrer dans les écosystèmes dans lesquels elle travaille. Ce n’est certainement pas en utilisant plus de pesticides. Je crois également que l’on a trop tendance a considéré l’agriculture comme un seul bloc. Il y a des nuances dans les propositions. Ce qui est défendu par l’organisme majoritaire, c’est l’agriculture industrielle. Mais, tous les agriculteurs, loin de là, ne se retrouvent pas dans ce modèle-là. Il y a des alternatives et des mouvements agricoles qui ne vont pas dans le même sens.

Toutes ces forces en présence sont capables d’échanger autour d’une table ? Cela paraît tellement utopique ?

Ce n’est pas facile. Il ne faut pas se le cacher. Mais il faut faire confiance en l’intelligence des hommes et des femmes qui arrivent à travailler et vivre ensemble depuis longtemps. En Franche-Comté, nous avons une tradition coopérative, que ce soit dans l’industrie ou dans l’agriculture. Il faut que l’on s’inspire de l’exemple des fruitières à comté ou des usines LIP pour trouver des solutions qui puissent relever du compromis. Aujourd’hui, ce que l’on déplore, c’est qu’un certain nombre de décisions, prises par le ministre, ont été faites à huis-clos, avec un seul syndicat, une seule idée, une seule nuance. Je suis prêt à parier que de nombreux agriculteurs ne se retrouveraient pas dans l’arrêt total des normes environnementales par exemple.

Savez-vous comment les choses vont s’organier dans les semaines à venir ?

On ne va pas être dans une réaction à chaud de l’actualité de la crise actuelle. On a des choses enclenchées. On va continuer à travailler avec les exploitantes et les exploitants qui travaillent avec nous, qui ont besoin d’accompagnement, et qui veulent réfléchir à des solutions.  On n’est pas sur la construction d’un projet spécifique, par rapport à ce qui est traversé. Nous sommes dans notre domaine de compétences : aider les agriculteurs à mieux faire pour la biodiversité. On ne va pas être des experts sur comment faire en sorte que les agriculteurs aient un meilleur revenu. Il ne faut pas oublier que c’est de là que part la crise. Les agriculteurs souffrent d’un manque de rémunération. C’est structurel. Il faut travailler là-dessus. Ce n’est pas le rôle de France Nature Environnement de les accompagner sur ce point. On ne va s’inventer une compétence là-dessus.

L'interview de la rédaction : Maxence Belle

Les premiers décrets pour venir en aide aux agriculteurs, promis par Gabriel Attal, durant la dernière crise, ont été publiés au Journal officiel ce dimanche. L’un porte sur le gazole non routier. Ce qui leur permettra de bénéficier « d’une avance de trésorerie de plusieurs mois Â». L’autre concerne les professionnels touchés, depuis plusieurs mois,  par la maladie hémorragique épizootique.

Un grave accident, impliquant un engin agricole, s’est produit ce vendredi, vers 18h, à Saint-Georges-Armont (25). Le véhicule, type élévateur, a fait un tonneau. La victime, un jeune homme de 15 ans, est grièvement blessée. Il était incarcéré au niveau des jambes. Il a été transporté, médicalisé, par hélicoptère,  sur l’hôpital de Besançon.

Les agriculteurs rentrent progressivement dans leurs exploitations, après 15 jours de manifestation. Néanmoins, ils restent extrêmement méfiants et veulent s’assurer que les mesures et les promesses seront bien tenus. Durant la mobilisation, les professionnels de la terre ont obtenu un large soutien de la population française. Dans le département du Doubs, des croissants et des galettes ont été offerts aux manifestants pour les soutenir dans leur démarche.

Nombreux sont celles et ceux qui reconnaissent en ces acteurs, leur grande capacité de travail et leur responsabilité dans la chaîne alimentaire. Leur difficulté à pouvoir vivre de leur labeur en a également ému plus d’un. Un état d’esprit qui a été apprécié et une médiatisation qui a permis de mettre en exergue le quotidien de toute une profession.

L'interview de la rédaction : Florent Dornier, le président de la FDSEA du Doubs

Une journée importante pour le monde agricole s’est terminée ce jeudi. La  FNSEA et les Jeunes Agriculteurs ont appelé à suspendre les blocages. Néanmoins, la vigilance est de mise. Les deux syndicats majoritaires veulent des preuves écrites du gouvernement sur les engagements qui ont été pris. Ils attendent des preuves tangibles.

Hier, Gabriel Attal, le Premier Ministre, et Emmanuel Macron, lors d’un conseil européen extraordinaire,  ont pris respectivement la parole et formulé des annonces. Le chef du gouvernement a notamment annoncé une enveloppe de 150 millions d’euros, une « phase massive de contrôle Â» dans les supermarchés, une « mise en pause Â» du plan Ecophyto et le remboursement partiel immédiat de la taxe sur le gazole non routier.  La promotion massive de l’étiquetage sur l’origine des produits fut également avancée.

De son côté, Emmanuel Macron, c’est dit « pas favorable à une Europe qui se referme Â», mais qu’il ne souhaitait pas «  des échanges qui se font aux dépens de nos producteurs Â». Le Chef de l’état a également fustigé l’accord en cours de négociation entre l’Union européenne et les pays sud-américains du Mercosur.

Une journée importante pour le monde agricole s’est terminée ce jeudi. La  FNSEA et les Jeunes Agriculteurs ont appelé à suspendre les blocages. Néanmoins, la vigilance est de mise. Les deux syndicats majoritaires veulent des preuves écrites du gouvernement sur les engagements qui ont été pris. Ils attendent des preuves tangibles.

Florent Dornier, le président de la FDSEA du Doubs, reconnaît que certaines décisions vont dans le bon sens. Néanmoins, il attend, comme ses collègues, des actes et des décisions rapides. « Il y a des choses qui ont été annoncées,  comme le contrôle du respect des états généraux de l’alimentation,  un calendrier sur une loi d’orientation agricole, un futur plan loup, …, et qui devront se confirmer rapidement. Il ne faut que cela mette un an pour se mettre en marche Â» explique M. Dornier. Et de poursuivre : « cela fera partie des choses prioritaires dans les semaines à venir Â».

Le salon de l’agriculture

Si les professionnels de la terre rejoignent petit à petit leurs exploitations. Ils font savoir qu’ils sauront se rappeler au bon souvenir du gouvernement. « J’espère que le calendrier sera tenu. Autrement, nous serons amenés à se remobiliser dans les prochains mois si le gouvernement ne tient pas ses paroles Â» commente Florent Dornier. Le salon de l’agriculture pourrait être un lieu symbolique. Le gouvernement se sait sous surveillance. « Il y a une loyauté et un bon sens dans le monde agricole. Lorsque le bons sens n’est plus appliqué,  nos agriculteurs sont capables de dire ça suffit Â» conclut l’agriculteur du Haut-Doubs.

L'interview de la rédaction / Florent Dornier

Emmanuel Macron a pris la parole ce jeudi après-midi depuis Bruxelles dans le cadre du Conseil européen. Le Chef de l’Etat a fait savoir que les règles, en matière agricoles, doivent profondément changer. Concernant Egalim, il entend intensifier les contrôles des entreprises. « S’il faut modifier Egalim, nous le ferons Â» a-t-il ajouté. Emmanuel Macron souhaité « une Europe plus claire, avec plus de contrôles Â». Il a également déclaré avoir obtenu « une dérogation sur les 4% de jachère Â».

Gabriel Attal et d’autres membres du gouvernement ont pris la parole à la mi-journée, ce jeudi, pour décliner de nouvelles mesures. Le Premier Ministre a annoncé 150 millions d’euros en soutien fiscal et social pour les éleveurs. Ce dernier veut inscrire « l’objectif de souveraineté dans la loi Â». De son côté, Bruno Le Maire a promis « des contrôles massifs Â» des distributeurs et des industriels.

La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs ont appelé à suspendre les blocages. Ils annoncent un changement « de mode d’action Â». Ils attendent des preuves et des précisions de la part du gouvernement. Les syndicats reconnaissent l’écoute du Premier ministre, mais dénoncent « la surdité Â» de l’Europe.

Dans le cadre de la crise agricole, le gouvernement a annoncé qu’un fonds d’urgence de 80 millions d’euros est mis en place immédiatement pour soutenir les viticulteurs, qui connaissent des difficultés de trésorerie. Il fournit également un appui structurel à hauteur de 150 millions d’euros afin d’encourager la restructuration et la diversification agricole et leur permettre d’investir dans d’autres productions agricoles, adaptées aux territoires et à leur climat.

S’ils reconnaissent que les dernières mesures annoncées par Gabriel Attal « vont dans le bon sens Â», les militants agricoles de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs n’entendent pas baisser les bras. D’autant plus que les 120 propositions qu’ils ont formulées et transmises au 1er ministre sont loin d’avoir été atteintes. Ce mardi dans le Jura, les agriculteurs ont procédé au blocage de deux centrales d’achat dans le nord du département.